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Identité nationale et communautarisme

Publié le 17 décembre 2009 par Adamantane

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Notre Président s'est exprimé dans une tribune publiée par Le Monde daté du 9 décembre. Ma première perception du papier qu'il a signé, donc pas obligatoirement écrit, mais dont il assume la résponsabilité est celle du faux titre, une phrase extraite de sa déclaration, phrase qui pour moi reflète l'inanité conceptuelle de la notion d'identité nationale : L'identité nationale est un antidote au communautarisme.
Pour moi, traduit analogiquement, cet assemblage de mots pourrait engendrer : la tribu est un antidote au clan, ou encore le tonneau est un antidote au pichet. Quelle différence en effet, sauf pour ce qui est de l'affectif, entre identité nationale et communautarisme ?
Il est vrai que l'homéopathie soigne le mal par le semblable à faible dose : Similia similibus curantur.


A moins que :
-le mot communautarisme ne signifie pas fermeture autour de facteurs d'identité (d'origine territoriale, de pratique religieuse, de langue véhiculaire, de moeurs sociales, etc.) partagés par des citoyens qui se sentent minoritaires et en danger d'absorption par les suivants,
-et que la notion d'identité nationale ne signifie pas fermeture autour de facteurs d'identité (d'origine territoriale, de pratique religieuse, de langue véhiculaire, de moeurs sociales, etc.) partagés par des citoyens qui se disent majoritaires et en danger d'intoxication par les précédents ?


Autrement dit, si l'approche de la question n'est ni systémique, ni sous-tendue par des valeurs de fraternité,  d'égalité, de liberté, et de laïcité, alors elle relève d'un tour de magie pratiqué par les prophètes hébreux s'en prenant aux sectateurs de Baal, tour qui consiste à jeter du naphte sur les offrandes et à laisser le soleil faire son oeuvre...


Faut-il tenir l'invocation, plus ou moins accentuée, de l'identité nationale pour noble et positive, et la référence, plus ou moins explicite, à tel ou tel communautarisme pour honteuse et négative ?
Alors, comment évaluer la légitimité des diasporas ? Pourquoi les consulats installés sur les territoires nationaux des autres ? Pourquoi des représentants des français dits autrefois d'outre-mer dans les institutions de la République ?


Une question mal posée peut, après décantation et reformulation, pousser à explorer une problématique consistante.
Même si, comme l'a vigoureusement fait entendre Michel Rocard, animé d'une sainte colère, la question est imbécile. C'est à dire à voir avec le bâton. Lhermite n'est pas un imbécile, qui a bâton d'une main et lanterne de l'autre...
La pensée positive suggère d'accueillir ainsi le chantier lancé sur l'identité nationale. Méme si la conclusion risque d'être que ce couple de mots n'a de valeur qu'incantatoire, et encore est-ce peut être une dévaluation imméritée de l'incantation que d'utiliser ici ce qualificatif.


- En matière d'identité psychologique, je me pose régulièrement la question sans réponse : pourquoi suis-je moi ? Mais je n'ai pas de doute sur la réalité de mon existence singulière, unique, et circonstantielle.
- En matière d'identité personnelle, au plan de l'état civil j'ai quelques certitudes au sujet de ma filiation immédiate, de mon nom patronymique et de mon prénom distinctif, voire des divers paramètres [1] qui définissent univoquement mon NIRPP, ou identifiant national (tiens tiens...), tel que défini dès 1940 par René Carmille.
- En matière d'identité sociale, je reconnais que selon les lieux et les heures elle a pour référence majeure ma résidence, ou mon quartier, ou ma famille, ou ma langue maternelle, ou mon diplôme d'ingénieur, ou mes compagnons de recherche spirituelle (l'ordre d'énumération n'a pas de signification particulière...), etc. En Argentine je me sens européen. Face au cosmos je me sens homme. Autrement dit, mon identité sociale est à la fois transverse à de nombreux groupes et multidimensionnelle [2].


Retour aux fondamentaux. Que dit notre constitution ? L'article I stipule :
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée. La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales.
L'article II, lui, désigne les symboles officiels de la République : drapeau, hymne, devise, etc.
Ces symboles ne sont bien entendu pas l'identité nationale. D'ailleurs, un symbole n'est pas. Un symbole évoque, interroge, illustre, mais n'est pas la réalité symbolisée.
La langue de la République est le français. L'emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge. L'hymne national est « La Marseillaise ». La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».  Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Là s'introduit assez subrepticement la notion de nation, déjà discrètement présente dans le préambule. A noter l'alternance des expressions : la République / national / national / la République. Comme si la présentation rhétorique voulait prouver l'équivalence de deux concepts : république et nation.
Quelle conclusion, toute provisoire, en tirer ? L'identité est elle une valeur ? La nation est-elle un monde clos ? Quels liens entre la République (Française) définie dans l'article I et les deux accessoires pour défilés, honorables mais secondaires, et enchassés à l'article II entre le choix d'une langue et l'arboration (acte d'arborer ?) d'une devise lourde d'implications morales et sociales ?


A suivre...


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