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Parce que la vie et la nuit nous appartiennent

Publié le 28 décembre 2009 par Leschatserrants

Parce que la vie et la nuit nous appartiennent

La ville, pour la première fois, s’offrait totalement à moi : je n’avais plus de contraintes imposées, ce dont je profitais depuis déjà 2 jours. Et pourtant, j’ai fini la journée a errer dans les divers cafés de Paris toute la journée, goûtant à chaque fois à tout ce qu’il y avait à la carte. C’était horrible et délicieux, je n’avais rien à faire et que du temps libre devant moi.

A la nuit tombée, je me suis levée d’un Starbucks, décidée: je savais où aller.

Je me suis donc retrouvée à dormir avec des clochards à Charles de Gaulle. Enfin, j’ai essayé mais j’ai fini par déclarer forfait quelques heures après quand j’ai fouillé dans mes poches, qui étaient vides. Il me fallait des cigarettes, absolument, et vu l’heure tous les magasins étaient fermés. Vivre dans la rue, c’était un truc trop dur pour moi. J’avais besoin d’aide.

J’ai sorti mon portable et j’ai composé le numéro de la plus grande fumeuse de Paname, la seule personne au moins aussi paumée que moi et qui m’accueillerait à bras ouvert si je débarquais à 1h chez elle: N.

A mon arrivée chez elle, l’ambiance dans son 200 m2 était encore plus glaciale que le temps dehors.  Les invités étaient vautrés sur les poufs, et la musique était nulle à chier. Ca m’a désespérée. Je suis allée au buffet me servir un grand verre de whisky, histoire de me réchauffer. J’avais l’impression d’être telle un extraterrestre dans un champ de mais, ne connaissant personne.

Mon 4ème verre était presque à moitié vide quand j’ai senti des mains, celle de N. s’enrouler le long de mes hanches.

Un de ses potes, improvisé DJ, a mis une musique sexy, un truc sur lequel on pouvait bien remuer notre popotin et espérer réveiller les deux trois personnes pas encore endormies.

Ça a marché. Une minute après, on était bien entourées et on se trémoussait comme des folles.

J’ai fermé les yeux et oublié les autres, ce qui polluait mon esprit. Il n’y avait plus que la musique qui comptait.

A., O. et moi écumons les boites le week-end -ou du moins nous le faisions jusqu’à il y a pas si longtemps. C’est un privilège d’adulte qui nous est accordé en dépit de notre âge et nous élève de 20 bons centimètres. Si vous saviez comment je me permets de regarder de haut les gens dans ma classe qui n’ont pas la même vie que moi et passent leurs samedis à regarder la télé!

On alterne fêtes, soirées, boites, fêtes, fêtes, soirées, quand on le peut. Au début on en voulait chaque fois plus et aujourd’hui je n’ose pas m’avouer que ça me lasse.

Il y a quelque chose de pathétique et frénétique dans le fait de passer non stop nos nuits à boire et à danser, un quotidien génial et terrible. Les rencontres que je fais, on le sait tous, ne dureront que le temps d’une nuit- il y a quelque chose de triste quand on en attend plus, mais le crépuscule a ce côté irrésistible qui nous pousse à y retourner quand même. Je ne fais que rechercher quelque chose sans lequel je suis incomplète, et la nuit devient une course effrénée.

Il m’arrive le matin, de me poser et me demander ce que j’y ai fait de bon…avant de repartir pour un tour. C’est une drogue.  Je ne pense plus à mes hauts et mes bas, je ne pleure plus sur mon pauvre petit nombril pierçé, non tout est plus simple…

Moitié titubant et hurlant comme des hyènes,  N. et moi sommes montées dans sa chambre en trébuchant sur chacun des couples assis à se bécoter (et plus si affinités). La, des gars l’air tellement cool qu’ils n’auraient probablement jamais pu supporter les problèmes que je me trimbalais, étaient en train de rouler un joint, et se disputaient sur la quantité de beuh à mettre. Pour départager, deux d’entre eux l’ont pris, ont disposé de manière précautionneuse et sur toute la surface la beuh, ont roulé le joint et ont brulé le bout. Une fois leur œuvre d’art finie, les cris ont recommencés, parce que chacun de ces gamins voulaient prendre une taff et qu’il y en avait pas assez pour tout le monde.

J’étais émerveillée, c’était quand même tout un art!

N. a pris le joint et en a tiré une grosse taff, qu’elle a  pris tout son temps pour la savourer, et me la filée sous les  sifflets des mecs qui l’avaient mauvaise. J’ai juste crapoté vu tout ce que j’avais bu, et j’ai fait tourné.  N. s’est assise et comme toujours quand elle est bien faite, a commencé à faire des conneries, du style faire joujou avec mon chemisier en tripotant les boutons histoire que je me montre bien, quoi.

Les gars étaient tellement concentrés sur le prochain joint, pour capter quelque chose, sauf un qui s’est rapproché de nous avec un regard lubrique. Il s’est assis sur un fauteuil en tapotant son genou, sur lequel N. est venue s’assoir en moins de deux et a fait les présentations: c’était son mec.

-Alors comment tu la trouves? Elle est pas mignonne, ma copine?

-Si, si, il a dit. T’es célib?

-Ca dépend…

-De toute façon, m’a coupé N.  d’un regard plein de sous entendus (c’est-à-dire légèrement vitreux), elle a ses raisons. Elle préfère les meufs, pas vrai?

Son gars a immédiatement eu l’air intéressé. Vu que c’était l’occasion pour moi de me la péter, je me suis relevée et assise sur son genou libre, je l’ai regardé bien droit dans les yeux, et comme il avait pas trop fumé, ses pupilles étaient, heureusement, normales.

Agressive, j’ai attaqué:

-De toute façon, t’es pas une meuf, alors je fais ce que je veux de ma chatte.

Ça a rendu dingue ma potesse, qui s’est jetée sur moi pour me désaper carrément sous l’œil ahuri de son mec. Ok, ça fait cliché, mais je me suis pas gênée pour l’embrasser à pleine bouche et passer mes mains dans son soutif et ses tétons qui pointaient grave. Je sentais les mains de son gars nous caresser, mais j’en avais rien à foutre de lui, j’avais juste envie de rester dans mon trip et d’embrasser Natacha qui n’avait pas arrêté de me chauffer toute la soirée.

Par égard pour A., j’aime pas trop, en général, faire croire aux gens que je suis lesbienne, parce que c’est faux, je ne suis qu’une poseuse qui veut s’amuser un peu. Mais bon, cette fois-ci, j’ai pas trop écouté la voix de la raison, mais quand le gars a commencé à promener sa langue sur mon cou, je me suis dit que le plan à trois ce serait pour une autre fois.

J’ai décollé ma langue de celle de Natacha avec un sourire et je les ai planté la.

En bas, l’ambiance était enfin revenue et tout le monde dansait en gueulant les paroles de “Smells Like teen Spirit” à tue-tête, et super mal évidemment. Après ils ont mis quelque chose de plus, on va dire, lascif, de la manière qu’il fallait pour qu’un mec se colle à moi la minute d’après. La musique, c’était le genre qu’ils passent dans les films quand une meuf fait un strip tease, alors ça m’a donné des idées. Je continuais de danser, mais tout en le faisant, j’ai éloigné progressivement le mec de la piste jusqu’à un canapé, le tenant par le bout de la cravate. Je l’ai poussé et il est tombé sans faire d’histoire. M’asseyant sur lui, j’ai défait un à un les boutons de sa chemise en l’embrassant. J’en étais à ceux de son jean quand je me suis aperçue qu’on attirait l’attention de tous les autres qui faisaient des « Houhou! » et que ça gênait le gars qui essayait de se rhabiller.

Je l’ai libéré en le trouvant bien pitoyable.

Puisque les gens ici n’étaient que des gamins peureux et que je n’avais aucune envie de faire la bête à deux dos avec Natacha et son mec, je m’emmerdais franchement. J’avais plus envie de boire, ni  de danser -d’ailleurs la musique était couverte par les discutions : d’une part ceux qui chambraient le gars que j’avais dessapé, ceux qui trouvaient que j’étais vraiment…bon,une fille pas fréquentable et ceux qui commençaient à discourir sur des sujets passionnants, genre, les devoirs à faire pour lundi.

Les discussions typiques d’une bande d’ados friqués. Si je fréquentais des gens de ce genre, c’était pare que j’en avais les moyens. Mais quoi qu’il arrive, j’étais la petite noire excentrique, celle qui se tapait le moins de gars et sur qui on pouvait jouer à fond la carte de l’exotisme. Comme toujours je me retrouvais à perdre mon temps avec une bande de cons.

Toujours, les gamins de mon âge n’étaient que des…gamins. Trouillards, intolérants, idiots, ils me font chier. Ils sont jeunes mais se comportent comme des vieux croutons ne se préoccupant que de l’apparence, du qu’en dira-t-on. Ils ne vont jamais assez loin, comment peuvent ils être surs d’être vraiment en vie?

Maintenant qu’ils étaient tout la, à me mater comme des veaux car je représentais pour eux la folle de service. Cela m’obligeait à satisfaire leur désirs, à rester fidèle à ma réputation.

Comme toujours, les idées géniales et salissantes n’ont pas mis bien longtemps à germer dans mon esprit.

Natacha, un peu débraillée, un peu éméchée, est descendue de la mezzanine, une bouteille de champagne appartenant à ses parents dans la main. Evitant de peu le bisou baveux qu’elle me réservait, je lui fis ouvrir la bouteille. Avant même qu’elle ne trouve des flûtes à champagne, je partis avec la bouteille retrouver ma victime de tout à l’heure, qui à présent, était occupé à se vanter, entouré de potes.

La, bien en appui, mon arme à la main, je lui versais du champagne au visage.

Franchement, dans d’autres circonstances, cela aurait pu mal se finir. Heureusement pour moi, cette fois la, cela se transforma juste ne une joyeuse champagne-party.

Une fois leur surprise passée, certains coururent se réfugier dans des endroits surs comme les toilettes, d’autres participèrent tout en prenant photos et vidéos, ou fuirent pour revenir les mains pleines d’eau à balancer ou me volant la bouteille pour m’arroser à mon tour.

Sans pitié ni pour le parquet ni pour les murs, les vodkas, smirrnoff, whisky, bierre et les softs restants furent utilisés comme armes. Chacun sauvait sa peau tant qu’il le pouvait.

Le champagne dégoulinait sur mon visage et mes mains, me rendant totalement poisseuse.

Mais l’essentiel était que j’étais fière de mon œuvre. J’avais mis du piquant, ou plutôt de l’alcool, dans cette soirée planplan et la plupart des invités riaient et s’amusaient.

Vraiment, quel être merveilleux je suis, à apporter le bohneur aux gens sans même me faire payer en retour.

Vous savez quoi? Il devrait en avoir plus des comme moi.

Bon après, je suis parti explorer la chambre de Jérôme, frère de Natacha. Je suis entré très discrètement et ai allumé la lampe halogène. Je me suis jetée sur  son lit à la couette et aux draps roses, mais ce que j’ai senti sous mon dos, n’était pas normal, ça non. Alors j’ai hurlé. Et la chose aussi. Elle s’est dépêtré de la couette et m’a regardée avec des yeux furieux.

-Mais bordel, qu’est-ce que tu fous ici?j’ai crié.

-Mais je suis dans ma putain de maison!, il s’est écrié d’un air indigné.

J’ai fait mime de m’en aller, vexée, et il m’a rattrapée en sautillant, tout emmitouflé dans sa couette.

-Excuse-moi…Tu veux dormir?

-Ouais.

Il a éteint la lumière et m’a ramenée dans son lit.

Il me faut préciser que j’ai passé toute mon année de seconde chez Natacha à squatter chez elle, parce que c’était bien mieux que de crécher chez moi, alors ici, c’est un peu comme ma deuxième maison. En fait, on est devenue potes par la force des choses. Chaque fois que je faisais ma pause clope, à midi et pendant les récrés elle venait me taxer mon briquet, et elle me faisait rire à raconter des conneries de défoncée, du genre qu’elle avait passé ses vacances avec Johnny Depp et qu’il lui avait signé des autographes, ou que si elle voulait, elle pouvait sauter du toit du bahut et atterrir au Canada. Elle était accro à la fumette comme moi, mais j’ai toujours été persuadée que c’était pire pour elle, parce que le joint ça a des conséquences plus néfastes. Par exemple, elle était incapable de suivre les cours qu’elle séchait pas sans tirer un coup avant, et quand elle était assise dans la classe, elle était totalement deux de tens’, ne pouvant même pas  répondre aux questions des profs. Mais elle était tellement habituée aux joints qu’elle pouvait plus s’en passer et elle se sentait mal, carrément à poil, sans.

Si possible, son frère était encore plus fort. Il s’était fait viré de 4 écoles dont une d’ingénieur, une autre d’art, une de journalisme et la dernière d’architecture. Il avait ensuite fait une prépa  pour sauver l’honneur familial mais avait échoué à Sciences-Po, Hec et l’ENS. Etant à présent la honte de la famille, ses parents le cachaient des yeux des autres en le cloîtrant dans leur appartement. Et s’il avait échoué partout, c’était entre autres parce qu’il passait une bonne partie de son temps libre à déconner et fumer joint sur joint avec ses potes (c’était lui qui avait initié sa sœur). Ce gars était un pur: il n’avait jamais pris de cigarette de sa vie, que des joints! Quand ses notes s’étaient mises à chuter désespérément, il avait promis, et essayer, d’arrêter. Il avait du tenir en gros 3 semaines, et je suis gentille, pendant lesquelles il avait tout fait pour remonter son niveau. Mais sa sœur, qui, elle au moins, ne faisait jamais de promesses qu’elle ne pouvait tenir, avait été l’instrument de sa défaite, proposant à l’homme faible qu’il était, un joint. Ensuite la spirale infernale avait continué: plus il se faisait enfoncer par ses parents à cause de son échec, plus il déprimait, et plus il fumait pour ne plus penser à ses contrariétés, et plus il en avait besoin, et plus il échouait. Je suis persuadée qu’il ne sait pas arrêté aux joints…

J’avais donc beaucoup de sympathie pour lui, en tant que future ratée des études que j’étais. En plus, il était mignon.

2 raisons excellentes pour partager un lit bien chaud.  Somnolant doucement, j’étais dans cette passerelle semi-comateuse qui sépare le rêve de l’éveil quand j’ai sentit que non seulement  Jérôme ne dormait pas, mais qu’en plus il n’en avait pas l’intention.

Je me suis retournée pour me coucher en chien de fusil, dos contre lui. Alors, il m’a posé la question qui tue:

-Dis, tu dors?

J’ai fait celle qui l’était.

Il s’est écoulé 5 bonnes minutes avant que je sente de nouveau quelque chose. Cette fois, c’était sa main qui le plus doucement et le plus lentement possible, ouvrait mon jean. Puis ses doigts ont effleuré ma culotte, comme s’ils essayaient de faire du patin dessus. Puis ils se sont mis à presser et caresser mon bas-ventre et mon nombril. Comme c’était agréable,  j’ai décidé de continuer de lui faire croire que je dormais. Il a collé ses jambes aux miennes, a mis ses deux bras autour de moi, et après je ne me rappelle plus.

Si je me suis endormie satisfaite, le réveil a été brutal. Natacha a déposé ses mains glacées sur mes joues et m’a donné 4 claques qui m’ont réveillée en sursaut. Après, je l’avais bien mauvaise.

-Faut que tu te tires, elle m’a fait en me balançant mes affaires en pleine tronche.

Peut-être qu’elle avait juste la rage que j’aie dormi avec son frère, qui pendant ce temps là, ronflait comme un bienheureux. Ou alors que j’ai saccagé sa maison.

En tout cas, je lui ai volé deux paquets de clopes, et elle m’a prêté des fringues, vu que je ne savais pas quand est-ce que je reviendrai chez moi- si je devais jamais y revenir. J’étais toute groggy, avec le cerveau comme de la pâte à modeler et la voix de Mickey Mouse.  Je marchais à deux à l’heure. Quand je suis allé au salon histoire de grailler un peu,  Natacha sur mes talons, j’ai vu que le autres prenaient tout leur temps pour se réveiller. Tout était vraiment trop bizarre ici, de toute façon. J’ai insisté pour ne pas m’en aller seule, qui a attendre les autres qui devaient se préparer.

On a fini par quitter sa maison comme un troupeau de chèvre pendant qu’elle jouait le berger. En guise d’au revoir, elle m’a quand même dit que plaquer l’école, c’était ce qu’on devrait tous faire. Suivez l’exemple, les jeunes.

Dehors, il faisait à nouveau froid, et j’étais encore seule. J’ai allumé mon mp3, et ai mis “Forever young”, d’Alphaville.

« Let’s dance in style, let’s dance for a while. heaven can wait, we’re only watching skies… »

Cette chanson me déprimait mais elle était trop belle pour que je la zappe. Si je pouvais rester comme ça toute ma vie…aussi conne et aussi libre… J’ai levé mes bras comme un hélicoptère et j’ai commencé à danser dans la rue, sous les regards étonnés des passants.

Fini tout les problèmes, comment ai-je même bien pu en avoir? Pourquoi le moindre échec deviendrait une catastrophe mondiale?

Rien de tout ce qui m’entourait n’était sérieux. Ce monde n’était qu’un amas de lumières et de sons qui mourrait tout ou tard, nous avec.

La seule chose intelligente à faire était d’en profiter, le plus possible, oui jusqu’au bout.

Peut-être que je suis délicieusement superficielle…Non, je le suis.

Mais peu importe : il parait que je vis les meilleures années de ma vie, celle ou la vie nous appartient.


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