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Les gays pourront-ils donner leur sang?

Publié le 26 décembre 2009 par Pitoune

image Davantage touchés par le sida, les homosexuels sont toujours bannis du don de sang. Mais la donne est en train de changer grâce à la fiabilité des tests. Après le Portugal, la Suède vient d’autoriser la pratique. La Suisse pourrait suivre.

En 2009 en Suisse, un homme homosexuel en bonne santé ne peut toujours pas donner son sang. Au même titre que les toxicomanes ou les hétérosexuels ayant des relations sexuelles avec un partenaire connu depuis moins de six mois. But de ces restrictions: réduire au maximum, par précaution, les risques de contamination par transfusion, du sida ou de l’hépatite. Mais le vent est en train de tourner.

Le Portugal ou l’Italie autorisent déjà les gays à faire don de leur sang. Dernière en date, la Suède lèvera l’interdiction en mars 2010, à condition que le donneur n’ait pas eu de rapport avec un autre homme durant l’année précédente. En France, après un vif débat, les homosexuels n’ont par contre pas été entendus. Qu’en est-il en Suisse, où certains cantons urbains souffrent de pénurie de sang?

«Notre pays ne fait malheureusement pas partie des Etats courageux, critique Jean-Daniel Tissot, médecin-chef du Service vaudois de transfusion sanguine. Certains principes de précaution sont pourtant inutiles». La Suisse se distingue par des critères d’aptitude particulièrement stricts qu’il s’agit de réviser, soutient le médecin. Et cela grâce aux tests de dépistage actuels, extrêmement fiables, auxquels est soumis chaque prélèvement. «Il n’y a ainsi pas davantage de risques à accepter le sang d’un homosexuel qui a une relation stable que celui d’un hétérosexuel», poursuit Jean-Daniel Tissot, même si les gays restent près de cent fois plus touchés par le virus du sida que les hétérosexuels. Le médecin a bon espoir de voir disparaître cette «discrimination»: «A mon avis, la pratique va changer dans une année ou deux.»

Le spécialiste pourrait être entendu. Un groupe de travail planche sur la question au sein du Service de transfusion sanguine de la Croix-Rouge suisse, qui chapeaute les centres et évalue les critères de dons, dont les minimaux sont fixés par le Conseil de l’Europe. Ses conclusions sont attendues l’an prochain. «La Suisse pourrait aller dans le même sens que la Suède…» ose Rudolf Schwabe, directeur du service.

Un tel changement de pratique serait applaudi par les représentants des gays et les professionnels de la prévention sida. Même si ce combat n’est pas une priorité. «Il est vrai que les gays restent la population la plus touchée par le VIH, explique Deborah Glejser, porte-parole du Groupe sida Genève. Mais le problème est que le questionnaire médical auquel doivent répondre les donneurs se base sur l’appartenance à un groupe et non sur le comportement effectif des gens. Il est temps de se rendre compte que les gays peuvent avoir des relations fidèles.» Bannir à vie les homosexuels du don de sang s’apparente ainsi pour beaucoup d’entre eux à un stéréotype malsain qui verrait dans chaque gay un porteur du virus. L’association Pink Cross avait déjà dénoncé cette «absurdité» à plusieurs reprises. Pour Jean-Paul Guisan, son secrétaire romand, «il est temps de donner autant de poids à la parole d’un homosexuel qu’à celle d’un hétéro, lorsque celui-ci affirme qu’il est fidèle ou chaste».

La longue liste des exclus

- Avant de donner son sang, le volontaire doit remplir un questionnaire. Celui-ci détermine s’il peut être refusé par le service de transfusion, car présentant des «situations à risque». Sont exclus «à vie»: les gays sexuellement actifs avec un ou plusieurs hommes, les prostitué-e-s, les porteurs du virus du sida, de l’hépatite B ou C ou de la syphilis, les toxicomanes (passés ou actuels) et les personnes souffrant de maladies de la coagulation. Sont exclus plusieurs mois: ceux qui ont séjourné six mois dans une région où sévit la malaria, les individus ayant eu des rapports sexuels, protégés ou non, avec de multiples partenaires au cours de la dernière année ou ayant changé de partenaire les six derniers mois, etc. Pour Jean-Daniel Tissot, médecin-chef du service de transfusion vaudois, cette liste doit être raccourcie. «L’interdiction d’accepter le sang des transfusés n’a jamais montré son efficacité. Il faut aussi rediscuter les délais d’exclusion pour ceux qui ont changé de partenaire sexuel.»

Alors que les besoins en sang ne cessent d’augmenter, le nombre des donneurs ne suit pas. Si la Suisse semble s’autosuffire avec 300 000 donneurs pour 400 000 dons, ce n’est pas le cas de Genève ou Vaud, qui doivent parfois importer du sang d’autres cantons.

Source et date de l'article TDG.ch 24.12.2009

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