Grève dans le RER A, trains bloqués par la neige, sommet de Copenhague décevant, chômage… heureusement la période de Noël nous apporte un peu de joie et de réconfort. Le Comptoir des Politiciens est soucieux de votre bien être et de votre bonne humeur. Il vous offre donc en exclusivité ce joli conte de Noël.
Alain vit en banlieue. Il est marié à Jeanne, ils ont deux enfants de 8 et 10 ans. Une famille un peu terne, dans un quartier qui semble s’ennuyer. D’ailleurs, cette année, il n’y aura pas de neige pour Noël. Dommage, cela aurait réchauffé le coeur des enfants du quartier : glissades dans la rue, batailles de boules de neige, bonhommes de neige.
Refusant de céder à la déprime, Alain a réfléchi, et a décidé de faire quelque chose de bien pour Noël. L’idée lumineuse lui est venue pendant le déjeuner, devant le 13h de Pernod. Le soir, en rentrant du boulot, il est allé acheter une hotte de Père Noël. Alain a passé plusieurs de ses soirées dans les rues du quartier, la hotte sur le dos. Il a ramassé et mis dans sa hotte toutes les crottes de chien qui trainaient sur le trottoir ou dans le ruisseau, puis les a entassées dans le jardin. Il a recouvert le tout d’une bâche, afin de ne pas intriguer sa famille.
Le week end précédant Noël, il a transporté toutes les crottes dans le jardin public du quartier, et a construit un bonhomme de merde. Pas un petit, non, un grand et beau, de presque deux mètres de haut (Alain a eu besoin de l’escabeau pour terminer la tête). Une crotte pointue pour faire le nez, deux tomates cerises pour les yeux, la Rolex en plastique au poignet et le balai à chiotte dans une des mains du bonhomme.
M. Le Maire fut alors sollicité pour inaugurer le monument. Le jour venu, une foule dense se pressait autour de la statue, alors recouverte d’un drap tricolore. Le maire et son écharpe républicaine se frayèrent difficilement un passage.
A peine le drap fut-il enlevé, et que la foule émerveillée put enfin découvrir le bonhomme de merde, qu’un individu jaillit de la foule et écrasa une tartine de merde sur le visage du maire. Agression gratuite ? Acte politique ? Protestation contre les limites et aberrations de notre société ? Nul ne le saura jamais.
Se sentant un peu responsable du malheureux événement, Alain s’empressa d’offrir l’hospitalité au maire, afin que celui-ci puisse retrouver ses esprits. Ils partagèrent un Get 27, le précieux breuvage nettoyant les âmes et les mémoires du pénible incident.
C’est ça, aussi, l’esprit de Noël : solidaires dans le purin, parce que 2010 le vaudra bien.
François, Frédéric et Pierre