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Pas besoin de verglas à l’Assemblée nationale : Pascal Clément (UMP) dérape sur les minarets…

Publié le 23 décembre 2009 par Kamizole

On peut dire qu’avec leur référendum sur les minarets les Suisses nous ont fait un cadeau sacrément empoisonné qui pollue un débat qui l’était déjà suffisamment ! Racistes et xénophobes de la majorité s’en donnent à cœur joie. Ils sont totalement décomplexés comme le soulignait récemment Didier Lapeyronnie dans une interview donnée à 20 minutes Racisme ordinaire : «La parole s’est décomplexée au plus haut niveau de l’Etat» dont le titre se suffit à lui-même.

Sans doute la question religieuse prend-elle le pas sur d’autres considérations… Nicolas Sarkozy donne le ton en envisageant la question de l’identité nationale et les questions d’immigration par le seul biais de la religion, cf. la tribune qu’il a donnée récemment au Monde Nicolas Sarkozy : “Respecter ceux qui arrivent, respecter ceux qui accueillent” mais il est bien évident que l’islamophobie n’est que la partie émergée de l’iceberg raciste.

Or, je lis ce matin sur 20 minutes que Nora Berra claque la porte d’une réunion du groupe UMP à l’Assemblée nationale. J’y suis allée voir car le chapeau était explicite «Elle n’a pas supporté un dérapage de Pascal Clément sur les minarets…». Il mérite d’être cité car le sujet de ce débat interne et à huis-clos était le port du voile intégral, autrement important, du moins pour une féministe. Preuve que certains pratiquent l’amalgame : «Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France».

Je me suis amusée à compter les cathédrales sur une liste donnée par Wikipedia. 200, DOM compris et tous rites chrétiens confondus (orhodoxes grecs ou russes). Je ne saurais dire si le nombre y fait quelque chose mais cela me fait marrer un tout petit peu de voir tous ces gens qui n’ont que la haine à la bouche se réclamer d’une religion qui prêche l’amour. A moins que ce ne soit qu’envers les siens et à l’exclusion de ceux qui n’ont pas la même religion ou n’ont aucune croyance.

Peut-être devrait-on leur rappeler que d’où qu’ils viennent et quelles que fussent leurs croyances ces «autres» ont avec nous en partage d’être des humains et qu’en conséquence, s’ils prétendent croire en Dieu et donc à l’origine divine de la création, ils se contredisent car il est impossible sur le plan de la pure logique que Dieu n’ait pas créé des êtres humains parfaitement égaux. Qu’ils ne rétorquent pas que Dieu n’est pas le même pour tous car c’est une impossibilité du point de vue philosophique dès que l’on postule qu’il est l’Un…

Je ne rentrais pas dans de telles considérations quand vers 12-13 ans il m’est venu au catéchisme cette pensée que Dieu était le même pour tous, sous des noms différents. Je me suis bien gardée de l’ouvrir. J’avais bien conscience que cette idée n’était pas vraiment “religieusement correcte” !

Nous devrions nous cotiser pour acheter un sonotone – c’est franchement pathétique : si jeune et déjà sourdingue comme un pot ! et sans doute également trop pauvre – à Luc Chatel qui, bien que présent, «n’a rien entendu»… Ce n’est pas la première fois et c’est diablement curieux pour le “porte-parole” du gouvernement. Le paradoxe n’est toutefois qu’apparent car la psittaciste “voix de son maître” se contente des communiqués écrits par l’Elysée. C’est même plus sûr car sinon il profère des sarkonneries qui font florès en même temps que polémiques.

Il doit y avoir grande urgence – électoraliste – à se pencher sur la question du voile intégral, au point que Jean-François Coppé ne veut même plus attendre les résultats de la mission interparlementaire censée étudier la question et entend soumettre une proposition de loi dès janvier. Pourtant, sur le plan juridique – et notamment les questions de liberté – la question est loin d’être simple, j’y reviendrais.

Nos gribouilles risquent de pondre un texte bâclé qui sera aisément attaqué tant devant le Conseil constitutionnel que devant la Cour européenne des droits de l’homme. Il eût été bien préférable que le gouvernement se saisisse de la question car un projet de loi présente l’avantage d’être soumis préalablement au Conseil d’Etat dans son rôle de conseil juridique du gouvernement.

Si l’on veut bannir le voile intégral des lieux publics – il me défrise grave en tant que féministe, n’en déplaise à certaines qui considèrent qu’il constituerait une liberté pour les femmes – il faut s’en donner tous les moyens sans précipiter les procédures. En même temps, je me demande si un tel texte est souhaitable tant il sera source de difficultés relativement à son application. Les flics verbalisant les porteuses de voile intégral dans la rue… Hum ! Hum ! Ce peut être source de conflits bien plus dommageables pour l’ordre public si les extrémistes s’en mêlent…

La question était nettement plus simple à l’école, lieu fermé. Les provocations sont restées à l’extérieur et celles qui refusaient d’obtempérer ont été exclues. Sans doute la mesure était-elle grave mais après tout, les familles devaient assumer leur choix. Se soumettre ou se démettre. Mais dans la rue et les lieux publics où théoriquement la liberté d’aller et venir est la règle et ne peut être contredite de manière générale et absolue, il faudrait “marcher sur des oeufs”… et gare à l’omelette !


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