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Depuis trois semaines, les égouts de Bruxelles polluent la Flandre

Publié le 16 décembre 2009 par François Collette

Les eaux usées de « Bruxelles », un million d’habitants, ne sont plus traitées depuis bientôt trois semaines. 

Résultat des courses : les égouts se déversent à nouveau tels quels dans la Senne, une petite rivière qui, avant d’entrer en métropole, serpente gentiment dans la campagne brabançonne. A l’entrée de la grande ville, elle se fait souterraine (un peu comme la Bièvre à Paris) et se métamorphose aussitôt en un long cloaque, puis elle sort du ventre de Bruxelles, fumante et puante, avant de confluer avec le Rupel une trentaine de kilomètres plus loin. Le Rupel se jette dans l’Escaut qui traverse Anvers avant de se fondre dans la Mer du Nord aux confins des Pays-Bas.

La grande station d’épuration mise en service en mars 2008 au nord de la Capitale, conçue et gérée par Aquiris, une filiale franco-belge de Veolia, est en effet à l’arrêt depuis le 25 novembre suite à l’obstruction d’une partie des installations par… des tonnes de gravats et des résidus de construction (briques, blocs de béton, fils électriques, etc.) qui viennent d’où on ne sait où. Comment tout ce « brol », comme on dit joliment à Bruxelles, a-t-il pu aboutir là-bas ? Officiellement, mystère et boule de gomme. On peut bien sûr s’en douter mais les autorités régionales bruxelloises, responsables de l’entretien des égouts et des collecteurs, restent muettes sur la question. 

C’est l’impasse et le petit jeu du « c’est pas moi c’est l’autre » pendant que la ministre régionale de l’Environnement - Evelyne Huytebroeck (Ecolo) - se balade à Copenhague. Pointée d’un doigt rageur par les responsables politiques flamands (y compris ses coreligionnaires verts de “Groen !”), elle est accusée de lenteur et de laxisme dans ce dossier environnemental. Grave pour une Ecolo. Elle rejette ces accusations. Son ministre-président – Charles Picqué (PS) – n’ose pas s’en mêler compte tenu de l’ambiance peu amène qui règne au sein de sa coalition gouvernementale. Aquiris, accusé levez-vous, affirme qu’elle n’est pas responsable de ce qui lui arrive (au propre comme au figuré) et que la station a été mise à l’arrêt « afin de protéger les installations et ne pas exposer le personnel à des risques inacceptables ». Et pendant ce temps-là, l’eau nauséabonde chargée de détritus coule sous les ponts du Brabant flamand, comme avant 2008.

La pollution est énorme mais, grâce aux dieux et selon les experts, elle ne serait pas encore irréversible. La Flandre, seule à être touchée, en fait un opportun problème communautaire. La ville de Mechelen (Malines) où coule la Senne se promet de citer en justice Aquiris, la Région de Bruxelles-Capitale et la Société Bruxelloise de Gestion de l’Eau (SBGE) dans le cadre d’un “grave et hallucinant scandale de la Senne ». En fait, tout le monde dépose plainte contre presque tout le monde à défaut d’une prise de responsabilité politique. 

Quelle est l’utilité d’un ministre régional de l’environnement s’il n’est pas capable de gérer ce genre de problème environnemental ? Poser la question, c’est y répondre.


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