(Puisqu'on est dans la journée "lecture", une chronique parue sur Madmoizelle) Quand j’ai appris qu’Alain Teulié sortait un nouveau livre, Ma mère est une actrice, aux éditions Plon jeunesse et qu’il était destiné aux ados ou aux adultes ayant oublié de grandir... j’ai pressenti que j’aimerais. Et oui, par moments, pas toujours, mais par moments, je me sens gamine, et j’aime ça. Parce que j’estime qu’il n’y a rien de pire que de devenir totalement adulte. C’est dramatique, non, d’être totalement adulte ? Mais je m’égare, je sais.
J’ai dès lors plongé tête la première dans ce petit livre. Un conte de fées. Voilà l’expression qui m’est venue à l’esprit lorsque je l’ai refermé, une heure trente plus tard. Un conte de fées moderne. Un conte de fées lu d’une seule traite. Un conte de fées tendre, drôle, captivant et émouvant. Quatre mots qui résument ces 160 pages.
Je n’ai pas envie de raconter l’histoire. Raconter, ça gâche tout. Ça gâche la magie et l’imaginaire. Je me contenterai de recopier la quatrième de couverture « Ils étaient deux cents ou plus, qui pouvaient appeler un magazine à scandale pour leur dire qu’il y avait un scoop intéressant à décrocher dans un lycée de banlieue. Une bonne affaire pour un journaliste, avec photos, enquête sur Lola Riviera et moi, couverture et affiches partout sur les kiosques à journaux… Très vite, ce jour-là, je saisis dans quelle situation je m’étais mis. » Une quatrième de couverture qui laisse présager une drôle d’aventure. Mais qui ne dit rien sur l’émotion intense qui se dégage du livre. Dois-je avoir honte de l’avouer, j’ai terminé la lecture en larmes, secouée par de gros sanglots longs. Un conte de fées. Et je n’ai pas honte, non, d’avoir pleuré.
L’auteur a un talent particulier, que j’avais déjà repéré lors de ma lecture de « A part ça les hommes vont bien » : il parvient, dans une histoire somme toute au départ drôle et sans autre prétention que de distraire le lecteur, à insérer ces moments d’émotion intense et de réflexion subtile, comme ça, l’air de rien, en douce.
Extraits :
« Si vous lancez des graines vers les pigeons, ils s’envolent, mais si vous mettez juste les graines dans votre main et que vous la laissez ouverte et tendue vers eux, ils finissent par venir s’y poser ».
« Peu à peu, j’avais fini par oublier ce qui m’avait conduit à négocier ce virage brusque. Je m’étais habitué. C’est une des belles qualités de l’être humain, de s’adapter. C’est aussi le plus grand danger qui menace notre existence. Les gens ne veulent pas être malheureux. Pour ça, ils sont prêts à oublier leurs vrais projets. Oui, à mon avis, c’est terrible de s’habituer. Demandez-vous à quoi vous avez fini par vous habituer, vous saurez ce qu’il faut changer pour aller mieux ».
Personnellement, j’ai trouvé immédiatement ce à quoi je m’étais habituée, tellement trop habituée. C’est décidé, ça va changer !
Deux bonnes raisons d’aimer Ma mère est une actrice :
- si comme moi tu as gardé ton âme d’enfant
- si tu aimes les jolies histoires non dénuées de réflexion
Une bonne raison de bouder Ma mère est une actrice :
- un sentiment de trop peu à la fin, 160 pages, non, vraiment, c’est trop peu