Prenant acte de l’échec du Sommet de Copenhague et de l’absence d’accord entre les pays participants, le président Bolivien Evo Moralés a annoncé que son pays organisera en avril 2010 un un Sommet Mondial des Peuples. Un sommet alternatif, sans chefs d’Etat et délégations officielles, uniquement composé d’experts, d’universitaires et de mouvements sociaux, dans l’objectif de peser sur le prochain Sommet sur le Changement climatique qui se déroulera en décembre 2010 au Mexique.
Evo Moralés estime que l’échec de Copenhague est imputable aux nations industrialisées qui ont seulement choisi d’analyser les effets du changement climatique, et non pas les causes. “Les causes du réchauffement global de la planète vient de l’industrialisation illimitée et déraisonnable promu par les grandes puissances qui ont contaminé l’atmosphère et mettent en danger la vie des êtres vivants, et pas seulement des humains”.
Le président d’origine amérindienne juge que la crise écologique actuelle est avant tout une crise de civilisation dont la solution ne réside pas dans la voie technologique mais, dans une remise en cause du système capitaliste. “Il est nécessaire de comprendre que sa maladie a un nom: le système capitaliste mondialisé. Il n’est pas suffisant, pas juste, de dire que le changement climatique est le résultat de l’activité des êtres humains. Il est nécessaire de dire que c’est un système, une façon de penser et de sentir, une façon de produire la richesse et la pauvreté, un mode de “développement” qui nous conduisent au bord de l’abîme” a-t-il notamment déclaré dernièrement.
Au delà de son dogmatisme l’approche d’Evo Moralés se singularise au moins par deux points. D’une part l’exemplarité qu’il prête aux populations autochtones au regard de leur faculté à vivre en harmonie avec leur environnement, notamment leur absence de marchandisation et d’exploitation de la terre. D’autre part, ce qui constitue son cheval de bataille : l’adoption par l’ONU d’une déclaration des droits de la Terre nourricière (Pachamama). On pourrait en rajouter un troisième, le refus de voir privatisatiser certains biens considérés comme communs, l’eau en particulier.
Avec une réélection réussie et un système économique dominant qui a frisé l’infarctus, 2009 a bien failli voir le président Moralés doublement exaucé. Reste la question existentielle. Existe-t-il une vie économique après le capitalisme ? En l’absence de modèle alternatif, on peut en douter.
L’erreur serait pourtant de ne voir dans l’épisode de 2009 qu’une simple crise qui débouchera tôt ou tard par un retour “à la normale”. Plus que d’une poussée de fièvre épisodique le collapsus auquel nous avons échappé témoigne d’une mutation irréversible de l’économie unternationale dans un monde qui après des siècles d’expansion voit aujourd’hui ses horizons se réduire.
Un monde s’achève, un nouveau reste à inventer. Tout l’enjeu est donc de sortir de cette “crise” autrement que comme nous y sommes rentrés, a minima par une refondation du capitalisme.
A priori pourtant, la leçon n’a pas été comprise par tout le monde. Le secteur de la finance en particulier qui a renoué avec ses vieux démons démontrant ainsi une nouvelle fois que l’appât du gain prime sur tout. L’intelligence entre autres, si l’on considère que celle-ci ne consiste pas à na pas faire d’erreurs mais plutôt, à ne pas les réitérer.
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