Ce n'est pas la première fois que je vous parle de Miles Davis sur ce blog. En mars dernier, dans ma petite sélection musicale pour oreille attentive, je vous avais mis le mythique Birth of Cool, album précurseur du jazz cool, un jazz plus feutré à l'opposé du bebop que pratiquait Miles Davis auparavant.
Pour autant, je ne m'y connais pas trop en jazz. Certes, je connais les grands noms, mais je ne saurais reconnaitre la trompette de Miles Davis à celle de Chet Baker ou Dizzy Gillespie. Aussi, je ne pouvais manquer l'occasion d'améliorer ma connaissance du jazz avec l'exposition We Want Miles à la Cité de la Musique.
We Want Miles retrace dans un ordre chronologique le parcours de Miles Davis: ses premiers concerts avec les Blue Devils d'Eddie Randle à St Louis, son passage par le bebop dans les années 40 avec Dizzy Gillespie et Charlie Parker, sa participation au festival de jazz de 1949 à Paris où il fera la connaissance de Boris Vian et des caveaux de Saint Germain, la naissance du jazz cool, l'enregistrement de la bande originale d'Ascenseur pour l'échafaud en 1957, son travail avec Gil Evans sur un jazz orchestral, les sixties avec l'électrification et l'influence de Jimmy Hendrix, un passage vers l'afro-funk à la conquête du public black, et une fin de carrière où Miles Davis fan de Prince s'imagine en pop star du jazz...
La grande force de l'exposition est d'avoir pu réunir une collection unique de documents d'époques, photos, articles, partitions originales, et instruments de collection. Des petites alcôves disséminés le long du parcours diffusent les morceaux emblématiques de ses principales phases. Pour les amateurs d'iconographie, on y retrouve toutes les pochettes originales de ses vinyles dévoilant une évolution aussi tranchée que celle de sa musique.
Au final, c'est une exposition qui m'a beaucoup surpris. Je ne connaissais de Miles Davis que son jazz cool et j'étais loin de me douter de l'évolution de son travail après les années 60: vers le rock où il introduit des guitares électriques sous l'inspiration de Jimmy Hendrix, au jazz-funk avec On Corner et l'utilisation des distorsions de la pédale wah-wah, jusqu'à la collaboration avec des rappers dans les années 90. On découvre également un Miles Davis avide de succès et d'argent, au volant de sa ferrari ou à l'arrière d'une limousine, dans son appartement entouré de richesses, ou posant avec un faux pistolet à la gangster rap cheap pour l'album You're under arrest. Tant de facettes que je ne connaissais pas... comme son goût immodéré pour les vêtements laids, pantalon africain trop large et vestes fluo Versace (ok, ce sont les années 80, on pourra lui pardonner :-)
L'exposition dévoile ainsi une personnalité et un jazz bien plus complexes que ce que l'on pourrait penser...
Pour amateur de jazz ou non, l'exposition We Want Miles s'avère donc indispensable.
Malheureusement, ce n'est pas vraiment un endroit adapté pour écouter la musique de Miles Davis. L'expérience peut même s'avérer assez frustrante: imaginez vous en train de vous battre pour brancher votre casque sur une borne dans un espace aussi bondé que la ligne 13 du métro aux heures de pointe. Je vous conseillerais plutôt de vous procurer avant ses albums Birth of Cool ou Kind of Blue et les écouter bien tranquillement chez vous sur votre canapé. Et ensuite, vous pourrez profiter pleinement de l'exposition (en venant tôt de préférence...).
WE WANT MILES
Jusqu'au 17 janvier 2010
Musée de la Musique
221, avenue Jean-Jaurès
Paris 19e
Site internet: www.citedelamusique.fr