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les envahisseurs

Publié le 23 octobre 2009 par 49leon49
Voici ce qu’on trouve ces jours-ci sur le blog de la Bibliothèque Universitaire d’Angers (c’est décidément une vraie mine d’énervements !) à l’adresse des étudiants :
« Pour que l’art contemporain reste vivant, il faut bien sûr qu’il envahisse notre quotidien (et donc votre ville et votre BU) et qu’il s’installe dans les nouveaux médias »
Au moins, cela a le mérite d’être clair.
Ce qui me réjouit, c’est que notre amie bloggeuse et responsable des expo de la BU, indiscutablement très en forme en ce moment, semble un peu inquiète de l’avenir de l’AC(1). Sentirait-elle le vent tourner ? Que tout cela n’est plus très crédible ?
Ce qui me désespère, c’est cet aplomb, cette candeur avec lesquels elle affirme que l’AC doit occuper tous les terrains, ce qu’il est bel et bien en train de faire, avançant comme une gangrène. Chaque musée local ou national ouvre ses espaces à des interventions ou installations d’artistes labellisés contemporains. Je fais un tour l’an dernier au British Museum de Londres, on m’y impose les impostures de Damien Hirst et d’autres du même tonneau. Je vais un jour au musée des Beaux Arts d’Angers pour visiter les collections permanentes, on m’y impose la revisite des œuvres par une artiste fraîchement sortie des Beaux-Arts (tiens ?...). Et tout à l’avenant. La manifestation Estuaire (Disneyland sur Loire…) imposait cet été (et ça continue) des énormes bidules aux promeneurs des bords de Loire, qui pour certains, n’en demandaient pas tant.
Etonnant comment tout cela ne va que dans un sens : a-t-on vu des œuvres « historiques » invitées au milieu des foires, salons, fonds et collections d’art contemporain ?
L’art contemporain cherche à envahir le quotidien, finalement, comme le fait la publicité, comme le font le foot et tous ces sports qui occupent les dimanches et les autres jours, comme la soupe musicale déversée au kilomètre dans tous les lieux publics (même les zoos !), comme le font les fabricants des sonneries de tous les appareils de ce monde de sonnés. Finalement, l’AC cadre parfaitement avec cet univers superficiel et consumériste.
Il y a là une volonté affichée de bourrer les crânes, d’imposer un art unique. A tous ces gens de l’AC, il leur faut des lapins et des homards géants, des installations démesurées, incroyablement coûteuses (voir les articles concernant Koons ou Veilhan à Versailles, qui parlent plus de chiffres que d’art…), des trucs en plastique aux couleurs acidulées, qui bougent, qui font du bruit, qui agressent et qui provoquent (qui sont en réalité tellement communs et déjà vus qu’ils ne provoquent même plus) et qu’on oublie aussitôt. Il leur faut du m’as-tu vu, du bling, du bling et du rebling. On installe tout ces choses dans les villes, dans les campagnes, dans les écoles, les lycées (les professeurs d’arts plastiques vont souvent se servir dans les FRAC(2) pour monter des expositions dans les établissements), et maintenant dans les universités. Est-ce ainsi qu’on affûtera la curiosité, l’ouverture et l’esprit critique de nos enfants ? On veut les formater et les abrutir dès le plus jeune âge, et c’est bien cela qui m’inquiète.
Non, on ne force pas l’art, on ne l’impose pas. Il doit être vivant, c’est entendu, mais discret, simplement à disposition. Et pour le rencontrer, il faut faire quelques efforts.
(1) Art contemporain
(2) Fonds régionaux d’art contemporain

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