Dans sa dernière intervention de l'année, l'excellent Art Goldhammer, un américain qui tient l'un des meilleurs blogs sur la politique française, critique assez vivement la décision du Conseil Constitutionnel sur la taxe carbone. Je partage en général ses vues, mais je crois que là il se trompe.
Cet impôt était critiquable pour deux raisons majeures :
- il aurait été inefficace, ce qu'Art Goldhammer reconnait,
- il aurait été injuste puisqu'il aurait d'abord sanctionné ceux qui n'ont d'autres solutions que le transport automobile et le chauffage au fuel, c'est-à-dire ceux qui habitent en banlieue loin des centre-villes.
On sait depuis très longtemps que les dépenses de carburant et de chauffage sont peu sensibles au prix : les gens qui ont besoin de se déplacer et de se chauffer continuent de le faire. Un impôt ne fera, dans ces conditions, qu'appauvrir les plus pauvres.
Si l'on veut effectivement réduire les consommations et modifier les comportements, il faut proposer des alternatives à nos modes de consommation, des transports en commun, des véhicules plus économes et, surtout, un urbanisme mieux adapté à la nouvelle donne. Or, la taxe carbone ne permet rien de tout cela. C'est pourquoi on peut, on doit la critiquer. La lutte contre le réchauffement climatique passe beaucoup plus dans nos pays par une refonte des politiques d'occupation des sols que par une augmentation des prix déjà très élevés des produits pétroliers. Et tout cela, je le précise, n'a rien à voir avec l'opposition à Nicolas Sarkozy.
PS J'ai été dés les premiers jours hostile à cette taxe, et pour des motifs qui n'ont que peu à voir avec une quelconque animosité à l'égard de Nicolas Sarkozy, ce que j'ai expliqué dans cette chronique de septembre dernier.
PS bis Bonne année Art et longue vie à votre blog!