Je profite d'une petite pause entre deux repas de six heures garnis de foie gras et autres magrets fort goûtus accompagnés de vins blancs extasiants pour vous emmener faire une petite visite dans un endroit bien précis de mon sud natal.
Ne vous attendez pas à de magnifiques tableaux de garrigue ou de pinèdes fleuries, ce ne sera rien de tout ça.
Figurez-vous que mon coup de coeur de ces vacances de Noël est logé à droite après l'entrée, dans l'église d'un village de 1600 habitants.
Que ceux que cela tente me suivent, je les emmène à Saint-Géniès des Mourgues.
Quand j'étais enfant, chaque année avant Noël, nous partions, parents, enfants, tous les grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines et même le chien, à 20 kilomètres de Montpellier, pour une journée entière.
Notre destination annuelle, au pied du Pic Saint-Loup, portait le bizarre nom de Saint-Jean de Cuculles.
En décembre, dans ce petit coin paisible d'à peine deux ou trois centaines d'habitants, se déroule une fête de deux jours, consacrée aux Santons.
Si, vous savez, ces petits personnages représentant les anciens métiers artisanaux ou agricoles, qui remplissent ou entourent nos crèches de Noël.
Le but, pour chacun d'entre nous, était d'abord de passer une journée magique, comme elle peut l'être pour des enfants dans un parc d'attractions, entourés de tous ces personnages qu'on ne voit nulle part ailleurs le reste de l'année. Puis, il nous fallait dénicher LE santon introuvable, celui que l'on aurait jamais imaginé venir garnir notre crèche, celui pour lequel on aurait un coup de coeur. Ce n'était pas chose facile au beau milieu de ces centaines de créations toutes plus belles les unes que les autres.
Des stands d'artisans exposés partout, des spectacles et mises en scène humaines avec des comédiens vêtus du costume de la lavandière ou du forgeron, des grillades, je vous recommande vivement de faire cette balade le jour où vous passez dans le coin.
Les années passant, pour diverses raisons, nous n'avons plus fait de crèche à la maison, si bien que nous ne sommes plus retournés à Saint-Jean de Cuculles, à notre grand regret, nous les enfants. Pour ma part, grâce à ces expéditions annuelles, j'ai toujours vu dans les santons la magie du passé, une histoire racontée qui donnait à Noël et au Sud une authenticité que je ne leur trouve plus aujourd'hui.
Il y a quelques jours, mes grands-parents ont vu au journal télévisé un reportage dans l'église de Saint-Géniès des Mourgues. Deux particuliers, passionnés de santons, montent une immense crèche de Noël depuis des années et celle-ci a depuis peu élu domicile dans la fameuse église. Ma soeur vivant dans ce village, nous nous sommes dit que ça ne coûtait rien d'aller y faire un tour.
Sans franchement d'enthousiasme, juste histoire de voir.
Il n'a fallu qu'une seconde, en entrant dans cette église, pour que nous retrouvions, grands-parents et petites-filles, nos yeux d'enfants.
Cette crèche est une création sublime, une promenade dans divers pays, divers siècles.
Il suffit de s'en approcher pour se plonger dans l'histoire de la naissance du petit Jésus (qu'on y soit sensible ou non), dans le quotidien des villageois, dans leur dur labeur sans commodités, dans le naturel d'une existence qu'on ne connait plus de nos jours.
Beaucoup de santons sont automatisés. La lavandière bat le linge, le forgeron brûle le métal pendant qu'un autre, à l'aide d'un soufflet lui transmet la chaleur nécessaire, un paysan fait tourner son âne autour de ses cultures, les rois mages montent une colline suivis de leurs chameaux, le petit Jésus dort dans son nid de paille, les bergers font avancer leur troupeau ... Et personnellement, j'ai eu un coup de coeur pour le pêcheur qui ferre son poisson puis le fait surgir de l'eau.
Les plantes sont des légumes secs germés, les lumières scintillent de part et d'autre, les actions de chacun des santons forment un discret brouhaha qui fait qu'on s'y croirait vraiment.
L'un des créateurs nous a confié qu'il fallait un mois de construction pour en arriver à ce résultat, que je peux qualifier, sans penser me tromper, de magnifique.
Nous étions ébahis comme il y a vingt ans, à Saint-Jean de Cuculles, et si nous avions pu explorer les moindres recoins de cette crèche, nous serions restés des heures.
Nous sommes repartis les yeux pleins de magie, nous disant que nous aurions vraiment été bêtes de ne pas y aller, et à coup sûr, nous y retournerons l'an prochain.
Dans l'immédiat, je retourne savourer mes dernières journées de prises de kilos à coup de choses chères et caloriques, en essayant de ne pas penser qu'en 2010 il va falloir les reperdre.
Belle journée à toutes et tous.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble