Jean Coulon, appareilleur, m'a fait passer les photographies suivantes de la tombe de Joseph-Félicien Tardieu, décédé en 1899 à Puygiron (Drôme).
Vers 1920, la maison Tardieu exportait partout en France des éviers, des piliers, des cheminées et d'autres articles en pierre de toutes provenances via le PLM.
Suite:
Employant quatre pierres différentes, pour les couleurs, cet étonnant tombeau nous montre une croix fichée de biais dans un obélisque. Il est probable que cette disposition est en rapport avec l'étoile filante qui est figurée au sommet de l'obélisque, traçant sa voie dans le ciel approximativement dans la même direction que la croix.
L'exceptionnelle finesse de la taille rend difficile la perception, sur la photo, de tous les détails. Un grand rameau de laurier occupe la position centrale de la face avant de l'obélisque. Il est accompagné d'une référence au Psaume 122, qui fait allusion à Jérusalem (voir le texte intégral à la fin de cet article). Le pied de ce rameau de laurier est orné d'une faveur venant s'entrelacer à un compas, une équerre et une massette, eux-mêmes entrecroisés deux par deux.
A droite de ces emblèmes, un charmant médaillon posé sur des fleurs et un autre rameau de laurier porte le monogramme ET. Il s'agit assez probablement des initiales de l'épouse de Joseph-Félicien Tardieu.
La présence du compas et de l'équerre peut laisser supposer que J.-F. Tardieu était Compagnon tailleur de pierre. Toutefois, l'emblématique est assez inhabituelle. Pourrait-il plutôt s'agir d'une discrète allusion à la franc-maçonnerie ? Ce n'est pas impossible, d'autant que nous sommes ici dans une région où la présence protestante est très forte (la référence à un Psaume semble indiquer que J.-F. Tardieu était plutôt protestant que catholique). Mais il peut aussi s'agir d'un emblème faisant tout simplement allusion à son métier. Peut-être un visiteur du blog pourra-t-il nous apporter des précisions complémentaires ?
Voici le texte intégral du Psaume 122, dans la traduction de Louis Segond :
1 Je suis dans la joie quand on me dit:
Allons à la maison du Seigneur !
2 Nos pieds s'arrêtent
Dans tes portes, Jérusalem !
3 Jérusalem, tu es bâtie
Comme une ville dont les parties sont liées ensemble.
4 C'est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur,
Selon la loi d'Israël, Pour louer le nom du Seigneur.
5 Car là sont les trônes pour la justice,
Les trônes de la maison de David.
6 Demandez la paix de Jérusalem.
Que ceux qui t'aiment jouissent du repos !
7 Que la paix soit dans tes murs,
Et la tranquillité dans tes palais !
8 A cause de mes frères et de mes amis,
Je désire la paix dans ton sein ;
9 A cause de la maison du Seigneur, notre Dieu,
Je fais des vœux pour ton bonheur.
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)