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Paul VI, Gaudete in Domino - La joie et l'espérance au coeur des jeunes

Publié le 19 décembre 2009 par Walterman
Sans rien ôter de la ferveur de notre message à l'ensemble du Peuple de Dieu, Nous voulons prendre le temps de nous adresser plus longuement au monde des jeunes, et avec une particulière espérance.

Si, en effet, l'Eglise, régénérée par l'Esprit Saint, constitue en un certain sens la véritable jeunesse du monde, pour autant qu'elle demeure fidèle à son être et à sa mission, comment ne se reconnaîtrait-elle pas spontanément, de préférence, dans la figure de qui se sent porteur de vie et d'espoir, et chargé d'assurer les lendemains de l'histoire présente? Et réciproquement, comment ceux qui, en chaque période de cette histoire, perçoivent en eux-mêmes plus intensément l'élan de la vie, l'attente de ce qui vient, l'exigence des vraies rénovations, ne seraient-ils pas secrètement en harmonie avec une Eglise animée par l'Esprit du Christ? Comment n'attendraient-ils pas d'elle la communication de son secret de permanente jeunesse, et donc la joie de leur propre jeunesse?

Nous pensons qu'en droit et en fait une telle correspondance existe, non pas toujours visiblement, mais certainement en profondeur, malgré maintes contrariétés contingentes. C'est pourquoi, en cette Exhortation sur la joie chrétienne, la raison et le cœur Nous invitent à Nous tourner très résolument vers les jeunes de ce temps. Nous le faisons au nom du Christ et de son Eglise que Lui-même veut, malgré les humaines défaillances, « resplendissante, sans tache ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée ».(62)

Ce faisant, Nous ne cédons pas à un culte sentimental. Considérée du seul point de vue de l'âge, la jeunesse est chose éphémère. La célébration qui en est faite devient vite nostalgique ou dérisoire. Mais il n'en va pas de même en ce qui concerne le sens spirituel de ce moment de grâce qu'est la jeunesse authentiquement vécue. Ce qui retient notre attention, c'est essentiellement la correspondance, transitoire et menacée, certes, mais pourtant significative et riche de généreuses promesses, entre l'essor d'un être qui s'ouvre naturellement aux appels et exigences de sa haute destinée d'homme, et le dynamisme de l'Esprit Saint, de qui l'Eglise reçoit inépuisablement sa propre jeunesse, sa fidélité substantielle à elle-même et, au sein de cette fidélité, sa vivante créativité. De la rencontre entre l'être humain qui a, pour quelques années décisives, la disponibilité de la jeunesse, et l'Eglise en sa jeunesse spirituelle permanente, surgit nécessairement, de part et d'autre, une joie de haute qualité et une promesse de fécondité.

L'Eglise, comme Peuple de Dieu pérégrinant vers le Royaume à venir, doit pouvoir se perpétuer, et donc se renouveler à travers les générations humaines: c'est pour elle une condition de fécondité, et même simplement de vie. Il importe donc qu'en chaque moment de son histoire, la génération qui se lève exauce, en quelque sorte, l'espérance des générations précédentes, l'espérance même de l'Eglise, qui est de transmettre sans fin le don de Dieu, Vérité et Vie. C'est pourquoi, en chaque génération, des jeunes chrétiens ont à ratifier, en pleine conscience et inconditionnellement, l'alliance contractée par eux dans le sacrement du baptême, et renforcée dans le sacrement de confirmation.

A cet égard, notre époque de profonde mutation ne va pas sans graves difficultés pour l'Eglise. Nous en avons une très vive conscience, Nous qui portons, avec tout le Collège épiscopal, « le souci de toutes les Eglises »(63)  et la préoccupation de leur proche avenir. Mais Nous considérons en même temps, dans la foi et dans l'espérance qui ne déçoit pas,(64) que la grâce ne manquera pas au Peuple chrétien. Et Nous souhaitons que ce dernier ne manque pas à la grâce, et ne renie pas, comme certains sont aujourd'hui tentés de le faire, l'héritage de vérité et de sainteté parvenu jusqu'à ce moment décisif de son histoire séculaire. Et — c'est bien de cela qu'il s'agit — Nous pensons avoir toutes raisons de faire confiance à la jeunesse chrétienne: elle-même ne manquera pas à l'Eglise si, dans l'Eglise, il se trouve assez d'aînés capables de la comprendre, de l'aimer, de la guider et de lui ouvrir un avenir, en lui transmettant en toute fidélité la Vérité qui demeure. Alors des ouvriers nouveaux, résolus et fervents entreront à leur tour, pour le travail spirituel et apostolique, dans les champs qui blanchissent pour la moisson. Alors semeur et moissonneur partageront la même joie du Royaume.(65)

Il Nous semble en effet que la crise présente du monde, caractérisée par un grand désarroi de beaucoup de jeunes, dénonce, pour une part, un aspect sénile, définitivement anachronique, d'une civilisation mercantile, hédoniste, matérialiste, qui tente encore de se donner pour porteuse d'avenir. Contre cette illusion, la réaction instinctive de nombreux jeunes revêt, dans ses excès mêmes, une portée certaine. Cette génération est en attente d'autre chose. Privée soudain de traditions tutélaires, puis amèrement déçue par la vanité et le vide spirituel des fausses nouveautés, des idéologies athées, de certains mysticismes délétères, n'en viendra-t-elle pas à découvrir ou à retrouver la nouveauté sûre et inaltérable du mystère divin révélé en Jésus-Christ? Celui-ci n'a-t-il pas — selon la belle formule de saint Irénée — « apporté toute nouveauté en apportant sa propre personne ».(66)

Et c'est pourquoi il Nous plaît de vous dédier plus expressément, à vous, jeunes chrétiens de ce temps, promesse de l'Eglise de demain, cette célébration de la joie spirituelle. Nous vous convions cordialement à vous rendre attentifs aux appels intérieurs qui vous visitent. Nous vous pressons de lever vos yeux, votre cœur, vos énergies neuves, vers les sommets, d'accepter l'effort des ascensions de l'âme. Et Nous voulons vous donner cette assurance: autant peut être débilitant le préjugé, aujourd'hui partout répandu, de l'impuissance où serait l'esprit humain de rencontrer la Vérité permanente et vivifiante, autant est profonde et libératrice la joie de la Vérité divine reconnue enfin dans l'Eglise: gaudium de Veritate.(67) Cette joie-là vous est proposée. Elle se donne à qui l'aime assez pour la chercher obstinément. En vous disposant à l'accueillir et à la communiquer, vous assurerez ensemble votre propre accomplissement selon le Christ, et la prochaine étape historique du Peuple de Dieu.



58 Jr 33, 8-9.

59 Mc 1, 15.

60 Mc 11, 28-29.

61 Lc 15, 7.

62 Ep 5, 27.

63 2 Co 11, 28.

64 Cf. Rm 5, 5.

65 Cf. Jn 4, 35-36.

66 S. Irénée, Adversus haereses, IV, 34, 1; éd. « Sources chrétiennes », n. 100, pp. 846-847.

67 S. Augustin, Confessions, livre X, ch. 23.

Exhortation apostolique Gaudete in Domino


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