Magazine Photos

Isabel ASUNSOLO (France)

Par Ananda
Ceci est son corps...


Un loup sur les yeux, un loup de satin noir qui laisse deviner un regard bleu acier. Une crinière
blonde qui prend racine au-dessus du loup, s'épanche en un océan de boucles balayant la longue
cape noire et soyeuse rehaussée de strass. Dont le col très haut dissimule le sourire et les lèvres.
On a payé cher la place pour assister au streap-tease de l'année, la star des neiges de l'Est va
révéler une peau que d'aucuns rêvent laiteuse. On n'arrive pas à épeler son nom sur le ticket
d'entrée. Qu'importe. On devine un minois à la russe, des lèvres poudrées au-dessus d'un
menton enfantin. Des épaules émouvantes et mouvantes, frêles et aguichantes à croquer, des
seins ronds, mûrs mais petits, des hanches crémeuses, un nombril innocent au-dessus d'un string
en strass, des cuisses inédites, longues et à la fois charnues. Les fûtes de champagne
entretiennent le délire, on oublie les bonnes manières, hommes et femmes se laissent aller dans la
salle surchauffée et siffent la créature qui attend encore : tremblante, elle vient de tomber à
genoux, sa bouleversante tête renversée en arrière... A quatre pattes sous le projecteur qui déverse
une lumière blanche et crue, la cape suit la trajectoire ronde des fesses. Petit animal de luxe qui
prend son temps, comme s'il en fallait beaucoup pour l'apprivoiser.
Tous se taisent. Sous le halo rond du projecteur, la bête de scène (première ? professionnelle ? qui
le dira...) commence un déhanchement maladroit comme la musique qui déraille un peu aussi.
La cape s'entrouvre sur une longue robe noire et un corps toujours caché que l'on devine pâle. La
nudité mise en scène sera-t-elle parée, maquillée, outrancière ? Candide ou dangereuse ? Rira-ton
ou tremblera-t-on ? Plus forte que menue, la belle agnelle se relève, tremblante, effarée. On
retient son souffe, espérant voir apparaître les membres souples, durs et mous à la fois, les
muscles doux recouvrant tout soupçon d'os. Certains hommes se pourlèchent, la bouche sèche
malgré l'alcool. Il y a beaucoup de novices parmi le public qui toussote un peu, comme pour se
rassurer... Puis, rejetant la tête, la belle tire longuement un gant pour laisser apparaître une main
aux ongles exagérément longs et recourbés. La dernière mode là-bas : les ongles semblent
implantés dans de la fourrure fauve. Trompe l'oeil ? deuxième gant ? effets du champagne ?... Un
frisson parcourt le public. Les paluches de la belle s'affairent à délacer le noeud de la cape, y
parviennent. Quand la tête se relève sournoisement, au lieu de joues lourdes et de lèvres dodues,
on assiste à une tentative de sourire, la langue pend, un peu de travers...
Sous le loup arraché, les yeux jaunes rient en défiant la salle. Puis, les deux menottes fourrées
déchirent la robe et l'évidence est là : au-dessous de la peau rose et bombée de la gorge, le poitrail
aux poils rêches fait s'envoler pour de bon le rêve de seins blancs. Un tourbillon de fourrure
plantée à la va comme je te pousse apparaît à mesure que la robe descend langoureusement
encore avec, dans la partie la plus tendre et claire, deux rangs de tétons roses qui ont à l'évidence
déjà servi pour nourrir quelques portées. Les épaules se dressent, fières, puis les bras qui sont des
pattes. Triomphante, la belle montre son plus bel atout : des cuisses dressées et musclées sur des
jarrets secs et pourvus de poils drus, des cuisses puissantes prêtes à bondir. Pour retrouver ses
soeurs de race quelque part dans les steppes et courir avec elles !



Isabel Asúnsolo
24/12/09



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines