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Pandémie: la Toile révélatrice

Publié le 02 janvier 2010 par Toulousejoyce

Plus le temps passe, plus la pandémie avance et plus ceux qui se passionnent pour ce phénomène sont sans cesse tentés de dresser de premiers bilans. Etonnante course-poursuite qui voit une continuelle efflorescence de prises de parole venir commenter en direct les derniers faits en date. Comment ne pas comprendre ces commentateurs puisque nous faisons bel et bien partie du peloton?

http://blog.slate.fr/h1n1/

Pour ce qui nous concerne, il y eut le baptême de l'esquif  - fin mai (sept mois déjà!) -  avec le projet de l'écriture d'un journal de bord «papier» du phénomène pandémique; entreprise suicidaire sans la précieuse boussole d'Antoine Flahault - doublée de ses cartes sanitaires et de ses phares épidémiologiques. Une aventure initialement bien incertaine mais soutenue mordicus par les éditions Plon. 

Hasard ou fatalité, la Toile devait bientôt prendre, tout naturellement, le relais du livre grâce au havre de Slate.fr. Avec - pour ce qui me concerne- cette (certes bien tardive) mais redoutable découverte qu'est l'émergence des «commentaires» sur un «Blog»... Trois décennies - depuis la rue des Italiens... - à classer des «lettres de lecteurs », rarement recommandées, souvent intéressantes, avant d'entrer dans l'arène de l'immédiateté écrite. Répondre à chacun au risque de se perdre? Ne répondre à personne au risque de passer pour un hautain à jamais inaccessible? Faire savoir -mais comment - que nous ne sommes ni l'un ni l'autre? 

Les lumières et les gentilles cruautés de la Toile et de ses Blogs en somme. Avec en prime l'émerveillement quotidien de l'arborescence qui la définit et qu'elle génère tout à la fois. Découverte des commentaires suscités par notre Blog ; lectures automatiques pour enregistrements ultérieurs ; nouveaux billets postés... Forum? Agora moderne? Comment savoir? Dans d'autres lieux on aurait peut-être, jadis, parlé de barrique perpétuelle et de part des anges. 

Bien évidemment, rien n'est simple avec la Toile et ce tonneau moderne et planétaire des Danaïdes. Blogosphère, rumeurs en échos perpétuels, vésanie, raison parfois déraisonnante et contagieuse... Et puis ces commentaires;  commentaires foisonnants (plus de 800 validés) dont on connaîtra peut-être, un  jour futur, sinon l'identité du moins le visage des auteurs. 

La Toile, donc. La Toile révélatrice, ses mots, ses outrances et ses liens. Comme celui que nous transmet Antoine Flahault. Un lien qui renvoie au site Atoute.org; site qui propose des forums médicaux et des articles sur la pratique, l'enseignement et l'éthique de la médecine. Site aussi et surtout qui phosphore de manière bien utile, bien originale,  sur la stratégie de réponse gouvernementale à la pandémie.

 L'auteur n'avance pas masqué:

Dr Dominique Dupagne. Je suis un médecin français. J'ai créé ce site seul et j'ai été progressivement rejoint par d'autres bénévoles intéressés par son exigence de qualité, qui se retrouvaient dans l'esprit du site. Il s'agit majoritairement de femmes. J'exerce à Paris et j'ai d'autres activités que mon cabinet de médecin généraliste : enseignement  de la médecine générale à Paris VI, consultant dans l'édition médicale , membre du Formindep. Le site est déclaré à la CNIL sous le numéro 722655. Adresse légale : Dr Dupagne 2 rue de Phalsbourg 75017 Paris. 

Dont acte. Bonne fin d'année 2009. Jean-Yves Nau

Les sirènes médiatiques de l'instantané

L'an 2009 arrive à son terme et, en France, la vague épidémique automnale redescend doucement. Elle est presque passée sous le seuil épidémique aux USA. 

Avec elle, sagement, la vague médiatique reflue également. L'actualité reprend de «l'infodiversité» : la réhospitalisation de Johnny Hallyday ; un Boeing 737 rompu en trois segments sur un tarmac lointain ; un attentat avorté sur un vol Amsterdam-Detroit... Derniers soubresauts de la pandémie donc -au moins momentanément- et ce n'est que respiration. 

Aurons-nous une seconde vague dans les semaines à venir ? Verrons-nous nos anciens virus saisonniers reprendre du service avec l'hiver? Ces questions aujourd'hui sans réponse experte de part le monde suscitent les interrogations de bien des blogueurs dynamiques et prolixes (souvent forts en thème et en mathématiques) qui ont investi ce blog et semblent bien s'y sentir. A notre grand bonheur, il est vrai, et aussi à notre surprise, car ni l'un ni l'autre, ni le journaliste-médecin, ni l'épidémiologiste n'étions rompus à cet exercice. L'université ne nous y prépare pas. L'hôpital non plus. Mais la société nous y invite aujourd'hui. 

Avons-nous cédé aux sirènes médiatiques de l'instantané? Certainement. Avons-nous eu le recul nécessaire pour analyser la situation et son évolution émaillée de rebonds et d'inconnues ? Certainement pas. Les « risques » que nous avons pris ne sont guère importants ni même intéressants, et nous les avons partagés avec nos co-blogueurs qui, comme nous, se sont jetés à l'eau ; une eau parfois glacée, parfois bouillante.  

Depuis 7 mois, un millier de personnes ont été hospitalisées en France dans des services de soins intensifs à cause de ce virus H1N1pdm. C'est considérable, car ce n'était pas du tout ce qui était observé durant les saisons précédentes (rappelons-nous des 5 cas de syndromes de détresse respiratoire aigües enregistrés chaque année depuis 5 ans dans les bases du PMSI, système d'information hospitalier national). A l'heure où nous écrivons ces lignes, plus de 200 sont encore hospitalisées, la grande majorité survivra heureusement, mais le taux de mortalité indiqué par l'InVS a été de 15% chez les patients hospitalisés en soins intensifs, ce qui reste très préoccupant. Pour eux, pour leurs proches, et pour les personnels soignants qui en auront la charge pendant ces « fêtes », il n'y aura pas cette année de trêve des confiseurs.  

Ce dernier billet de l'année sur notre blog, en ce lendemain de Noël, nous leur dédions.

 Antoine Flahault 


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