Eric Besson, Ministre de l’immigration a déclaré en octobre 2009 : « J'ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l'identité nationale, sur ce qu'est être Français aujourd'hui [...] Nicolas Sarkozy avait également fait de l’identité nationale, un thème central de sa campagne électorale pour la présidentielle.
Ainsi, Nicolas Sarkozy et Eric Besson seraient-ils subitement devenus des adeptes passionnés de la sociologie ? On pourrait le penser. Mais que l’on ne s’y méprenne pas. En réalité, derrière ce faux débat, un débat franco-français qui traduit le mal français actuel, se cache une perfide et diabolique stratégie politique, autant dangereuse qu’irresponsable dans le climat délétère d’aujourd’hui, qui est celle de la recherche du fameux choc des civilisations ; un choc des civilisations tant désiré et attendu par une élite qui, à travers les médias traditionnels, n’hésite pas à poser clairement les conditions, les critères retenus pour être un bon Français. Ce débat sur l’identité nationale restaure la xénophobie, le racisme, la haine des étrangers. En effet, l’immigration noire et maghrébine, de souche musulmane, est directement visée, livrée à la vindicte populaire. Et lorsque les musulmans sont stigmatisés, en France et en Europe, c’est bien l’islam qui est en point de mire. Dénoncé, diabolisé, rendu fautif, dans le subconscient des citoyens français, de tous les maux affectant la France, l’islam devient alors dans l’esprit de nombreux Français un envahisseur, un ennemi à combattre qu’il faut chasser hors des frontières de France et d’Europe à tout prix. Nicolas Sarkozy et Eric Besson pointent du doigt la communauté musulmane de France en réactivant des peurs irrationnelles. Inciter à la haine raciale pour gagner la confiance des électeurs, c’est vendre son âme au diable pour pas grand-chose. On sait qu’il est très hasardeux, périlleux de signer un pacte avec le diable, ce dernier ne respectant jamais ses engagements. C’est donc à leurs risques et périls que messieurs Sarkozy et Besson ouvrent cette horrible brèche vers une explosion sociale.
Finalement, et là je m’adresse à monsieur Eric Besson directement, ce débat sur l’identité nationale, est-il réellement démocratique ? Ne serait-il pas plutôt une atteinte aux libertés individuelles, une entrave à la Charte des Droits de l’Homme ? Peut-on demander à un citoyen, lorsque celui-ci est né en France, sachant que personne n’est responsable de sa naissance, ou qu’il aurait choisi de se naturaliser français, de justifier a posteriori ses choix ? Parler la langue d’un pays, respecter les lois de ce pays, aimer et partager les valeurs démocratiques essentielles de ce pays, n’est-ce pas suffisant ? Au nom de quelle doctrine, quel principe devrait-on s’assurer que tel ou tel citoyen mérite ou ne mérite pas d’être Français. Au cours de la seconde guerre mondiale, des millions de Juifs ont été exterminés, des dizaines de millions de personnes ont été tuées, sur le seul fait que tous ces individus ne rentraient pas dans les critères raciaux défendus et définis par les criminels propagandistes d’une prétendue race aryenne. Qu’est-ce qu’être Français ? Telle est la question que vous posez, monsieur Besson. La réponse ne se trouve-t-elle pas dans les livres d’Histoire ? Celles et ceux qui ont mis fin à une monarchie tyrannique (Révolution de 1789), celles et ceux qui ont combattu et libéré la France du nazisme (1939-1945), celles et ceux qui ont aidé la France à se débarrasser des chaînes du colonialisme et de ses méfaits (années 50-60), ne vous ont-ils pas déjà répondu ? En Algérie, permettez-moi de vous rappeler qu’on m’a enseigné, moi qui suis d’origine arabe, que mes ancêtres étaient des Gaulois. C’est cette France là que vous voulez soutenir et réinstaller ? Une France totalitariste et mensongère ? Eh bien non, monsieur Besson, la France d’aujourd’hui est riche de nombreuses composantes qui font sa diversité, sa richesse. Et tous sont des Français avec leur ressenti, leurs convictions intimes, leur foi, leurs croyances, leurs rêves et leurs idéaux fussent-ils chimériques.
Dans une démocratie, on ne demande pas à un citoyen de justifier ses convictions personnelles d’appartenance à une Nation. Ce serait déjà l’accuser, douter de sa bonne foi, remettre en cause sa sincérité. Je récuse cette idée sociologique d’une identité nationale, née dans les années 80. Le mot identité caractérise, dans mon esprit, plus une intégrité morale et physique ; une intégrité qui doit demeurer dans une absolue inviolabilité. Une Nation peut-elle avoir une identité, au sens littéral du terme ? Je ne le pense pas. Ce sont les femmes et les hommes, tous avec leur identité spécifique, qui composent une Nation. Les Institutions sont les garants de la cohésion sociale, d’un contrat républicain passé entre tous les citoyens.
Et si les politiques ont échoué dans leur élaboration d’une Nation dans laquelle chaque citoyen trouverait sa place, que ceux-ci assument leurs responsabilités. Ce débat sur l’identité nationale est doublement dangereux. D’une part, parce qu’il va forcément focaliser sur l’islam et les Musulmans, et d’autre part, parce qu’il permet aux politiques, incapables de proposer des projets politiques crédibles pour l’ensemble des citoyens, de culpabiliser les Français en les renvoyant tous dos à dos. Décidément, l’atmosphère devient de plus en plus lourde et irrespirable en France !
Nicolas Sarkozy, au sujet des minarets en Suisse : « Les Suisses ne veulent pas dénaturer leur pays ». Un nouveau mépris et une nouvelle insulte à l’islam et aux Musulmans du monde entier, de la part du Président d’une partie de la France.
Alors monsieur Nicolas Sarkozy, vous être sûrement le Président de la République, mais vous n’êtes pas encore Dieu !
Notons également que la Suisse n’est plus, désormais, un pays neutre…
Touhami Moualek
Auteur de La Déchirure - Editeur
: Edilivre.com
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble