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Le e-journalisme

Publié le 20 décembre 2009 par Sarah.bh
Le web journaliste est un nouveau métier, plus ou moins déconsidéré en Tunisie par les journalistes de la presse écrite, les mêmes qui nous ont poussés à boycotter la presse tunisienne. Ceux là, refusent aujourd'hui de prendre en considération l'évolution technologique des médias, et essaient par tous les moyens de dévaloriser le métier du web journaliste, parce qu'ils ne veulent pas ou ne peuvent pas s'y adapter.
Pour l’anecdote, il y a quelques jours, lors d'une conférence de presse, un journaliste de la presse écrite, n'a pas hésité à massacrer la nouvelle presse électronique, insistant à ne pas la comparer à la « digne » profession de journaliste qu'il exerce depuis des dizaines d'années dans l'un des journaux mauves. J'avais envie de lui dire que c’est à cause de gens comme lui que j'ai mis une croix sur la presse tunisienne, que c'est à cause des gens comme lui que j'ai grandi avec une idée en tête : « il n'y a pas de journalisme en Tunisie », j'avais envie de lui dire qu'avec des gens comme lui, on resterait au moyen-âge. J'avais envie de lui dire, lui qui est si fier d'être journaliste dans un glorieux quotidien comme Al chourouk, al sarih ou au mieux La Presse, et qui de ce fait refuse d’être comparé à un jeune web journaliste, qu’Edwy Plenel, ex-directeur du journal Le Monde a lancé le site d'information en ligne MediaPart, que Pierre Haski a laissé tomber Libération pour fonder rue 89. J'avais envie de lui balancer dans la figure la phrase que Benoît Raphael, rédacteur en chef du site Le Post : "l’ADN de l’info a changé, il faut changer l’ADN des journalistes". J'avais envie de lui dire que si la presse écrite agonise de l'autre côté de la rive, elle est déjà morte et enterrée chez nous depuis déjà quelques années, et qu’on devrait au moins essayer de ressusciter le journalisme sous une autre forme grâce à la nouvelle génération et aux nouvelles technologies qu’offre Internet. Bref, j'avais envie de lui dire plein de choses, mais en vrai journaliste tunisien qui se respecte, il avait l'air si obtus, que j’ai décidé de m'épargner tant d’efforts...
Revenons au e-journalisme. En effet, avec le développement des nouvelles technologies, il est impossible d'ignorer le métier de web journaliste. La croissance du web a engendré une crise éditoriale de la presse écrite de par le monde. Un nouveau modèle d'information est donc inévitable. Les plus grands journaux (Le Monde, Nouvel Obs, New York Times, Washington Post, The Gaurdian, The Times, etc.) l'ont bien compris et n’ont pas hésité à se lancer sur le web, avec une équipe de rédaction web,complètement indépendante. Les nouveaux web journalistes débarquent. Nouveau métier, nouvelles règles ! En voici quelques unes :
Les concurrents, ce n’est pas uniquement les autres journaux, mais c'est aussi les agrégateurs de flux RSS et les blogueurs, qui accèdent et diffusent l’information presqu’au même titre qu’un journaliste professionnel. Mais contrairement à un blogueur, le web journaliste doit vérifier l’information et vérifier sa source avant de la mettre en ligne, ce qui peut lui faire perdre du temps mais aussi sa fonction de diffuseur d’information. Exemple : les manifestations iraniennes, couvertes en temps réel sur twitter par de simples citoyens !
Le web journaliste doit également être super rapide (l’info en temps réel), créer le buzz, et s’adapter aux communautés. Confronté à un nouveau contexte technologique, il fait face à un métier composite : texte, vidéo et son, ce qu’on peut traduire par le rich média. Il ne s’agit pas uniquement de chercher l’information et la diffuser, car tout le monde peut désormais le faire, mais de la rendre intelligible. Il faut savoir faire circuler l’information Ce qui nous entraîne vers une autre règles aussi importante : l’écriture web. En fait, le web journaliste doit s’adapter à cette nouvelle écriture, qui doit être courte (les gens ne lisent pas beaucoup sur l’écran) accrocheuse, dynamique, et il doit surtout intégrer les bons mots clés pour être bien référencé ! Il s’agit là d’une nouvelle contrainte journalistique propre au web. A ne pas oublier les liens, le journalisme à l’ère du web 2.0 ne peut pas se permettre de se passer des liens hypertextes , afin de contextualiser et enrichir les articles. Enfin, une autre nouvelle donne dans le e-journalisme, l’interaction des lecteurs. Le web journaliste fait face aux commentaires des lecteurs. En fait, il n’est plus là pour diffuser l’information, mais pour la partager et la faire débattre.
Conclusion : la fracture est grande entre le journalisme et le e-journalisme, et franchement, ce n’est pas plus mal !

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