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Mais que fait le législateur?

Publié le 11 décembre 2009 par Pachamarket

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Pachamarket poursuit son enquête sur le vrai prix des produits de grande consommation.

Administrateur de l’association de consommateurs UFC-Que choisir, Gérard Barbier a participé à l’étude sur l’opacité des marges publiée mardi. Il explique pourquoi l’Etat, selon lui, doit s’emparer du dossier.

Pourquoi avez-vous mené cette étude ?

GÉRARD BARBIER. Nous avons cherché à comprendre pourquoi, malgré la baisse des prix agricoles, le prix payé par le consommateur est toujours le même et n’a pas évolué. A la mi-2007 et à la mi-2008, les prix agricoles ont augmenté de 25 % ; en répercussion, les prix dans les rayons ont augmenté de 6,8 %.

Depuis la mi-2008, c’est l’inverse qui se produit : les prix agricoles sont repartis à la baisse mais, étonnamment, le consommateur paie toujours la même chose.

Nous connaissons le prix d’achat à l’agriculteur, le prix payé par le client, mais entre les deux c’est le flou. Que les choses soient claires : nous ne sommes pas contre les marges, nous voulons comprendre pourquoi une si grande opacité entoure les étapes intermédiaires.

Etes-vous étonné des résultats obtenus ?

Pas réellement. Nous savions déjà que le prix payé au producteur était sans rapport avec celui payé par le client.

Ce qui étonne réellement, c’est l’absence de réponse claire de la part de la grande distribution. Dès que nous les sollicitons, ils bottent en touche.

Quelles suites souhaitez-vous donner à cette étude ?
Nous souhaitons que le législateur intervienne pour que les consommateurs ne soient plus victimes de ces marges. L’Etat peut intervenir en étendant le coefficient multiplicateur, déjà applicable aux fruits et légumes, à tous les produits bruts ou peu transformés. Tout simplement, cet outil permettrait de fixer le prix de vente d’un produit en se fondant sur son prix agricole. Nous pourrions l’utiliser en cas de marge inexpliquée. Si le prix d’un produit agricole augmente ou baisse, il faut que le prix payé par le client augmente ou baisse, lui aussi, mais de façon cohérente. Toutes les fédérations de l’UFC ont envoyé au député de leur circonscription une lettre reprenant notre demande, la balle est désormais dans leur camp.

L’étude qu’attendaient les agriculteurs

Le monde agricole se dit satisfait de l’étude menée par l’UFC-Que choisir.

La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), première organisation du secteur, a salué hier la publication de l’étude de prix de l’UFC qui, selon elle, confirme ce qu’elle constate depuis bien longtemps au quotidien :

« Quand il y a baisse des prix agricoles, il n’y a pas de baisse répercutée pour les consommateurs et un vrai gonflement des marges. »

« De nouveau, la grande distribution masque et cache, poursuit-elle.
Derrière de jolies publicités sur la baisse des prix, la réalité des marchés n’apparaît pas, ou alors que dans un sens, c’est-à-dire celui des hausses de prix ! »

La FNSEA tient néanmoins à saluer la récente évolution des choses, notamment grâce à la mobilisation des acteurs publics.

« Sous la pression et la dénonciation permanente des agriculteurs français, la hausse des contrôles de la DGCCRF a permis de sanctionner les dérapages répétés des distributeurs. Notre action porte ses fruits. Le gendarme de l’Etat fait désormais le job. »

Le syndicat indique également que certaines pratiques commerciales inacceptables doivent disparaître et préconise, « pourquoi pas, si les différentes filières le souhaitent, (de) généraliser le dispositif du coefficient multiplicateur ». Une idée défendue par l’UFC-Que choisir qui permettrait de supprimer les marges inexpliquées.
2,55 euros de marge sur le kg de jambon

Une précédente étude leur donne d’ailleurs raison. En 2008, Eric Besson, alors secrétaire d’Etat chargé de la Prospective, avait publié un rapport d’une soixantaine de pages sur la formation des prix dans la grande distribution.

Prenant l’exemple du jambon, il indiquait notamment que la marge nette du distributeur représente plus de 20 % du prix payé par le consommateur pour le jambon, plus de 25 % pour le rôti. Le kg de porc acheté 1,40 euro au producteur est vendu 12 euros par le distributeur.

Entre ces deux étapes : l’abattoir qui prend une marge nette de 0,12 euro, l’industriel qui s’octroie 0,19 euro et le distributeur, lui, 2,55 euros.

Une différence dénoncée à l’époque par le secrétaire d’Etat, citant en exemple les pays voisins, qui préfèrent comprimer les marges lorsque le prix de la matière change. Pour Bruno Ledru, producteur de lait en Haute-Normandie, les marges pratiquées par la grande distribution ne sont pas l’unique problème.

« En suivant le prix du marché mondial, le prix du litre de lait fait trop souvent le yo-yo, explique-t-il. Cela déstabilise tout le monde : les producteurs, les distributeurs et les consommateurs. Il faudrait, au contraire, que l’on fixe le prix du lait pour plusieurs années, tout le monde serait gagnant. »


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