Magazine Humeur

Le Conseil constitutionnel flingue la «taxe carbone»… portée par Nicolas Sarkozy et les écolos

Publié le 30 décembre 2009 par Kamizole

sarko-pabo.1261990121.jpgHi ! Hi ! Ha ! Ha ! Ho ! Ho ! Trop drôle ! Je viens de passer sur la Une du Monde avant d’aller sur mon blog et je tombe en arrêt sur ce titre Le Conseil constitutionnel annule la contribution carbone.. Une sacrée claque de plus pour Nicolas Sarkozy ! qui décidément foire tout ce qu’il touche. Le Parti socialiste a entièrement raison d’affirmer que cette décision constitue “une lourde défaite pour le président de la République, qui s’était personnellement engagé” (…) “C’est la sanction d’une méthode de travail qui consiste à faire tout à la va-vite, par une série d’effets d’annonce”

Petit taureau fonceur se retrouve une fois de plus les cornes enfoncées dans la palissade des arènes. Je l’imagine très bien avec plein de petites bulles autour de la tête comme les idiots personnages d’Adèle Blanc-Sec croqués par Tardi. Ça lui apprendra à vouloir se mêler de tout. Il a le bonjour de… Jacques Chirac qui lui a fait un cadeau joliment empoisonné en nommant Jean-Lous Debré – juriste distingué et pas franchement en empathie avec Sarko - à la tête du Conseil constitutionnel.

La décision du Conseil constitutionnel est fondée essentiellement sur la rupture de l’égalité devant les charges publique du fait qu’un trop grand nombre d’exonérations rend de surcroît inopérant l’objectif de réduire l’émission de gaz à effet de serre. Ils eussent pu dire de même manière que rembourser la taxe carbone était une ineptie de première bourre, contraire à son objectif. Sauf à démontrer que le remboursement n’obéissait guère au principe d’égalité : ceux qui paieraient proportionnellement le moins – les industriels, etc. - se verraient rembourser au centuple.

Des clopinettes pour le vulgum pecus mais un chèque sonnant et trébuchant en février, histoire de “faire bien” avant les élections régionales. Pur populisme électoraliste teinté de clientélisme ! Encore faudrait toutefois que l’on m’expliquât comment une taxe qui devait rentrer en application le 1er janvier 2010 pouvait déjà générer un assez substantiel avantage en février. Il est des miracles que je ne comprends pas.

Même rebaptisée “contribution” par le Sénat, la taxe carbone était un impôt… Nicolas Sarkozy et l’UMP – notamment par la voix de Xavier Bertrand – qui prétendaient qu’il n’y aurait pas d’impôts supplémentaires – et Dieu sait pourtant qu’ils n’ont eu de cesse de solliciter nos porte-feuilles depuis deux ans et demi ! – sont pris à leur propre piège.

Du coup, c’est Ségolène Royal qui la jugeait “écologiquement inefficace et socialement injuste” qui peut jubiler car elle avait parfaitement compris que les Français en ont marre d’être tondus par ces impôts qui ne veulent pas dire leur nom mais font de sacrées ponctions dans un pouvoir d’achat déjà peau de chagrin. Curieusement, le Parti Socialiste qui l’avait Dieu sait assez critiquée sur ce plan lors du Congrès de Rennes reprend mot pour mot cet argument !

La claque, la prennent aussi Nicolas Hulot – qui ne doit pas avoir de problèmes de fins de mois, il est assez sponsorisé pour ça ! – et les bobos Verts. La mère Duflot pourra aller se rhabiller avec ses airs de dame patronnesse qui nous la jouait façon poule qui a trouvé un couteau en se regorgeant de son importance sur le perron de l’Elysée. Je ne parlerais pas de Jean-Lous Borloo, marionnette ventriloque qui répète ce que lui soufflent Sarko et ses sbires… qu’importe le flacon de ce qu’on lui fait avaler – force couleuvres ! - du moment qu’il y ait l’ivresse d’un salaire de ministre à la clef.

Sur le plan de la défense de l’environnement les Verts devraient bien plutôt s’interroger sur la légitimité de la taxe carbone : comme bien des nuisances industrielles et pollutions chimiques, l’émission massive de gaz à effet de serre est essentiellement due au choix d’un modèle de développement hyperproductiviste que cet artifice budgétaire ne règle nullement, bien au contraire puisqu’il met en grande partie la facture à la charge des consommateurs – qui n’ont pas vraiment le choix - en exonérant les industriels, les transporteurs routiers, les agriculteurs et les marins-pêcheurs, principaux pollueurs.

Ce qu’il ne faudrait pas oublier nonobstant les difficultés actuelles imputables à la crise sociale et économique. Raison de plus d’ailleurs pour ne pas charger inconsidérément la bête avec un prélèvement supplémentaire. Mais chacun sait que Nicolas Sarkozy n’a aucun sens politique. CQFD une fois de plus.

M’intéressant à ces questions depuis au moins 40 ans voire plus car mon père était écolo bien avant la lettre et en bon fils de paysan déplorait les ravages de l’agriculture intensive dus essentiellement - outre l’usage abusif des engrais et autres pesticides - au machinisme agricole et au “remembrement” des terres agricoles imposé dans les années 50, avec dans le même temps, l’apparition de véritables “usines à viande” hors sol, je n’ai de leçon d’écologie à recevoir de personne.

Ainsi, qu’en est-il du “ferroutage” dont on parle depuis au moins 20 ans ? Solution évidemment de bon sens pour éviter ces norias de poids lourds sur les autoroutes. Mais non moins évidemment c’est la volonté politique qui a fait défaut – droite et gauche confondue – sous la pression des lobbies autoroutiers et transports de marchandises, sans oublier la SNCF qui eût dû investir.

Fabrice Nicollino – qui s’intéresse actuellement au lobby de l’agro-alimentaire et tout particulièrement celui de la production de viande comme en témoigne le titre de son dernier essai : «Barbaque» - pouvait bien déplorer il y a quelques années dans la chronique qu’il tenait sur Politis que l’on vit circuler des milliers de poids lourds transportant essentiellement du plastique entouré de plastique… Les fameux multiples emballages imposés par les fabricants et pour lesquels l’on nous fera à l’avenir payer davantage pour les ordures ménagères. Encore une fois, les consommateurs qui n’ont pas vraiment le choix devront payer celui des industriels…

Si les pouvoirs publics avaient mis le même acharnement à imposer le ferroutage qu’aujourd’hui à instaurer la taxe carbone nul doute que les lobbies auraient bien dû s’y plier !

Certes, François Fillon aura immédiatement réagi en annonçant la présentation d’un nouveau dispositif en Conseil des ministres le 20 janvier.2010. Mais avant que cela ne devienne une loi en bonne et due forme, quand bien même ferait-il adopter la procédure d’urgence – une seule lecture à l’Assemblée nationale et au Sénat voire avec le 49-3 – et prendre les décrets d’application au galop, c’est quand même râpé pour faire tomber un chèque sonnant et trébuchant avant les régionales dans l’escarcelle des électeurs.

Rien que cela me réjouit profondément. Il ne faut pas nous prendre pour des canards sauvages : vos appeaux ne prennent plus ! Vous nous tondez rasibus à longueur d’année et nous ayant une fois de plus plumés à sec vous voudriez ensuite faire croire à votre générosité aussi soudaine que passagère et électoraliste ? A d’autres !


Retour à La Une de Logo Paperblog