Magazine

Dashiell Hammett, La moisson rouge

Publié le 30 décembre 2009 par Argoul

dashiell-hammett-la-moisson-rouge.1261056126.jpgVoici un roman policier américain qui date de l’Autre grande crise. L’Amérique était encore cette jungle où régnait la loi de l’Ouest et où un grand propriétaire pouvait tenir une ville. Personville, endroit imaginaire, est bien nommée « Poisonville » tant les malfrats y tiennent l’alcool, les jeux et les putes. Les flics sont corrompus, les avocats véreux, les banquiers frauduleux. Le sexe est réduit à la tchatche (nous sommes en époque très puritaine) mais le whisky ou le gin s’éclusent à seaux et les pétards parlent pour un regard de travers.

Le héros est un détective privé d’une grande agence de San Francisco. Ne l’intéressent que le travail bien fait et combien ça lui rapporte. Il a aussi horreur de se laisser marcher sur les pieds. Aussi, lorsque son client est tué de six balles à l’heure où avait rendez-vous chez lui, il n’apprécie guère. Lorsque le père du client, le magnat qui a fondé la ville, le convoque pour lui confier le boulot de nettoyer les écuries, il accepte – contre substantiel paiement à son agence. Introduits dans la ville pour briser les grèves dix ans auparavant, les malfrats ont fait leur nid et chacun tient sur l’autre des secrets compromettants.

Selon la bonne vieille tactique de diviser pour régner, le privé volant monte les uns contre les autres en distillant ici ou là certaines informations. Soit il les a glanées en fouinant, soit il les a déduites. Mais ça marche. Et tout ce petit monde se flingue à qui mieux mieux. Le détective manque plusieurs fois d’y passer, mais son intelligence et son sens des opportunités lui permet à chaque coup dur d’en réchapper. Il y a de l’action, des flingues et des pépées. Le roman a passé le siècle sans devenir anachronique.

Il est seulement dommage que la traduction française des années 1950 n’ait pas été rafraîchie, l’argot employé alors faisant particulièrement ringard depuis qu’il est remplacé par les borborygmes texto ou le sabir banlieue limité à 400 mots. Patelin, bonniche, bouquin passent encore, mais « je te gobe », fortiche et tacot sont complètement passés de mode. En revanche, il y a une histoire de bout en bout, une intrigue qui se déroule avec ses énigmes successives, bien lion du schématisme primaire des jeux vidéo !

Dashiell Hammett, La moisson rouge (Red Harvest), 1929, Folio policier 2008, 251 pages

éé

éé


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Argoul 1120 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte