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La passante de 2009.

Publié le 31 décembre 2009 par Alexcessif
La passante de 2009. Il a quitté le quai de la gare sans se retourner. Elle aussi sans doute.D'un pas pressé de s'éloigner il rejoint la rue Eugène Delacroix à l'angle de la rue Fieffé. La petite voiture noire est bien là, comme un refuge mais sans la passagère de tout à l'heure. "-Tiens, on m'a piqué le volant" constate-t-il. Il lui faudra quelques secondes pour réaliser qu'il a ouvert inutilement la porte passager(e). Les gestes lents, il tourne la clé pour retrouver la compagnie ronronante du moteur tandis que le sien double de volume dans cette cage thoracique si bien nommée. Il s'agite, il résiste, il tambourine encore un peu comme ça pour un zeste de noblesse puis, de systole en diastole,cesse de battre la chamade et dépose sa reddition aux pieds de sa triste fonction utilitaire. La prison avec ses barreaux de cotes est bien verrouillée chez les gens raisonnables. Le coeur ne s'envolera pas pour se tromper de vie confirmant, comme s'il le fallait encore, ce que l'état adulte comporte de renoncement. La donne n'est pas nouvelle pourtant, il faut encore et sans cesse combattre ce romantisme puéril entre l'enfance volée et l'adolescence confuse pour que le coeur d'enfant entre, vaille que vaille, dans la cour des grands* avec chevillé au corps le sentiment d'abandon, le sacrifice contre nature de s'amputer soi-même de son organe le plus essentiel. Dévasté de douleur de la cave au grenier*, il récite à voie haute l'enchaînement des taches qu'il reste à accomplir, plein de rêves trop grands et de larmes interdites. Les chaos de la route et du réalisme le meurtrissent à chaque secondes jalonnant l'abîme avec cette trouille de funambule qui ne le quitte pas sur le fil du rasoir de son "itinéraire d'enfant gâteux"*.Les gares modernes ressemblent à des tunnels tandis que la vieille gare de province a conservé l'immense structure métallique du temps où il fallait du volume pour dissiper les fumées des motrices à charbon des " Bêtes humaines" de Zola. L'immensité est désormais à la dimension des joies savoureuses de l'arrivée et à la douleur contenue du départ.Elle, c'est cette année 2009, qui s'éloigne doucement comme un soleil de Décembre fond lentement dans l'atlantique. Elle a, dans l'ovale délicat de son visage sans altération, le sourire discret de l'apaisement d'avoir traversé sans dommages la zone d'inquiétude des dernières heures après celle de la quiétude bienheureuse des retrouvailles et s'en va vers son seul désir*: retrouver la sérénité de 2010 que voilà déjà toute pimpante. * quelques emprunts de ci de là....

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