Magazine

Contes de l'ordi sacré : Gudule au centre de la terre 27

Publié le 29 décembre 2009 par Porky

Najac-Lilas-3.jpg

EPISODE 27 : Où un visiteur TRES inattendu ajoute à la gabegie qui règne depuis un certain temps dans le Palais Impérial... 

Sur le seuil se tenait un fort bel homme d'une quarantaine d'années, grand et mince, large d'épaules, au visage avenant, aux grands yeux sombres ; ses cheveux, très courts, étaient bruns au milieu et grisonnaient sur les tempes. Il était vêtu d'un très élégant costume noir, d'une chemise noire à dessins brodés sur le col, d'un gilet de soie orange ; à son cou, était nouée une lavallière, orange également. Ses chaussures noires, vernies, luisaient dans l'obscurité du couloir. Une cape noire, soyeuse, était posée sur ses épaules et il tenait à la main une canne à pommeau en forme de cochon, en or. A l'annulaire de la main gauche, scintillait un énorme rubis enchâssé dans une monture de platine, sertie d'une cinquantaine de petits diamants. Il dévisageait l'assemblée ébahie avec un léger sourire sardonique et son regard brillait d'une indéniable malice.

« Mince ! fit le Prince Logarithme, ébloui. Ca, c'est la classe ! » et il sauta prestement de son perchoir. « Ooooooh ! gémit le caribou Maléfique en prenant la main de Multimédia et en l'entraînant avec lui dans une profonde révérences. Leurs Excellences le Caribou Magique et le Caribou Satanique n'avait pas attendu pour en faire autant. L'homme regardait le spectacle, toujours souriant. Puis il tendit sa canne en direction des Excellences. « Plus bas, la révérence », dit-il seulement et on se retrouva à plat ventre. Nos amis se demandaient ce qu'il fallait faire. S'incliner également ? Faire semblant de n'avoir rien vu ? Se contenter de dire « bonjour, vous êtes qui ? » L'homme tourna la tête et darda sur eux son regard sombre et magnétique. Instantanément, ils se retrouvèrent couchés par terre, aux côtés des Excellences. « Et zut ! grommela la Belle Monogramme. C'est encore une éminence quelconque mais va savoir laquelle ! »

L'homme enjamba les Excellences ainsi que la future impératrice, se pencha vers la Belle Monogramme et très galamment, lui tendit la main pour l'aider à se relever. « Princesse, je vous en prie, dit-il, ne gâtez point votre robe et venez vous seoir sur le divan. » « Et ben voilà, pensa Monogramme qui n'était plus que sourire. Au moins lui, il sait ce qu'est la galanterie. » Le visiteur inconnu se tourna vers les Excellences, le museau toujours sur le sol. « Relevez-vous, Magique, Satanique et Maléfique. Présentez-moi vos amis, du moins ceux que je ne connais pas car j'ai beaucoup entendu parler de la merveilleuse Monogramme, Princesse de conte de fée » et il s'assit près de Monogramme laquelle arrangea vite fait en douce son brushing et présenta à l'assemblée son visage le plus charmant.

« Votre Altesse... » commença le Caribou Maléfique. « Oh dis donc, c'est une Altesse, glissa Myxomatose à Marsupilania. On a de la chance, on va voir tout le gratin du centre de la terre. » « Ce type est trop beau pour être honnête, murmura en retour la Vaillante Marsupilania. La façon dont il cire les chaussures de Monogramme me déplait souverainement. Je n'en vois qu'un capable d'être faux cul à ce point : l'auteur. Ou Satan. A vrai dire, c'est un peu la même chose. » L'altesse avait écouté avec beaucoup de bienveillance le discours de bienvenue du Maléfique, relayé par le Satanique, discours conclu par le Magique. Il avait en même temps entendu les remarques de Marsupilania. Il lui adressa un sourire éblouissant. « Chère inestimable amie, dit-il, je vois que vous m'avez reconnu. Mais par pitié, ne mélangez pas la royauté et le prolétariat. Je ne suis certainement pas l'auteur, bien qu'étant le Prince des Enfers. » Il s'inclina devant elle : « Satan, pour vous servir, belle Marsupilania. » « Oh, flûte ! » s'écria Marsupilania, renversée. Et elle tomba dans les pommes.

Satan se révéla être un fort agréable compagnon. Charmant, drôle, spirituel, un peu trop prompt peut-être à cramer ceux qu'il estimait ne pas lui obéir assez vite (c'est ainsi qu'il dégagea un certain nombre de serviteurs pendant son court séjour au Palais Impérial, au grand dam du Maléfique qui n'osait cependant rien dire), mais comme disait Logarithme, il avait de la branche ! Multimédia s'était elle aussi évanouie un certain nombre de fois, parce que là, vraiment, c'était trop : finir Impératrice du centre de la terre, c'était déjà surprenant, mais être présentée à Satan lui-même le matin de ses noces, ça dépassait son entendement et ses forces. Adonc, elle passa le plus clair de son temps à joncher les tapis, moquettes, parquets et chaque fois, il fallut que le Maléfique la ranimât d'un baiser. On craignit un moment que ces accès de faiblesse n'indisposassent San Altesse, mais cette manie de s'effondrer n'importe où, n'importe quand et n'importe comment amusait beaucoup le Prince des Ténèbres. Il se promit de s'en inspirer pour inventer un nouveau jeu dans son Royal Palais. Il en avait déjà le titre : « le jeu de la fleur coupée ». Il eut un entretien privé très sérieux avec Leurs Excellences, admira la justesse de la sentence prononcée contre Gudule and Co, demanda à être présenté à la Femme Maigre afin de la féliciter de sa superbe plaidoirie, menaça Jo la Fine de l'expédier au Paradis si elle continuait d'être aussi nulle dans son rôle d'ange pervers (ce qui provoqua chez ladite une horrible crise d'urticaire qui la rendit encore plus affreuse qu'elle n'était). La Femme maigre se rengorgea (comme elle put) et Le Masque de fer trouva que Satan n'avait rien d'intéressant à dire et que sa réputation était carrément surfaite. Puis, on se rendit de nouveau dans le boudoir où Multimédia se remettait de sa ixième perte de connaissance.

« Venons-en au but de ma visite, dit Satan en faisant les yeux doux à la Princesse de conte de fée. J'ai appris que tu allais te marier, Maléfique, et je suis venu présenter mes hommages à la future Impératrice et lui remettre un document qui lui permettra d'accéder à tout moment à mon royaume sans avoir à subir la douane et les formalités d'usage. Je suis désolé de ne pas pouvoir assister à vos noces, mais on m'attend à la surface, j'ai beaucoup de travail et de toutes façons, le Satanique me remplace très bien. Et je ne parle pas des rencontres au sommet avec votre cousin, chères Excellences, j'ai nommé le Caribou Céleste, qui a contracté depuis un certain temps la manie des réunions, des colloques, des conférences, et j'en passe et des meilleures. Ah, au fait, j'allais oublier, caribou Magique : Le Céleste m'a dit qu'il avait bien reçu votre requête mais qu'il ne pouvait rien faire parce que cela ne le regardait pas. Il déclare laisser le problème entre les mains du caribou Maléfique. » « Il n'a pas changé, le vieux ! souffla le Magique, très mécontent. Il crée, et après, démerde-toi tout seul ! » « Vos querelles de famille ne me concernent point, dit Satan. J'ai fait la commission, je reviens à mes moutons. Où en étais-je ? Ah oui ! » Il se tourna vers Multimédia et lui tendit une carte rectangulaire de couleur rouge. « Voici mon premier cadeau, chère Impératrice : un passeport éternel pour l'enfer, qui marche bien entendu dans les deux sens. Vous ne serez toujours que mon invitée, loin de moi l'idée de faire de vous un de mes sujets. » « Oh ! » fit la future impératrice, abasourdie. « Multimédia, gourdasse, fais quelque chose, dit la Princesse de conte de fée à mi-voix. Remercie au moins au lieu de dire « oh » bêtement ! » Multimédia se redressa lentement, battit des paupières, une fois, deux fois, et avec une grâce ineffable, s'écroula sur le tapis, toujours enroulée dans son drap de bain rose.

(A suivre)

(Là ! Décidément, la pauvre Multimédia n'est pas vraiment à la hauteur de la situation. Mais quel sera donc l'autre cadeau de Satan ? Et vient-il uniquement pour présenter ses hommages à la future impératrice ? N'a-t-il pas une idée derrière la tête ? Peut-être que non. Mais sait-on jamais... Cogitons, cogitons...)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Porky 76 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte