Et si l’on pouvait instiller du racisme à dose homéopathique, contrôlée ? Un petit peu de racisme, pour cueillir quelques voix extrémistes, mais pas trop, juste ce qu’il faut pour ne pas faire tourner la sauce. C’était l’option Sarko-Besson. Malheureusement, la sauce a viré aigre : identité nationale, immigration, racisme, Islam. Yazid Sebag, Commissaire à la diversité et à l’égalité des chances, l’a compris. Dans le JDD, il remarque que le débat sur l’identité nationale sent la poubelle mal fermée et est devenu « un déversoir et un défouloir ». Bien, Yazid, bien. Et il ajoute, hélas : « Peut-on être musulman dans ce pays ? » Et cette question est gravissime.
Car aussitôt Yazid Sebag demande à la France « d’accepter qu’elle est aussi un pays musulman. » Et de poursuivre sur le refus d’une loi sur la burqa, et le regret à peine dissimulé de la loi sur le voile. Notre commissaire de se couvrir aussitôt et de cirer les pompes de son Président, on démissionne pas quand on est employé de Sarko, car on n’est rien. Mais il n’a pas tort : dans son article sur l’identité nationale publié dans Le Monde, Nicolas Sarkozy démarre bille en tête sur la question des minarets en Suisse. Le sujet de l’identité nationale, c’est bien la foi. « Homme de foi, quelle que soit sa foi, chacun doit se garder de toute provocation. » Bref, la question c’est le « défi » que lanceraient des musulmans à la France chrétienne et républicaine. Henri Guaino, dans la Croix, souligne que la religion ne peut être absente du débat sur l’identité nationale. Et bien, messieurs, la messe est dite.
On s’en fout de la religion. Non seulement on ne voulait pas se faire piéger dans le débat scandaleux sur l’identité nationale, mais on veut encore moins entrer dans la question super piégée de la cohabitation de la France chrétienne et musulmane. Il n’y pas de France « chrétienne » « juive » « musulmane » et « bouddhiste ». Et parpaillotte. La question des minarets ? Dans la mesure ou des religieux ne brailleraient pas les heures de la prière comme tantôt les cloches sonnaient matines vêpres et complies, et dans la mesure où elles s’intègreraient esthétiquement dans le paysage, pourquoi pas ? A coté de Notre Dame par exemple. Après tout Sainte-Sophie et ses quatre minarets est une réussite esthétique, et la mosquée de Cordoue transformée en cathédrale aussi. Que les Navajos aient le droit de tourner en chantant (discrètement) autour de leur totem ? Mais, très bien, très bien ! Qu’on mette aussi un totem à coté du nouveau minaret de Notre-Dame. Qu’on laisse les gens à leurs confesseurs, leurs tireuses de cartes, leur coach ou leur psy. Mais qu’on sorte la religion des têtes ! Et le braillard des minarets, dans les pays musulmans, est là pour clouer la religion dans les têtes.
Petite remarque laïque au passage : la grande révolution démocratique des pays d’Occident fut la laïcisation du temps. L’apparition du temps aux beffrois, la grande horloge et le temps visible par tous citoyens. Le retard musulman sur les pays d’Occident s’explique en partie par le fait que le temps, la gestion du temps ait été longtemps laissée aux religieux, par le rythme de la prière notamment. De la laïcisation du temps, ôtée aux religieux, est née un certain nombre de choses comme l’organisation scientifique du travail et la gestion capitaliste du temps, des choses pas très agréables certes, mais peu importe : le temps des hommes n’appartient plus à la religion, et c’est ça l’essentiel. Le temps des hommes leur appartient. A eux de le gérer comme ils veulent, à la chaîne de production ou dans les promenades en forêt. Voila la grande victoire de la laïcité.
Hélas, périodiquement la question de la religion est remise sur le tapis (« le prêtre meilleurs que l’instituteur pour dire le bien et le mal », celle-là en l’a en travers de la gorge ! la Turquie qui ne peut entrer dans l’Europe parce que l’Europe, c’est l’héritage chrétien...) afin d’instiller du venin à petites doses, sauf qu’on dépasse toujours les doses prescrites et qu’on suscite de mauvaises passions. Toujours la religion suscite de mauvaises passions. Il faudrait d’ailleurs se poser la question de savoir pourquoi la question religieuse excite l’abruti comme le pastis le voyeur de corridas et le film porno le refoulé. Pourquoi ? Parce que la religion marque les hommes au fer rouge. Yazid Sabeg se sent estampillé français « musulman » (2°choix et deuxième religion), et il marque les autres français « chrétiens » (veaux premier choix, première religion).
On a déjà oublié Srebrenica ? On a oublié que la France de la Renaissance – la Renaissance ! l’aube de la modernité, camarades ! - s’est construite sur une tuerie religieuse ? Que la mesure la plus bête prise par un pouvoir français fut l’expulsion de l’élite protestante par la Révocation de l’Edit de Nantes ? Il faut refuser absolument cette phrase : « je suis un français musulman » ! Personnellement, je ne suis pas un français chrétien, même si l’on m’a baptisé quand j’avais quelque mois d’existence, et si j’ai toujours eu un immense plaisir à lire la Bible. Quand donnera-t-on la parole aux athées dans le « débat » sur l’identité nationale ?
A Yasuf, village Palestinien, des juifs religieux extrémistes ont fait payer à des Palestiniens le gel partiel des colonies de Cisjordanie en brulant des tapis de prière. On imagine les poils hérissés et roussis des musulmans ! Serait intéressante la réponse des Palestiniens athées. Et la critique des Israéliens athées à propos de ces actions.
Einstein ne se définissait pas comme juif, mais comme apatride. Apatride... Citoyen du monde. Freud comme athée et amoureux de l’Italie. Ca devrait faire réfléchir les religieux de l’identité nationale.