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Soyez gentils, ne me parlez plus de la Bretagne.

Publié le 28 décembre 2009 par Grand Corleone

J'aime bien la période de la fin d'année, avec ses bilans et ses bonnes résolutions en gestation. C'est beau, c'est noble, c'est hautement constructif. Et puis ça permet d'être un peu acerbe, de balancer le lest de tous les trucs qu'on n'a pas franchement digéré pendant les derniers trois-cent-soixante-cinq jours. On attendra septembre prochain pour le grand pardon, pour l'heure on peut régler les comptes, vieille tradition sicilienne.
Cette année, donc, ne comptez pas sur moi pour faire le mariole qui connaît trois mots de breton et vous assène à nouveau le traditionnel "bonne année" dans la langue du Barzaz Breizh.
C'est que la situation a tant évolué - et malheureusement pas dans la bonne direction - que désormais tout ce qui touche au pays du biniou me rend morose.
Oh, bien sûr, je garde une profonde affection pour les amitiés indéfectibles que j'ai nouées là-bas. Pas un de ces amis ne quitte mon cœur. Leur fidélité et leur présence, y compris à travers ce blog, me sont précieuses et participent à mon bonheur. Je n'oublie pas non plus que ma propre sœur a choisi la terre celte pour s'y construire une nouvelle vie.
Mais que sont ces adorables attachements face aux zones d'ombre, aux blessures, à la douleur même, infligées, qui par un alter paraît-il ego dont je n'ai jamais compris les (in)décisions, qui par le plus parfait spécimen d'ignoble s... pénélope qu'il m'ait été donné de rencontrer, une chose sans âme qui ferait passer Milady de Winter (pas la chanteuse, hein, mais l'intrigante empoisonneuse) pour une sainte. Même une boîte de Canigou™ trouve plus de grâce à mes yeux, puisqu'on y découvre au moins de la cervelle et du cœur. Pour cette utopie, ce rêve d'une vie enfin apaisée, là où je désirais enfin poser mes bagages, j'ai renoncé à un cœur pur, un sourire franc, des doigts de fée qui savaient aussi bien disséquer de pauvres souris qu'écrire avec humour des mots qui vous illuminent.
J'ai perdu lourd, dans cette folle obsession qui fut la mienne et j'aime autant vous dire que, depuis, je l'ai mauvaise; capitaine Achab du pauvre qui s'est perdu à trop poursuivre sa baleine noire et blanche brodée d'hermines. Pauvre idiot au cerveau noyé d'écume. Ce n'est pas comme si je n'avais jamais lu Moby Dick. Il y a des légendes qui racontent comment certains sont devenus fous à trop danser avec les korrigans, la nuit venue, autour des cercles de pierre... Mes regrets et ma tristesse sont tels que ce blog - confident et psychologue à peu de frais - ne pourrait les contenir tous. Pour réussir à vivre chaque jour sans être assailli par les fantômes des landes de ma mémoire, j'ai tourné bien des pages, largué bien des amarres. J'y ai gagné un peu de légèreté, je crois, heureusement.
Aujourd'hui je coupe une amarre supplémentaire. De quoi sera fait 2010 ? Je n'en sais rien et je m'en fous. Mais je sais qu'elle ne sera pas faite d'un retour en Bretagne. Pas plus que les années suivantes. Malgré la beauté de ses paysages, la richesse de sa culture et les amis qui y vivent, je ne suis pas près d'y retourner. Je n'en ai ni la force, ni l'envie.
Alors pour le prochain blog (ou site, je ne sais pas encore), on va oublier Kouigna-Man, les blagues anti-Normands et les deux ou trois mots de bretons que j'aimais citer, et c'est en toute simplicité, mais du fond du cœur que je vous souhaite d'ores et déjà de réussir au mieux l'an qui vient.
Bon courage à tous et à bientôt.
Bertrand, alias Diablo Corleone.
(Note à benêts : Les commentaires de cet article sont modérés.)
Rideau.


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