Une grande puissance en devenir
Croissance exponentielle depuis les années 80 et les réformes de Deng Xiaoping (8,5 % estimés en 2009). Leader dans le matériel informatique, le textile et la sidérurgie mais aussi les panneaux
solaires, les éoliennes et les batteries pour voitures électriques. Elle sera bientôt leader dans les constructions navales et l'automobile.
Ce qu'on sait moins, c'est que la Chine est depuis longtemps la banque du monde. Trois des cinq premières capitalisations boursières sont chinoises, et les réserves de change chinoises explosent.
On en est à 2 200 milliards de dollars, mais il n'y a aucune raison pour que ça s'arrête.
Mais avec 1,3 milliards d'habitants et une démographie maîtrisée, quoi de plus normal ?
La Chine fait peur
Si la Chine fait peur, c'est par crainte des délocalisations. Les délocalisations sont la marque du changement de notre économie mondialisée, avec les pays émergents qui ne sont plus seulement de
grands pays agricoles. Oui, les pays comme la Chine nous concurrencent très sévèrement dans le domaine de la production industrielle. Mais il faut aussi voir que, si ces pays produisent plus, ils
consomment aussi beaucoup plus qu'avant. Si la Chine a eu une croissance de 8,5 % en 2009 alors que tous les pays développés étaient en récession, c'est grâce à son marché intérieur. Le seul
moyen de tirer profit de la mondialisation est de toucher les marchés intérieurs des pays émergents.
La Chine fait peur parce qu'on craint que nos salaires ne soient définis à Pékin ? Le jour où les salaires chinois seront au même niveau que les salaires européens est encore très loin. Toutes
les industries où l'Europe est directement en concurrence avec la Chine ont été délocalisées, ou le seront. L'Europe ne peut se sortir de cette concurrence que dans des secteurs où elle conserve
une longueur d'avance. C'est pour ça que c'est l'innovation qui pourra nous sortir de cette mécanique infernale. Encore faut-il que nous soyions suffisamment réactifs pour évoluer aussi vite que
le monde, qui change à une vitesse considérable.
La Chine fait peur parce qu'elle a confiance dans son avenir alors que nous craignons pour le nôtre. Nous connaisons nos gloires passées et nous savons qu'elles ne se reproduiront pas. Le seul
projet d'avenir qui peut apporter de l'espoir en Europe, c'est la construction de l'Union Européenne.
Mais l'Europe a moins à craindre de la Chine que les États-Unis. La superpuissance d'aujourd'hui, ce sont les États-Unis. L'Europe a perdu son leadership au XXème siècle, elle ne va
pas le reperdre ! Au contraire, la Chine ne veut pas d'un G2, où elle serait seule face aux États-Unis pour gouverner la planète. Elle aussi, elle voudrait que l'Europe pèse enfin d'un poids
politique international.
Une société qui dérange
La Chine dérange à cause de son modèle de société, fait d'autoritarisme politique et de capitalisme économique. Un capitalisme sauvage, où les riches s'enrichissent et où les ouvriers ont très
peu de droits sociaux. Mais il ne faut pas voir les choses uniquement avec cet oeil occidental. Les Chinois, eux, voient que leurs conditions de vie s'améliorent. Oui, l'écart entre les riches et
les pauvres s'accroît. Mais il y a de plus en plus de riches et de moins en moins de pauvres. Et les plus à plaindre dans la société chinoise ne sont pas les ouvriers, mais les paysans, ne
l'oublions pas.
La Chine doit s'attendre à une crise majeure.
Il y a 20 ans, c'était le Japon qui inquiétait les Français. Leur réussite économique était spectaculaire, et leur force de travail impressionnante. La croissance japonaise s'est arrêtée net
après une crise financière. Un jour ou l'autre, la Chine connaîtra aussi une crise de grande ampleur. Une crise financière parce que les banques chinoises ont beaucoup de créances douteuses. Et
probablement aussi une crise politique parce qu'un tel autoritarisme ne peut pas tenir éternellement dans une société ouverte sur le monde extérieur. La Chine a vécu en quelques décennies des
transformations que nous avons vécu en plusieurs siècles. Il va venir un jour où cette révolution va s'achever.