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Benoît XVI, A-t-on encore le droit d'évangéliser aujourd'hui?

Publié le 03 janvier 2010 par Walterman
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Le disciple de Jésus Christ doit aussi être “missionnaire”, messager de l’Evangile, nous dit le document (d'Apparecida). Là encore, une objection: aujourd’hui, a-t-on encore le droit d’'évangeliser'? Les différentes religions et conceptions du monde ne devraient-elles pas plutôt cohabiter pacifiquement et chercher à faire ensemble - chacune à sa manière - ce qui est le mieux pour l’humanité?
Et bien, il est indiscutable que nous devons tous cohabiter et coopérer dans la tolérance et le respect réciproques. L’Eglise catholique s’engage à cet égard avec beaucoup d’énergie. Avec les deux rencontres d’Assise, elle a aussi donné des indications évidentes en ce sens. Des indications que nous avons réitérées cette année à l’occasion de la rencontre à Naples.
A ce sujet je suis heureux d’évoquer ici la lettre que m’ont aimablement envoyée 138 leaders religieux musulmans, le 13 octobre dernier, pour témoigner de leur engagement commun dans la promotion de la paix dans le monde. J’ai répondu avec joie en exprimant mon adhésion forte à ces nobles intentions et en soulignant en même temps l’urgence d’un engagement concerté pour la sauvegarde des valeurs du respect réciproque, du dialogue et de la collaboration. La reconnaissance partagée de l’existence d’un Dieu unique, Créateur prévoyant et Juge universel du comportement de chacun constitue la condition d’une action commune pour la défense du respect effectif de la dignité de chaque être humain, afin de construire une société plus juste et solidaire.
Mais peut-être cette volonté de dialogue et de collaboration signifie-t-elle, parallèlement, que nous ne pouvons plus transmettre le message de Jésus-Christ, que nous ne pouvons plus proposer aux hommes et au monde cet appel et l’espérance qui en découle? Celui qui a découvert une grande vérité, trouvé une grande joie, doit la transmettre, il ne peut pas absolument pas la garder pour lui. Des dons aussi grands ne sont jamais destinés à une seule personne.
En Jésus Christ une grande lumière - 'la' grande Lumière - a surgi pour nous: nous ne pouvons pas la mettre sous le boisseau, mais nous devons l’élever sur son support, pour qu’elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison (cf. Matthieu 5, 15).
Saint Paul a inlassablement cheminé, apportant partout l’Evangile. Il se sentait véritablement soumis à une sorte d’“obligation” d’annoncer l'Evangile (cf. 1 Corinthiens 9, 16) – non pas tellement en raison d’une préoccupation pour le salut de chaque non-baptisé qui n’avait pas encore été touché par l’Evangile, mais parce qu’il était conscient du fait que l’histoire dans son ensemble ne pouvait parvenir à son achèvement avant que la totalité (plérôme) des peuples ait été touchée par l’Evangile (cf. Romains 11,25).
Pour parvenir à son achèvement, l’histoire a besoin de l’annonce de la Bonne Nouvelle à tous les peuples, à tous les hommes (cf. Marc 13,10). Et de fait, s’il est important que des forces de réconciliation, des forces de paix, des forces d’amour et de justice convergent dans l’humanité, il est tout aussi important que, dans le “bilan” de l’humanité, face aux sentiments et aux manifestations de violence et d’injustice qui la menacent, des forces opposées soient suscitées et renforcées!
C’est justement ce qui se produit dans la mission chrétienne. Par le biais de la rencontre avec Jésus-Christ et ses saints, par le biais de la rencontre avec Dieu, le bilan de l’humanité est amélioré par ces forces du bien sans lesquelles tous nos programmes d’ordre social ne deviennent pas des réalités – face à la surpuissante pression d’autres intérêts, contraires à la paix et à la justice – mais restent des théories abstraites.

Discours aux membres de la Curie romaine, décembre 2007


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