Les enseignes de la grande distribution se mettent au développement durable

Publié le 23 décembre 2009 par Sequovia

Zboula

Actuellement tiraillées entre OGM et agriculture biologique, produits exotiques et produits locaux, produits de grandes marques et produits du commerce équitable, les enseignes de la grande distribution se dessinent peu à peu une éthique. Elles favorisent le développement durable à la fois dans leurs produits, mais aussi dans leur logistique et leurs services. Le site winplanet.org recense ainsi les meilleures initiatives de ces entreprises, pour inciter les autres au changement et partager les bonnes pratiques de chacune.

Energie : Ikea vise 100% d’énergie renouvelable

Actuellement, 48% de son énergie est d’origine renouvelable, majoritairement grâce au bois, mais Ikea s’engage de plus en plus sur l’éolien (l’enseigne a déjà fait l’achat de trois champs d’éoliennes) et le solaire photovoltaïque (un appel d’offres a été lancé pour installer 320.000 mètres carrés en France). Ikea vient d’ailleurs d’ouvrir à Malmö, un des plus efficaces éco-quartiers d’Europe, leur premier magasin neutre en CO2 (auto-suffisant en énergie). En parallèle, Ikea s’engage à optimiser l’utilisation de son énergie, à acheter essentiellement du bois labellisé (issu de forêts gérées durablement).

Recyclage : E.Leclerc installe la consigne intelligente, Auchan opte pour la méthanisation

Aujourd’hui, la consignation « renaît » dans l’hexagone, en Alsace plus précisément, avec l’initiative des magasins E.Leclerc de Colmar et de Ribeauvillé. Pour remettre au goût du jour cette pratique très simple (après usage, le consommateur est invité à ramener les bouteilles, en échange de quoi il sera remboursé de la consigne de l’emballage), l’enjeu est de moderniser la consigne et de la faciliter, à la fois pour les clients et pour le personnel des magasins. Dotés d’un système de reconnaissance des bouteilles, ces automates peuvent les trier, les stocker et délivrer au client des coupons de réduction en échange de ses bouteilles. L’avantage est multiple ‐ valorisation et fidélisation du client impliqué dans une démarche citoyenne, rapidité de l’automate et autonomisation des consommateurs.

De son côté, Auchan développe depuis 2008 la méthanisation dans 15 de ses magasins du Nord. Les déchets organiques non donnés aux banques alimentaires sont regroupés et envoyés à un prestataire belge spécialisé dans la méthanisation. Il peut ainsi produire un produit humide riche en matière organique (appelé digestat) et du biogaz, source d’énergie supplémentaire. Le dispositif devrait être étendu dans les années à venir.

Sensibilisation des consommateurs : des enseignes prennent de l’avance sur l’étiquetage environnemental

Comme nous le décrivions dans un article précédent, l’étiquetage environnemental sera obligatoire d’ici 2011 pour tous les produits de consommation courante.
Déjà, E. Leclerc, le groupe Casino, Intermarché et Ecomarché ont déjà mis au point leurs propres méthodes de calcul des émissions de CO2 dues au cycle de vie de leurs produits, et affichent ce résultat aux côtés du prix de ceux-ci.

Santé : Système U lance une gamme de produits bio

Système U a lancé U bio en octobre 2007. La gamme comprend actuellement plus de100 références et en comptera très prochainement plus de 160. En proposant des produits 10 à 20% moins chers que leurs équivalents des marques nationales, Système U attire une clientèle en quête de produits bon marché. « Le prix a en effet été identifié comme le principal frein à l’achat » explique Pascal Millory, directeur de la centrale alimentaire de Système U.

Transport : Géant Casino lance le covoiturage à la carte

Les grandes surfaces Géant Casino ont mis en place un système de covoiturage pour les clients, une première pour un distributeur en France.  Dans un premier temps, le covoiturage Géant sera destiné aux clients des 107 hypermarchés Géant Casino. Un service spécifique sera ensuite ouvert pour les salariés du groupe. Le service est gratuit et accessible sur le site internet de Géant et de Casino: chauffeurs ou passagers s’inscrivent et sont prévenus par courriel dès qu’un nouvel inscrit peut covoiturer avec eux. Un numéro de téléphone est également mis en place, permettant aux éventuels covoitureurs d’être prévenus qu’un inscrit effectue le même trajet qu’eux par SMS ou par appel sur une messagerie vocale.

Produits équitables : E.Leclerc et Alter Eco lancent un labo pour étudier la filière

Tristan Lecomte, dirigeant d’Altereco et Michel Edouard Leclerc s’associent pour créer le Laboratoire du commerce équitable. L’objectif est de produire des données chiffrées pour suivre l’évolution de ce marché particulier. A ce jour, quatre audits ont déjà été effectués : deux en Thaïlande (riz), un en Palestine (huile d’olive) et un au Pérou (cacao).

Eau : Intermarché réutilise ses eaux pluviales

Le groupe Intermarché a confié entre 2008 et 2009 trois chantiers majeurs de récupération et d’utilisation de l’eau de pluie au groupement d’intérêt économique (GIE) France Pluie, qui rassemble des experts en gestion et en valorisation des eaux pluviales. L’eau récupérée peut ainsi être utilisée pour l’arrosage des espaces verts, les stations de lavage de voitures, les lavages des sols ou les toilettes.

L’avis Sequovia

Toutes ces initiatives montrent la voie et font tendre toute la filière de la grande distribution vers des objectifs non plus simplement dictés sur le profit, mais aussi sur une préoccupation environnementale et sociale. Ces initiatives sont reconnues par les consommateurs, et montrent aussi qu’il y a un avantage concurrentiel important à mettre plus d’éthique et de responsabilité dans ses activités. Ainsi, ces bonnes pratiques environnementrales et citoyennes peuvent (et doivent) devenir des règles pour toutes les enseignes.

Il est à noter que ces initiatives font notamment suite à la convention de janvier 2008 en faveur d’un commerce durable qui se fixe 7 objectifs précis :
I – Informer les consommateurs sur les impacts environnementaux de la consommation courante
II – Promouvoir les produits « éco-label »
III – Augmenter d’au moins 15% par an la part des produits bio dans le total des ventes alimentaires
IV – Réduire la production de déchets d’emballages d’au moins 10%
V – Réduire les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre
VI – Réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport
VII – Limiter les impacts visuels sur les paysages et les éco-systèmes