Vous vous trouvez dans ce qu’on appelle une chambre radiophonique.
Vous êtes entouré de personnes de sexe opposé ou pas (il y en a pour tous les goûts).
La musique de fond s’appelle un « bed ».
Il y a une personne qui fait en sorte que tout se passe bien pendant les transitions, les respirations, les envolées lyriques : Lui c’est l’ingé(nu ?).
Pour vous donner la parole on vous appelle par votre prénom.
Votre nom est donc cité une bonne dizaine de fois pendant, ce qu’on appelle, votre performance (le moment où on parle).
Avant de prendre la parole, vous tenez votre micro, pleine main, en vous concentrant sur ce que vous allez dire. Le moment arrive, c’est à vous de jouer. Vous approchez doucement votre bouche de ce qu’on appelle « la bonnette » (le cache-micro qui est une protection contre les éclats de salive) et vous prenez la voix que vous voulez (suave, douce, autoritaire, rieuse, changeante...) pour vous construire votre personnage.
Vous souriez. Quoi qu’il arrive vous souriez. Vous souriez à votre micro. Vous souriez aux auditeurs que vous imaginez derrière leur poste assis à leur table de petit-déjeuner.
Qu’ils soient derrière leur poste ou en face de vous c’est pareil. Vous êtes sur scène et vous faites votre spectacle devant un public qu’il faut séduire par n’importe quel moyen. Par la voix, le rire, l’ humour, une répartie mais pas vos fesses !
Seul(e) avec votre micro à la main vous séduisez.
Mais c’est quoi un micro ? Un micro est un objet de 5 centimètres de diamètre et long de 10.
Tendu à l’horizontal ou remontant à la verticale vers votre bouche (ça dépend des écoles...), on le tient. On peut le tenir avec les pieds mais il faut être sacrément souple.
Parfois on peut ne pas le tenir, mais c’est moins agréable. Une fois dans votre main, vous vous sentez en totale maîtrise, total contrôle, sinon vous lâchez prise.
Une fois l’émission terminée, vous remballez, vous vous rhabillez. Vous prenez votre casque qui vous permettait de pénétrer l’univers radiophonique, vous enlèvez de votre micro votre protection (c’est chacun la sienne), vous prenez votre manteau et vous déguerpissez.
Ensuite, vous débriefez avec vos partenaires. "C'était bien. Mieux qu'hier. Moins bien, il faut aller plus en profondeur. Il faut toucher les auditeurs..."
Parfois vous êtes excité à l’idée de revenir le lendemain, parfois vous avez la flegme.
Ca dépend de votre humeur.
Pour vous faire embaucher, vous signez d’abord une espèce de contrat oral, puis un contrat écrit.
Si vous ne trahissez pas le contrat et que vous savez toujours séduire, votre contrat s’étend et vous vous trouvez à en signer plein d’autres, parfois pour le même patron, parfois pour un autre ;
Vous faites une connerie, on vous jette. Sans trop d’explication, sans raison valable.
Jamais vous ne savez pourquoi on ne veut plus de vous.
Vous vous retrouvez sur le marché et la concurrence est rude. Il y a du monde au balcon.
Et un jour, vous laissez tomber, vous avez attrapé la maladie du micro. Pas de vaccin. C’est la fin.
C’est con, le micro c’était bon.