Magazine

Survivre aux crises

Publié le 03 janvier 2010 par Allo C'Est Fini

survivre-aux-crisesLa crise économique qui dure depuis quelques mois déjà a servi de prétexte à de nombreux ouvrages. Parmi ceux-ci, l’essai rédigé par Jacques Attali mérite le détour.

Comme les autres livres de crise, celui-ci revient sur les conditions dans lesquelles s’est développé cette crise, qui remonte, selon l’auteur, à l’été 1979: l’arrêt de l’augmentation des salaires aux Etats-Unis combiné avec une politique de lutte contre l’inflation menée par Paul Volker a, selon l’auteur, changé durablement la face du monde. Les Etats-Unis se sont, depuis lors, embarqués dans une course à l’endettement comme substitut à la hausse des salaires, et où la hausse de la valeur des stocks a compensé la stagnation de celle des flux.

Pas de quoi fouette un chat direz-vous? Sauf que cette politique d’endettement a conduit à un marché international du crédit, dont la valeur s’est envolée, par rapport à la valeur des actifs. Si bien que le jour où l’un des éléments au bout de la chaîne s’est grippé (le potentiel de remboursement des plus pauvres), c’est tout l’économie mondiale qui s’est effondrée.

De ce jeu de dominos, Jacques Attali nous avait entretenus depuis longtemps, et dès 2007, sur son blog. Les plus perspicaces et les plus intelligents de ses lecteurs auront donc anticipé la crise actuelle.

Parler de la crise financière n’est pourtant pas l’objet de son essai. Car ce que veut nous faire comprendre Jacques Attali, c’est que des crises, il va y en avoir de plus en plus souvent, et de plus en plus dures pour ceux qui ne s’y seront pas préparés. De fait, la première partie de l’ouvrage fait penser à la lecture de ces prophètes de l’ancien testament, dont les propos sont une suite inimaginable de malheurs appelés à s’abattre sur nous. Crises économiques, géopolitiques, démographiques, énergétiques, tien ne nous sera épargné.

Pas très rose, notre avenir, selon Jacques Attali. Et pourtant, il faut garder courage. Car l’auteur nous fait profiter de son expérience, et nous propose une démarche basée sur 7 principes, applicables tant à l’individu qu’aux sociétés organisées (entreprises, nations ou humanité toute entière), pour survivre aux crises à venir. Voici ces 7 principes:

  1. Respect de soi: identifier ses valeurs, préserver son énergie, conserver le goût d’exister.
  2. Intensité: faire un usage intelligent du temps, “le seul bien dont la rareté soit avérée”.
  3. Empathie: comprendre son entourage, ses proches, ses partenaires, ses concurrents, bref son écosystème.
  4. Résilience: se construire un système qui permette de continuer d’exister même en cas d’erreur: assurances, sauvegardes, etc.
  5. Créativité: s’appuyant sur sa possibilité de rebond en cas d’échec (résilience), faire preuve d’une créativité sans limites.
  6. Ubiquité: être capable de changer de forme, d’univers, de modèle, pour s’adapter aux changements de contexte.
  7. Projet révolutionnaire: dans le cas où les 6 principes précédents seraient défectueux, accepter de tout balayer et de repartir de zéro, faire sa propre révolution.

(Pour ceux qui, comme moi, apprécient les moyens mnémotechniques, comme à l’armée: R-I-E-R-C-U-P)

J’ai trouvé la démarche séduisante. L’auteur propose de l’appliquer régulièrement à soi-même, à l’entreprise que l’on dirige, au gouvernement que l’on mène, comme une sorte de check-list d’introspection. Je l’ai appliquée au modèle des modèle de groupes humains ayant survécu, le peuple juif, et je dois dire que cela colle bien.

  1. Respect de soi: pas besoin d’aller chercher bien loin, la notion de peuple élu, soumis au joug des mitsvot parle d’elle-même
  2. Intensité: le temps est effectivement une valeur essentielle dans la pratique du judaïsme
  3. Empathie: “ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’on nous fasse” repose sur une compréhension de l’autre qui s’inscrit effectivement dans ce schéma empathique
  4. Résilience: ne jamais aller vers l’excès, toujours rester dans une juste moyenne me semble également faire partie des valeurs juives
  5. Créativité: difficile de ne pas voir un énorme potentiel créatif, tant artistique que scientifique
  6. Ubiquité: Attali propose le modèle des marranes pour illustrer cette valeur. Pour moi, je veux la voir dans la capacité à se reconstruire après chaque exil.
  7. Projet révolutionnaire: il a mis 2000 ans à se formaliser, mais le projet sioniste est à lui seul le meilleur exemple de projet qui, alors que tout le reste conduisait à l’échec, permit la renaissance de l’identité juive et d’un état pour les survivants de la Shoah

Mais le plus amusant, consiste bien évidemment à appliquer cette trame aux autres, à ses concurrents, à ses amis, pour identifier, parmi tous ceux-là, ceux qui sont réellement capables de “survivre aux crises”…

Cet article vous a plu? Partagez-le!

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Allo C'Est Fini 6794 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte