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La vie après Copenhague

Publié le 31 décembre 2009 par Stonda @Lequitable

Faute de consensus entre les 193 pays réunis depuis le 7 décembre à Copenhague, le document de quelque trois pages mis au point à l’arraché par les Etats-Unis, la Chine, et d’autres pays émergents dont l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud n’a pas formellement été entériné. La conférence des Nations Unies pour le climat en a simplement « pris note ».

L’Accord de Copenhague ne comprend pas d’engagement précis et chiffré en matière de réduction des émissions des gaz à effets de serre. La réduction d’au moins 50% d’ici 2020 qui figurait sur un des textes de travail élaboré le vendredi, n’a finalement pas été retenu dans le document final. De la même façon, le paragraphe sur la nécessité d’aboutir à un traité “légalement contraignant” d’ici la conférence climat de Mexico fin 2010, un temps envisagé, a disparu lui aussi du document final.

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Concernant le financement, les pays industrialisés se sont engagés à Copenhague à verser 10 milliards de dollars (6,9 milliards d’euros) par an en 2010, 2011 et 2012 aux pays pauvres pour faire face aux conséquences du changement climatique, comme les sécheresses et les inondations. A plus long terme, « l’objectif » est de porter cette aide à 100 milliards de dollars par an (69 milliards d’euros) à partir de 2010.

Quelles sont les leçons à dégager de l’épisode Copenhague ?

1/ La première leçon est optimiste, malgré tout. Le tintamarre médiatique autour du sommet a sans doute accru la conscience citoyenne écologique. De moins en moins de personnes peuvent douter que le problème du réchauffement climatique est grave, qu’il est mondial, et qu’il lui faut une solution mondiale. En France, le débat autour du pacte de Nicolas Hulot pendant la campagne présidentielle avait joué un rôle comparable.

2/ Il y a confirmation de nouveaux rapports de force à l’échelle de la planète. Les deux acteurs principaux, malgré la montée en ligne du Brésil et de l’Inde, ont été, dans des rôles différents, les Étas-Unis et la Chine. L’Europe, qui est pourtant moins en retard que d’autres, pèse assez peu, parce qu’elle ne parle pas d’une seule voix. L’Europe est toujours un nain politique.

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Comme l’a souligné  Christian Sautter, Barack Obama ne pouvait convaincre une opinion publique réticente et obtenir une majorité des deux tiers au Sénat que si la Chine prenait des engagements aussi contraignants que les USA.

Le Chine a commencé  par se cacher parmi les 77 pays les plus pauvres, puis s’est fortement exprimée contre un éventuel contrôle international, y voyant une insupportable atteinte à sa souveraineté et à son « droit à la croissance ».

3/ La méthode de négociation utilisée à Copenhague est inappropriée. Ce n’est pas seulement la faute de l’ONU. En l’absence d’une gouvernance mondiale démocratique, on en est réduit à des marchandages d’État à État, parfois de bloc à bloc. Mais ce n’est pas demain qu’émergera un gouvernement mondial démocratique et efficace.

Développement durable

Résultats d’un accord aux ambitions réduites et sans cadre contraignant mais qui concerne pour la première fois pays industrialisés, grands pollueurs et pays émergents…

Un accord de principe :

La communauté internationale s’est fixé un objectif : ne pas dépasser une hausse de la température globale de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels. En revanche, l’objectif de diviser par deux les émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2050 s’est envolé.
Cet accord, contraignant seulement par sa portée politique, est le premier texte international qui reconnaît formellement la nécessité, d’un point de vue scientifique, de contenir l’évolution de la température de la planète au-delà de 2°C. Le texte reconnaît également la nécessité pour les pays développés de montrer l’exemple dans la réduction des émissions, et pour les pays en voie de développement d’examiner simultanément les questions du développement humain, de l’éradication de la précarité et du dérèglement climatique.

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Des réductions d’émissions renvoyées à 2010 :

Le texte de l’ONU ne prévoit pour l’instant aucun objectif chiffré de réduction d’émissions de CO2. Les Etats doivent cependant indiquer ce qu’il compte faire à l’horizon 2020 avant le 31 janvier 2010. Aujourd’hui, les calculs effectués par l’ONU en fonction des promesses d’abaissement existantes prévoient une hausse de la température moyenne de 3°C.
L’échec de Copenhague voit la mise en place d’un calendrier adapté sur 2010, qui nécessite une forte mobilisation des Etats :
- chaque partie fait part de ses objectifs 2020 de réduction d’émission de gaz à effet de serre avant le 1er février, en précisant le caractère contraignant ou non des émissions
- la Conférence de Bonn, en juin 2010, devra gérer les éventuels points durs et s’assurer que des chiffres réellement transparents et ambitieux ont été fournis, permettant globalement d’atteindre l’objectif de contenir le réchauffement climatique à 2°C,
- cela afin d’arriver à décembre 2010 à la 16ème Conférence des Parties à Mexico, qui devra impérativement faire adopter un texte juridiquement contraignant pour succéder au Protocole de Kyoto et engager juridiquement les nouveaux Etats rejoignant ce texte.

Pas d’organisation mondiale de l’environnement :

Pour contrôler les efforts des Etats, aucun cadre juridique n’est prévu. Un contrôle extérieur a notamment été vivement refusé par la Chine. Le texte garantit même le « respect de la souveraineté nationale ». Les engagements des pays industrialisés devront tout de même être « mesurables, notifiables et vérifiables », et ceux des pays émergents devront être communiqués tous les deux ans. L’Europe pourrait en outre créer sa propre organisation de l’environnement.

Une aide financière immédiate de 30 milliards de dollars :

Pour soutenir l’adaptation des pays pauvres aux impacts du réchauffement climatique, une aide immédiate de 30 milliards de dollars sur trois ans (2010-2012) sera allouée (priorité à l’Afrique et aux petites îles). Il a par ailleurs été estimé que 100 milliards de dollars seront nécessaires d’ici 2020. Un groupe de travail sera créé pour étudier cette question.

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L’accord valide le protocole REDD-plus pour la lutte contre la déforestation, ainsi que le principe d’un fond d’adaptation, d’un montant initial de 30 milliards de dollars sur les années 2010 à 2012, pour atteindre 100 milliards par an dès 2020. Enfin, il encourage les parties à rendre transparents les modes et chiffres de mesure des émissions, et en fait un préalable pour les mesures bénéficiant d’un soutien international.

Et maintenant ?
En attendant, il faut adopter une méthode et un calendrier précis et contraignant sur les étapes de négociation à franchir avant les prochains rendez-vous à Bonn et à Mexico, prévoyant des comptes-rendus réguliers pour informer et prendre à témoin l’opinion publique mondiale.

Une conférence aura lieu à Bonn en juin 2010 pour faire le point et préparer un autre rendez-vous sur le climat : le Sommet de Mexico, fin 2010. Un réexamen de l’accord de Copenhague interviendra en 2015 mais pour l’instant, le seul instrument légal de lutte contre le réchauffement reste le Protocole de Kyoto (ne concernant qu’un tiers des émissions mondiales)


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