Et c'est parti pour le show! La ville ocre sera de nouveau au rendez-vous avec l'art. Après son festival international du film, c'est au tour de la danse de la mettre encore une fois sous les projecteurs. Vous l'aurez compris, c'est le festival "On marche " qui revient pour sa cinquième édition. Cette année, il se tient du 23 au 30 janvier prochain et promet encore de plus belles chorégraphies et des spectacles à couper le souffle.
Fidèle à son principe de regrouper des chorégraphes et des danseurs d'ici et d'ailleurs, le festival invite, sur les scènes de Marrakech mais aussi dans ses rues, des troupes internationales venues des quatre coins du monde qui se rassembleront autour de l'œuvre marocaine. Ainsi, des professionnels venus de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique et de l'Afrique dévoileront aux spectateurs marocains leur rapport à la danse, leurs différentes écritures dansées et leur rapport au corps. Il y en aura pour tous les goûts et le public n'aura que l'embarras du choix entre tous les genres présents. Les jeunes talents ne sont pas oubliés puisque le festival leur consacre tout un volet de la programmation. "Plateforme premiers pas" est l'espace réservé aux jeunes danseurs qui effectueront leurs premiers pas de danse et leurs premières chorégraphies avec le soutien de l'équipe du festival.
Inscrit dans son espace urbain, le festival s'approprie la ville et crée des concepts originaux. Danse contre Nourriture revient encore une fois. Ainsi, dix familles marrakchies accueilleront à tour de rôle une des troupes participantes pour lui offrir de la nourriture. En échange, les danseurs leur offriront un spectacle dans leurs foyers. "C'est une manière de montrer que plusieurs familles marocaines ont la curiosité de découvrir la danse contemporaine. En changeant le lieu de présentation, on amène la danse là où on ne l'imagine jamais, là où elle est inattendue", commente Taoufik Izeddiou. Un autre espace inattendu est investi lors de ce festival, les appartements.
"Danse F L'appart" est également au programme. Cette idée existe avant même la création du festival. Inspirée des conditions de travail des danseurs qui consiste à "squatter" n'importe quel endroit pour répéter et s'entraîner, elle est devenue un des incontournables du menu de "On marche". Bouchra Ouizguen, chorégraphe chargée de ce volet, nous explique : «"Danse F l'appart" reflète ce que nous vivons tous les jours depuis des années en tant que danseurs au Maroc. Dans des moments de contraintes où nous devons répéter, nous dansons dans les couloirs, les escaliers, les salons… C'est ce qui pousse à créer malgré les contraintes et à apprendre à dépasser les limites.» "On marche", avec sa programmation riche et éclectique, prévoit également des ateliers de formation, des rencontres et des débats, des projections vidéo ainsi qu'une exposition qui dévoilera un diaporama de danseurs dans le monde arabe et dans la ville de Marrakech. Des films et des photographies autour de Pina Bausch seront également exposés, et ce, en collaboration avec le Goethe Institut dans la ville de Marrakech. Au bout de cinq ans, "On marche" est devenu un rendez-vous incontournable de la danse contemporaine, mais aussi d'autres disciplines artistiques. Cette ouverture est
un choix des organisateurs qui ont toujours désiré ouvrir un échange, un dialogue et une collaboration avec les autres genres.
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Questions à Taoufik Izediou, directeur du festival «On marche».
«"On marche" continue son combat pour la danse contemporaine au Maroc»
Depuis sa création, le festival s'est tracé de nombreux objectifs. Où en êtes-vous avec leur réalisation ?
Ça avance doucement mais sûrement. Dès la naissance de ce festival, nous avons travaillé sur la mise en valeur de la création chorégraphique marocaine. En effet, des chorégraphes marocains ont pu faire des tournées à l'étranger et ont même reçu des aides à la production. Le fait de participer au festival permet d'être connu par les professionnels de la danse nationaux et internationaux. Le festival continue par ailleurs son combat pour la danse contemporaine au Maroc.
Justement, quel est le rôle joué par le festival dans la promotion de la danse contemporaine ?
"On marche " reste la seule manifestation qui a mis la lumière sur l'art chorégraphique marocain. Elle a fait sortir de l'ombre plusieurs talents marocains, et entend poursuivre cette démarche. Le festival reste l'endroit de discussion, d'analyse et de proposition pour un meilleur avenir aux danseurs et danseuses de ce territoire. Après ces éditions, nous avons remarqué l'enthousiasme et l'ambition des danseurs locaux à vouloir évoluer et créer davantage, car ils savent aujourd'hui qu'il existe une plateforme qui les accueille, qui leur donne le temps et la parole.
"On marche" est également un festival pour le public. Expliquez-nous ?
Le festival, dans sa démarche globale, tient à entretenir avec le public un langage continu. Nous souhaitons d'ailleurs nous élargir et avoir plus de spectateurs. Notre festival ne se contente pas d'être festif et divertissant mais c'est un évènement qui est réfléchi et qui fait réfléchir. Nous entretenons une relation de proximité avec les spectateurs parce que nous désirons les connaître et dialoguer avec eux.
Le Matin