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Discussions et tabous

Publié le 22 décembre 2009 par Jlhuss

engueulade.1261410391.jpgIl y a d’une part le débat et d’autre part la manière de le mener. Lorsque le débat est sensible, la manière de le mener devient cruciale, le choix du moins mauvais moment en faisant partie ainsi que la séparation des difficultés et la décomposition en étapes progressives, etc. Si le débat est mal mené, voire que les citoyens ont l’impression de se faire avoir, les conséquences peuvent être déplorables.
Personnellement j’ai horreur des tabous. Lorsque l’on nie quelque chose, cela finit toujours par pourrir et vous exploser à la figure. Comme le rappelle Arion , il en a été ainsi de l’insécurité à une époque (le peuple a horreur d’être pris pour un “con”, ou pire de se sentir “abandonné”, par exemple lorsqu’il assiste à des scènes répétées d’agressions et que les pouvoirs en place nient leur existence).

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Pour résumer : si on ne met pas la baffe au bon moment (le problème des cités aurait dû être traité il y a longtemps déjà, tant au niveau mixité sociale qu’au niveau “loi” affirmée et appliquée), on est obligé de sortir les “flingues” plus tard (et ça ne se termine pas bien en général). Ceux qui hurlent au fascisme au moment où il n’y a pas lieu participent à l’instauration ultérieure des véritables régimes fascistes.

Quant au cœur du débat maintenant : l’identité. Il y a une réelle difficulté avec le dénominateur commun. Par définition, il s’agit de ce qui est commun à tous. Le problème est que si on considère tous les individus, ce commun peut très vite se réduire à néant. Puisqu’on est en république (res publicae, c’est à dire la chose publique). Il est néanmoins possible de considérer les dénominateurs largement majoritaires. Ils peuvent d’ailleurs inclure des valeurs humanistes incitant à une maximisation du “bien” commun par prise en compte y compris de dénominateurs “minoritaires”, mais “tolérables” majoritairement). Là où ça se complique c’est lorsque les poids des dénominateurs fortement minoritaires croissent fortement, déplaçant les barycentres majoritaires par leur pondération. Il n’y a alors pas d’autres solutions que de les prendre en compte. Un tabou peut alors être de nier ce genre d’évolution (qu’elle aille dans le sens que l’on souhaite ou non). Il faut donc étudier l’état des dénominateurs actuels plutôt que de les supposer par conservation ou extrapolation du passé ou préférences personnelles. Tout en faisant évidemment attention à toute dérive nuisible au “vivre ensemble”, les “élites” ayant leur responsabilité dans ce genre de dérives (même si le problème peut se révéler complexe).

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D’une manière générale, je préfère dialoguer et contribuer au mieux se comprendre (même si, comme dans un couple, ça doit secouer “grave”) plutôt que de me réfugier dans une paix minimale où les gens ne sont capables de se tolérer que s’ils sont identiques ou que s’ils discutent de sujets neutres voire insignifiants avec une existence se réduisant au vide de la production/consommation.

La vraie question est  : qu’est ce qui est tolérable en matière identitaire (primauté de l’individuel sur le collectif) et comment faire en sorte que les identités s’approfondissent et s’épanouissent sans compromettre l’équilibre collectif ? Il faut se réjouir de ne pas être des clones et assumer les choix qui  font exister ces identités plutôt que de se résoudre à la médiocrité “vide et absurde”. Mais le cadre du “vivre ensemble” doit lui aussi être approfondi et préservé.

Il y a un gros tabou en France : les spiritualités et les religions (on pourrait rajouter les philosophies au passage). Il faut cesser de s’illusionner comme au XIXème avec Paul Bert (”Science et Patrie”), la science n’est pas ce qu’on en pensait alors et l’être humain ne se réduit pas à sa composante “raison” (sinon il serait aussi “con, vide et inintéressant” que peut l’être un ordinateur). Le sujet ne peut pas être évité indéfiniment.
Deux remarques :

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- Imposer aux religions la discrétion. Oui, à condition d’imposer la laïcité (qui est censée défendre aussi bien l’athéisme que tous les cultes) à toutes les organisations qui sont en guerre ouverte contre les spiritualités et les religions : brights, union rationaliste, certains courants de la libre pensée (normalement un libre penseur devrait justement être libre de penser ce qu’il veut), etc. Je signale qu’on trouve sur les sites de ces organisations des appels non-dissimulés au prosélytisme antispirituel et antireligieux voire des attitudes plus qu’agressives (je ne parle même pas de certains profs qui véhiculent la haine vis-à-vis des religions). Saluons les obédiences à primauté rationnelle qui ont majoritairement refusé (on ne parle toujours que des autres) de suivre des organismes tels que l’union rationaliste et de signer certains documents antireligieux.
- Que les modérés (en majorité tolérants et adogmatiques) condamnent les intégristes. C’est en général ce qu’ils font, mais encore faudrait-il que les médias ne parlent de religion que lorsque des intégristes disent ou font des choses abominables. La parole doit être donnée aux autres également. Pour un scoop sur des intégristes, pourquoi ne pas diffuser dix reportages sur des modérés (et pas qu’une fois que les sujets ont « explosé » ni uniquement sur des aspects négatifs) ? Il faudrait arrêter de tendre vers la facilité et la satisfaction primaire du téléspectateur ou du lecteur. La surenchère médiatique de l’excès, n’est-elle pas faite au contraire (consciemment ou non) pour réduire la connaissance de l’autre et mettre tout le monde dans le même sac ? Une telle attitude trop sélective aboutit à renforcer l’incompréhension et l’intolérance, voire favoriser l’ignorance et la haine réciproque !

En espérant que mes propos donneront lieu à d’autres réactions que la “peur du retour des vieux démons“,

Cordialement.

Judem

[Il intervenait sur la note : ” Quand le débat fait débat “]

La z’ique du jour de Makhno :


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