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Alin Connue (Lettre à) 6/6

Publié le 19 décembre 2009 par Alexcessif
"-Je peux?"Alin Connue (Lettre à) 6/6Elle lève les yeux.Il s'assied.Un guéridon de marbre isolé sur une terrasse glacée réservée aux parias de la clope. Un carnet ouvert sur une page blanche vide de mots. Face à Elle une chaise bistrot vide de fesses. La plume d'or attend la fin du silence d'argent, Décembre est là balbutiant et le taulier peu empressé de servir la commande de la solitaire indifférente au froid.Alin Connue. car c'est Elle, le regarde comme une déjection de clebs."Avec les gonzesses, faut pas laisser sécher"pense Tom sans attendre de réponse."Une faille, je m'immisce, j'insère. Une fissure, je colmate. Une fêlure, je recolle. Une fente, j'envahis. Un manque, je comble. Un orifice, je bouche. Une blessure, je soigne. Je glisse dans cette buche entre ouverte un coin poussé par ma cognée insidieuse au début, motivée sur la fin jusqu'à l'ouvrir en deux.Mais pour l'heure, La page blanche, c'est mon truc, mon territoire du dire".Il franchit la frontière de la bulle d' Alin C. saisissant le bloc-note et s'emparant du "Mont-Blanc" à la plume dorée dans la main surprise.C. regarde amusée cette proie inespérée avec sa bonne tête de gagnant et de prédateur de bonniches.Une histoire se termine et déjà recommence.Un jour viendra où le sang cessera de couler tous les mois entre ses cuisses. Plus personne ne dira les mensonges qu'elle a envie de croire, personne ne se retournera sur sa silhouette. La soumission au temps remise à plus tard elle se rebelle encore à jouer le jeu d'écouter les fadaises et les dissonances des préliminaires en fa-dièse qui font saigner ses oreilles et rire son coeur."- Un jour paiera la dette de toutes nuits" songe -t-Elle.Tom se met à noircir les feuilles d'une écriture souple et nerveuse sans rature, sans retouche comme un peintre dépoussière un toile déjà peinte. Les phrases étaient là qu'elle ne trouvaient pas sous la surface du monde de l'en dessous.Une main sans alliance attend immobile bien à plat, doigts légèrement écartés, longs et secs, ongles courts, frémissante d'une légère fièvre et caressant imperceptiblement le marbre tandis que la dextre griffe le velin."il va me niquer ma plume" pense A.C. "un Mont Blanc, c'est perso"Une page comblée se retourne docile, puis une autre , encore une autre, enfin Tom enclenche le capuchon sur la bague précieuse du stylo couteux qui répond sèchement d'un "clic" très snob et dirige le carnet sous les yeux de C.Elle le regarde comme tout à l'heure.Tom se souvient des parties de poker quand la main d'en face retourne la dernière carte dans un pinceau de lumière et de fumée."Si c'est sa quatrième reine, je suis mort avec mon brelan de roi"Diversion: Le loufiat apporte enfin le café noir qu'il dépose devant Elle.Elle s'empare du carnet.Alin Connue (Lettre à) 6/6Elle lit.Elle fond .C'est son histoire avec d'autres mots, sa rupture, les dommages, la vision du camp d'en face des hommes voleurs de temps. Un autre paradigme. Elle revoit Alin Connue (Lettre à) 6/6cette ville rose du sud de la France, les placards remplis à chaque visite et les "ferme -là" de remerciements. Le canal s'écoule pas très loin de la gare. Une dernière péniche pour un ultime train. Elle, entre deux écluses sans excuse où navigue le dernier marinier sortis du sas grâce à Elle. L'exhibition risquée, le bal des dupes. Le cavalier lui a marché sur les pieds une fois de trop. Meurtrie de déception.De dépit.D'échecs.Et bientôt le cimetière des éléphants.Le goût perdu du sang revient dans sa bouche."Comment a-t-il pu....?"murmure-t-Elle délicieuse et sombre."Gagné!" se dit Tom, puis à voix haute comme la "réponse de l'ombre":- "Les histoires d'amour finissent mal en général" fredonne-t-il en guise d'explication.Elle aime sa voix, ses mains, son écriture. Elle aime trop, trop tôt, trop de choses en lui.Il est temps de se nourrir du danger d'aimer.Alin Connue (Lettre à) 6/6source iciLui, assourdit par la victoire n'entend pas la mystérieuse alerte de l'angoisse."Bar-Hotel-Restaurant"dit le lambrequin sous la marquise. Il voit le "H". Elle voit le "R"Elle se lève.Il suit dans l'escalier, d'une ambulation* docile tiré par une laisse imaginaire, anesthésié du coté de l'intelligence .Le pendentif entre ses jambes retrouve un peu d'autorité et lui indique le nord magnétique de son cul dans l'escalier. Rassurant mais un peu gènant dans les tournants comme le "Neiman" verrouillé gène le volant d'une voiture. Il pense à Sarkozy pour "pas gâcher".La porte refermée commence la confidence, la suave décadence où dance dans les bouches le ballet de l'organe de la parole au son de "la musique langue des émotions" (Kant. Manu)Tendre glissade sur le "Lac des cygnes" et Valse de Strauss, le pas hésitant, il descend à la cave et remonte à l'extase partager la liqueur récoltée. Elle joue Mozart: un trop court extrait de "La flute enchantée"un peu par goût et de sa manière d'être polie.Connexion lente et déjà la cavalcade accélère sur le tempo de la "Chevauchée des Walkyries". Le ciel de lit bascule, le sol Dunlopilo frémit sous le galop de la fantasia, le fracas de la salve et la mélopée des youyous. Il n'eut pas le temps d'entonner la Marseillaise au destockage de l'A.D.N.Mourir c'est nourrir: Elle plonge deux canines dans sa veine jugulaire et absorbe avec délectation la vie abandonnant ce corps agités de soubresauts sacrificiels, consentant à la mort sûre, heureux de se répandre par sa morsure.L'enveloppe provisoire, exsangue de Tom ressemble maintenant à la peau d'un reptile abandonnée après la mue avec deux trous rouge dans le cou et un étrange sourire aux lèvres chaulées, apaisé d'avoir été utile .Son existence est d'Elle, la substance.21 grammes d'âme s'en vont en quête d'autres charnelles.* démarche, allure, action de marcher. On utilise "Déambulation" mais jamais "Ambulation". On a tord : La richesse de notre langue donne une connotation de flânerie au premier et la nuance d'une action plus affirmée pour le second.

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