Le théâtre permanent aux Laboratoires d’Aubervilliers, c’est très 68. Tout le revendique : l’esthétique de la bannière du spectacle peinte à la bombe, les “ateliers de transmission de rôles” gratuits et ouverts à tous le matin, et surtout, la manière d’envisager la scène et le public. Celui-ci est installé sur des bancs qui font mal aux fesses, tout autour du plateau ouvert de chaque côté. Un théâtre-forum, une arène.
Rien de bien nouveau sous le soleil de la nouvelle mise en scène de Gwénaël Morin, Woyzeck, d’après Büchner. La célèbre pièce de l’écrivain allemand fut écrite (mais inachevée) en 1837. Le texte est résolument moderne, imagé et haché, proche du surréalisme qui naîtra quelques décennies plus tard.
Gwénaël Morin s’en empare avec une brutalité maladroite. Tout, dans sa mise en scène, reflète un rapport violent avec le monde. Les acteurs passent leurs temps à hurler, Woyzeck malmène sans arrêt sa fiancée, les personnages se jettent les uns sur les autres avec hargne. Comme si, pour habiter l’espace théâtral, le metteur en scène n’avait trouvé que l’agressivité. Le spectateur, qui encercle le plateau et manque de recevoir des coups de pied dans l’œil pendant les diverses bagarres des acteurs, devient une victime.
Pendant cette longue vocifération, le texte de Büchner (si subtil, si poétique et humble à la fois) disparaît complètement, inaudible.
Les ancêtres connus du théâtre “direct”, qui fait tomber ce qu’on appelle le “4e mur” (mur imaginaire entre le public et les acteurs qui doivent jouer comme s’ils étaient seuls), recherchaient à la fois la participation du public, et l’engagement politique dans le choix des textes et de la mise en scène. On voit bien que Morin a été influencé fortement par les mythiques Bread and Puppet Theater et Living Theatre, mais il n’en a gardé que la coquille. En termes de participation du public : “Quelle heure est-il?” hurle méchamment l’un des personnages, en regardant le public sans amitié. Personne n’a osé répondre. En termes d’engagement politique : massacrer à ce point le texte de Büchner en le rendant inaudible, c’est en ôter la portée politique, bien sûr.
Dommage! L’initiative était belle… on aurait eu envie de ça, d’un théâtre simple, fait de bric et de broc, qui parle au public, d’acteurs qui s’assoient près des spectateurs pour le faire rentrer dans son monde, comme un grand débat politique amical dans lesquels les corps interviennent aussi. Un petit souffle de 68 mythique, ça nous aurait fait du bien, en France. Mais là, c’est juste du vent!
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 13 mars à 14:28
je crois qu'une des grandeurs de 1968 fut que les gens cesserent de reprocher a d'autres de ne pas realiser leur propre reve ils prirent leur responsabilités et tenterent de faire le monde a leur image non le theatre permanent ne pretend pas realiser le mythe dont vous etes a la recherche je suis desole il est ce qu il est avec des faiblesses par exemple c'etait gratuit gratuit parce que j'aime que les gens puissent revenir sans contrainte j'aurais aimé avoir une discussion avec vous mais en une soirée sur un travail inachevé vous aviez deja compris que encore une fois ce n'est pas la que se trouvait la solution de votre probleme je voudrais vous rassurer personnelement je crois que les grandes choses ne se font pas en une fois 60 minutes courage! vous evoquez un "grand debat politique amical dans lequel le corps intervient aussi" faites le je compte sur vous parce que je ne comprend pas tres bien de quoi vous voulez parler et votre engagement m'est necessaire. maintenant je comprendrai que vous puissiez avoir d'autres choses a faire.