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Pétrole mon ami

Publié le 05 novembre 2007 par Cécile Charrier

Cette année pour la première fois, le premier fournisseur de pétrole des USA n'est plus l'Arabie Saoudite, mais le Canada.

Le Canada, un pays exportateur de pétrole ? Hé oui, depuis environ 1 an et demi, c'est la ruée vers l'or dans la forêt boréale de l'Alberta: les gisements de sables bitumeux, qui renferment du pétrole "lourd", deviennent rentables à exploiter avec la hausse du prix du baril.

Ces sables bitumeux ("oil sands" si vous voulez approfondir la recherche sur Google) sont des sols dont on peut extraire du pétrole, mais qui jusqu'à présent n'étaient pas exploités car il faut globalement un baril de pétrole pour en extraire deux. Or, au dessus de 25 dollars le baril, cette opération devient rentable. Et aujourd'hui le baril étant autour de 90 dollars, autant dire que c'est non seulement rentable mais très lucratif !

Toutes les grandes compagnies pétrolières sont soit déjà dans la place, soit ont fait des demandes de concession pour s'y installer. La ville principale connaît une explosion d'immigrants, et les salaires sont plus que motivants.

Oups, petit problème écologique: ces sables bitumeux sont enfouis entre 15 et 30 mètres sous terre, et au dessus il y a juste la deuxième plus grande forêt du monde, la forêt boréale canadienne. Boh, pas grave, on l'enlève ! On déboise donc à tour de tronçonneuse une forêt primaire, qui jusqu'à présent était complètement intacte car aucun être humain n'habite dans le coin. Des paysages lunaires, faits de carrières et de terrils, ainsi que des grands étangs d'eau inutilisable tellement elle est polluée remplacent la forêt.

Mais ouf, tout va bien, car les compagnies pétrolières se sont engagées à reconstituer la forêt boréale sur toutes les mines à ciel ouvert épuisées. Génial non ?

Le problème c'est que pour l'instant, seule une "forêt" test a été effectivement reconstituée, et que les spécialistes s'accordent pour dire que ces forêts reconstituées par l'homme ne pourront jamais ressembler aux forêts primaires qui étaient là, notamment les zones de tourbières qui mettent environ 1000 ans à se constituer. En plus, les rivières qui sont abondamment polluées par les rejets d'hydrocarbures ne pourront pas non plus se purifier en un clin d'oeil, et les dégâts sur la faune et la flore sont irréparables.

Sans parler de la pollution aérienne générée (un baril de pétrole est utilisé pour en extraire deux, je vous rappelle), tellement importante qu'une brume épaisse recouvre la zone, et que le Canada, malgré sa superficie, n'arrive pas à atteindre ses objectifs de réduction de CO2 signés à Kyoto. Ils devaient revenir au niveau d'émission de 91 et sont en fait à 25% de plus de ce qu'ils étaient lors de la signature, uniquement à cause des gisements de l'Alberta.

Bon voilà, le truc qui met de bonne humeur, mais c'est quand même important de le savoir. Les canadiens écolos se mobilisent, mais ces entreprises sont tellement puissantes, et les zones sont tellement loin de tout, qu'il est difficile de savoir ce qui se passe réellement au niveau des engagements annoncés...

Pour en savoir plus (c'est en anglais): www.oilsandswatch.org


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