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Michel Schooyans, Avec près de 6 milliards d'habitants n'a-t-on pas atteint les limites de la capacité porteuse de la terre?

Publié le 27 décembre 2009 par Walterman
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a) Comme la « surpopulation », la « capacité porteuse de la terre » est une notion totalement relative… Les limites de la « capacité porteuse » de la terre sont rigoureusement indéfinissables parce qu'elles sont, rigoureusement parlant, indéfinies : il est impossible de les déterminer.

Pourquoi est-il impossible de les déterminer ? Tout simplement parce qu'il est heureusement impossible d'assigner une limite quelconque à la capacité d'intervention de l'homme dans le monde.

Sans aucunement forcer le paradoxe, on peut donc dire, avec l'économiste Sheldon Richman, qu'en fin de compte, il n'y a pas de ressources naturelles…

b) Les Indiens du Texas ont vécu pendant des siècles sur des gisements de pétrole qu’ils n'ont pas su exploiter. Tant qu'il était simplement là, le pétrole était une chose. Il n’est devenu ressource naturelle qu'à partir du moment où les hommes s'y sont intéressés, en ont fait une source d'énergie et la base d'innombrables produits chimiques.

Le titane, découvert à la fin du XVIIIe siècle, n'est devenu une ressource naturelle qu'à partir de 1947, lorsque sa légèreté, sa dureté et sa résistance à la corrosion ont commencé à être exploitées dans l'industrie aérospatiale et plus tard en chirurgie. De tous les éléments chimiques qu'on trouve sur terre, c'est un des plus abondants : il vient en neuvième position. Ce qui en a fait une ressource naturelle, c'est le génie de l'homme.

Le silicone a été découvert à la fin du XVIIIe siècle. Après l'oxygène, c'est l'élément chimique le plus abondant sur terre, où il se présente notamment sous la forme de sable. Utilisé traditionnellement pour la céramique, il est largement employé en métallurgie. Cependant, depuis quelques décennies à peine, il est à la base de la révolution électronique. Plus récemment encore, sous la forme de fibres optiques, il a révolutionné les méthodes de diagnostic médical ainsi que les télécommunications.

Les « motoristes » s'appliquent à mettre au point des moteurs d'avion moins gourmands. Lorsqu'ils produisent un moteur consommant 30 % de kérosène en moins que le même moteur de la génération précédente, ces motoristes augmentent d'autant les réserves de pétrole.

Le vent est utilisé depuis des siècles par les Hollandais, d'abord pour assiéger les polders  (c'est-à-dire des territoires conquis sur la mer) et pour moudre le blé, ensuite pour produire de l'électricité.

Les recherches en agronomie et en zootechnie ne cessent de progresser. Dans les pays du tiers-monde, seuls les tenants d'une vision archaïque de l'agriculture et de l'élevage continuent à gérer la terre comme si les hommes étaient du cheptel et comme si les rendements des sols étaient condamnés à être ce qu'ils ont toujours été.

c) Le Japon a compris très tôt que la ressource primordiale - et pour ainsi dire unique - dont il disposait, c'est l'homme. C'est pourquoi il a réalisé - et continue de réaliser - un effort exemplaire dans l'éducation et la formation professionnelle de sa jeunesse.

d) En conclusion, on peut dire que la ressource principale, et même unique, de l'homme, c'est son intelligence et sa volonté libre, par lesquels se manifeste le plus explicitement sa ressemblance avec Dieu. Grâce à ces dons éminents, l'homme à la capacité d'améliorer constamment son rapport à la nature d'apporter aux éléments de celle-ci un surcroît de valeur, de transformer des matériaux en biens, de mieux organiser la société. C'est faire injure à sa dignité que de présenter l'homme comme un consommateur prédisposé à détruire le milieu ambiant, ou comme un prédateur programmé pour défendre son espace vital.

Michel Schooyans, Bioéthique et population : le choix de la vie, Le Sarment/Fayard 1994, p. 230-233


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