A propos de l'attentat manqué sur un avion de ligne américain Amsterdam-Détroit

Publié le 30 décembre 2009 par Christianregouby

Omar Farouk Abdulmutallab, un Nigérian de 23 ans, a tenté, vendredi 25 décembre, de faire exploser un avion de ligne américain en provenance d'Amsterdam le vol 253, qui s'apprêtait à atterrir avec ses 278 passagers et 11 membres d'équipage à Détroit, aux Etats Unis. En matière de crise, trois remarques s'imposent :

Première remarque : pour Barack Obama, la tentative d'attentat contre un avion de la compagnie Northwest Airlines, vendredi 25 décembre, est un échec pour les services de sécurité intérieure et du renseignement.

Un ensemble d'échecs d'origine humaine et dus au système ont contribué à cette faille dans le système de sécurité, qui aurait pu être catastrophique", a-t-il déclaré

Le Président des Etats Unis illustre ici  une des règles de base de toute situation de crise. Commencer par reconnaître clairement ses erreurs ou son ignorance. Beaucoup de dirigeants de la sphère publique ou privée feraient bien de s'en inspirer au lieu de persister encore trop souvent à confondre compétence et absence d'erreur. Il en va du crédit porté à toute autorité aujourd'hui. L'incompétent n'est pas celui qui se trompe, c'est celui qui s'efforce de ne pas admettre ou de cacher ses erreurs. Obama avait déjà adopté cette posture cent jours après son élection en déclarant publiquement "je me suis planté" à propos du choix de son secrétaire à la Santé, Tom Daschle, impliqué dans des malversations fiscales.

Deuxième remarque : Le Président américain  explique également "Lorsque notre gouvernement détient des informations sur un extrémiste connu et que cette information n'est pas partagée et suivie d'actions comme cela aurait dû être le cas (...), il y a faille dans le système et je considère que c'est totalement inacceptable."

Nous touchons là un enjeu majeur des situations de crises, le plus souvent occulté aux yeux du grand public. Le cloisonnement des expertises et les logiques de pouvoir et d'intérêt de chaque organisation, hérités d'une société construite sur le mode vertical est une faille majeure de nos systèmes qui les empêche de partager et de collaborer efficacement. Nous sommes entrés dans une société horizontale où le vrai pouvoir se situe dans le partage rapide de l'information. La technologie la plus sophistiquée achoppe si le comportement des hommes ne suit pas. On aboutit alors à  "un échec systémique qui conduit à une brèche catastrophique de la sécurité " C'est ce qu'Al Quaida a parfaitement compris dans son mode de fonctionnement.

Troisième remarque :  Un ancien de la CIA, devenu psychiatre et spécialiste des réseaux terroristes, Marc Sageman a étudié les biographies de 172 terroristes ou apprentis terroristes djihadistes. Dans son livre " les vrais visages des réseaux terroristes" il dresse le profil type et explique que, contrairement à certains clichés, ce n'est pas pour échapper à la pauvreté ou parce qu'on a été endoctriné dès le plus jeune âge que l'on rejoint une organisation terroriste. Les études supérieures sont plutôt la règle que l'exception. En termes socio-économiques les 2/3 des terroristes viennent de milieux aisés ou de classes moyennes. Omar Farouk Abdulmutallab correspond à ce profil. Son père est un ancien ministre et diplomate. Il n'a pas été endoctriné mais a été scolarisé en pension à la Bristish International School de Lomé au Togo.

Cela ne pose-t-il pas le problème du sens ?  Pourquoi certains esprits éduqués et cultivés éprouvent -ils le besoin de s'engager pour une cause qui implique le sacrifice de leur vie ? N'est ce pas la partie émergée de l' iceberg d'une société à la dérive qui a perdu la capacité de se doter d'un sens collectif mobilisateur ? Il apparaît ainsi, à travers ce type d'action, et au regard de ce que l'Histoire nous apprend, qu'il est plus difficile de vivre dans une société qui n'a pas de sens que de mourir dans une société qui a du sens.