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La rage du trop gentil

Publié le 20 décembre 2009 par Raymondviger

Je ne parlerais pas d’un tel sujet d’une façon théorique. Mais plutôt de ce que j’ai pu vivre en étant le gentil nounours de tout le monde et des conséquences que j’ai eu à subir.

Gentillesse et dépendance affective

J’ai été un dépendant affectif. Toujours jouer le rôle du gentil est peut-être une des conséquences de ma dépendance affective. Peur de déplaire, peur de perdre, peur de ne pas être aimé… Aujourd’hui, j’aime les gens, mais pas au point de me perdre. Je veux faire un bout de chemin avec eux, mais pas au point de perdre mon propre chemin…

J’ai longtemps donné plus d’importance aux autres qu’à moi-même. De 16 à 21 ans, je me suis occupé de ma mère, divorcée et orpheline, qui avait le cancer. Je ne me suis pas donné le droit de prendre ma place devant ma mère, de lui parler de mes limites, de mes besoins. Finalement, j’étais le fidèle serviteur qui refoulait toutes ses émotions.

Après la mort de ma mère, il y avait mon père qui était très souffrant. Lui aussi était habité par la dépendance affective. Incapable de survivre au départ de sa femme, sa souffrance était plus importante que la mienne. Parce qu’être un éternel gentil c’est de toujours penser que la souffrance ou le bonheur des autres sont plus importants que les miens.

Pendant les réunions, c’est le gentil qui s’occupe de la musique, des boissons, faire la vaisselle, de ramasser les dégâts des autres…

Pendant que les autres s’amusaient, que les autres bénéficiaient des services du gentil, une rage, une frustration, une injustice grandissait en moi. Les autres étant toujours plus important que moi. Quand ils me quittaient, d’une façon ou d’une autre, je sentais un vide qui grandissait en moi.

Et mes relations amoureuses! J’en ai écrit plusieurs livres. Je n’ai jamais quitté une relation amoureuse. Ce sont les autres qui m’ont quitté. Je ne voulais pas leur déplaire et ne pouvait, n’y partir, n’y exprimer mes besoins.

Conséquences d’être trop gentil

Un vide qui ne cesse de se remplir de cette rage. Un gentil ne peut pas se choquer. Il ne peut pas déplaire. Entre mes besoins et mes émotions, j’avais créé un mur pour m’empêcher de penser à moi et de vivre mes émotions que je pensais être négatives. Jusqu’au jour où tout a explosé comme un volcan. Ce qui m’a plongé dans une profonde dépression, suivi de deux tentatives de suicide. Toute cette rage qui m’habitait, je l’ai retourné contre moi.

Après avoir fait plusieurs thérapies, j’ai réussi à trouver un équilibre entre être gentil pour les autres et être gentil pour moi-même. Si je ne mets pas des limites, si je ne prends pas soin de mes besoins, je ne pourrais plus m’occuper des besoins des autres. Comme dit le dicton que je suis amusé à déformer: Gentillesse bien ordonnée commence par soi-même!

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