Magazine Environnement
Bien que le sommet de Copenhague ait donné un temps de parole aux jeunes – eux dont on sait que la vie sera menacée en priorité par les changements climatiques - cela n’a servi à rien. Les grands ne se sont pas entendus. Et les grands n’ont pas entendu les demandes des enfants !
Je n’étais pas à Copenhague. Je n’y ai pas non plus forgé mes espoirs. Ma seule attente était plutôt d’ordre… maternel: « si les enfants sont l’avenir de demain, quelles décisions les chefs d’états allaient-ils prendre concrètement pour leur offrir un monde plus viable … dès aujourd’hui ? » Parce que les enfants sont les premières victimes du changement climatique, et en particulier dans les pays en développement.
Saviez-vous que durant cette conférence, l’Unicef et la ville Copenhague avait organisé le « Forum des enfants sur les changements climatiques » pour permettre aux enfants de faire entendre leur voix dans le cadre du processus décisionnel du sommet ?
160 jeunes âgés de 14 à 17 ans provenant d’une quarantaine de pays se sont réunis une semaine avant COP15 pour rédiger ensemble une « Déclaration commune » exposant les grandes lignes des préoccupations et des recommandations principales pour le climat, remise au président du sommet. Et durant le sommet, à proprement dit, 8 délégués choisis ont eu l’occasion de s’exprimer directement devant les chefs d’états.
J’ai été vraiment touchée et impressionnée par la sensibilité, la détermination, la foi en l’avenir et la force qu’ils ont déployées à travers la déclaration ou les discours prononcés lors du sommet. « Le changement climatique menace nos vies, nos familles et nos avenirs. Nous, les jeunes délégués de 44 pays participants du Forum Copenhague 2009 des enfants sur les changements climatiques, ne voulons pas être justes spectateurs. Nous sommes déjà confrontés aux effets du changement climatique. Nos communautés sont sans eau potable, se voient refuser l'accès à l'enseignement et sont vulnérables à la maladie chaque fois qu'il y a des inondations. Nos assiettes sont vides en raison de la sécheresse. (…) Notre avenir est en danger et nous demandons que l'on fasse quelque chose. Le temps des discussions est terminé. Désormais, nous vous tenons pour responsables de vos engagements.»… c’est ainsi que commençait le premier paragraphe de leur déclaration aux grands.
Ils ont ajouté qu’ils étaient prêts à s’engager, à adopter des transformations personnelles dans leur propre vie, à coopérer avec les dirigeants, à agir pour de vrai. Ils ont fait des propositions dignes, et ils ont conclu : « Nous sommes prêts à donner tout ce que nous avons tant qu’il y a la possibilité de sauver notre planète. Nous attendons le même courage de vous ».
Bien sûr les représentants des gouvernements ont confirmé que les jeunes, en se faisant entendre ainsi, permettaient d'avancer dans la lutte contre le changement climatique etc etc….
Mais vous connaissez la suite. Malgré ces cris (du cœur) d’enfants, le sommet est resté sourd à leurs requêtes, et pas qu’à eux. Copenhague s’est terminé ce week-end avec pour résultat : l’échec. Les dirigeants de la planète étaient réunis à Copenhague pour tenter de conclure un accord sur les mesures permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais les grands n’ont pas su s’entendre. L’accord espéré est devenu « un accord politique et non contraignant pour limiter le réchauffement climatique à maximum 2°C » !
Je me demande aujourd’hui ce qu’en pensent les 160 jeunes qui se sont investis de près dans ce sommet. Déçus du résultat ? sûrement. Déçus de l’exemple apporté par les grands ? aussi.
En tout cas, j’aime à croire et j’espère –en relisant leurs propos durant le sommet- qu’ils ont déjà rebondi vers des actions concrètes à partager dans leur vie quotidienne.
Je tenais à vous laisser juste quelques paroles plutôt dynamisantes, énoncées par quelques jeunes lors de ce sommet. En tout cas, moi c’est ce que je retiendrai de COP15 !
Bripra Biswambhara Nil, 16 ans, originaire de l'Inde: « Nous avons finalisé cette déclaration et avons également achevé un Plan d'action des jeunes que nous emporterons chez nous et que nous commencerons à mettre en place»
« Je crois que nous, les enfants, nous pouvons faire bien des choses pour nos communautés respectives » a expliqué Kondwani, 17 ans de Zambie. « Parfois, dans la vie, la dépendance n'est pas la bonne réponse et nous pouvons tous avoir un rôle. Il faut se déplacer et diffuser l'information sur l'environnement. Cela peut consister simplement à fermer la lumière ou à parler à un ami du changement climatique mais c'est une étape, une étape vers un bel avenir, durable et renouvelé ! Je vous invite donc à commencer dès maintenant, sans attendre les dirigeants car cela commence avec nous !»
Axam, 15 ans, Ambassadeur pour le climat des Maldives :
« Après cette semaine passée ensemble, j'ai appris que nous ne sommes pas seuls. (…) Des pays et des endroits éloignés les uns des autres et aussi différents que les Maldives, l'Inde et le Royaume-Uni se sont réunis pour partager les mêmes préoccupations et les mêmes intentions de changer les choses. »
« Puisque l'avenir appartient à nos enfants, vous devez d'abord y penser : Quel âge vos enfants auront-ils en 2050 ? Ou bien auront-ils la chance de réchapper à l'agonie de la terre ? Nous avons tardé, mais il n'est pas trop tard » a-t-il continué. « Croyez-moi, le meilleur moment pour agir c'est maintenant. »
En savoir plus:
- Lire la "Déclaration commune des enfants"
- Le site du Forum des enfants pour le climat
- Le site de l'Unicef dédié à Copenhague 2009