À pas de charge, le gouvernement multiplie les sessions parlementaires et, avec le soutien de sa majorité, fait voter de multiples lois dont le trait commun est la remise en cause de ce qui fait l’originalité de notre pays.
Le visage de la France qui se dessine avec les lois que le gouvernement et le président de la République font voter est de plus en plus dur au monde du travail. Après les années précédentes ouvertes, en tout début de mandat, par le trop fameux « bouclier fiscal », les différents textes adoptés en 2009 témoignent de cette volonté de la droite de remettre en cause les acquis sociaux et de casser les outils de solidarité que sont les services publics, quatre lois, parmi d’autres, votées par le Parlement : la réforme de l’hôpital, l’instauration du travail du dimanche en août, la mobilité des fonctionnaires et l’ouverture du capital de La Poste. Pour le gouvernement, le problème de l’hôpital n’est pas un problème de « manque de moyens » mais « d’organisation ». En conséquence, il faut, selon lui, gérer l’hôpital comme « une entreprise » en privilégiant les secteurs rentables qui pourraient même passer aux secteurs privés. Résultat, des objectifs qui n’ont rien à voir avec les intérêts des malades et des personnels, comme l’obligation de réaliser 4 milliards d’euros d’économies par an, la suppression de 20 000 emplois d’ici à 2012 et de 300 à 400 établissements de santé supprimés. Comme le disent tous les professionnels, comme nombre de ses grands professeurs de médecine qui en cette fin d’année s’apprêtent à démissionner de leurs responsabilités administratives, cette marchandisation de la santé n’est pas concevable.
HARO SUR LES SERVICES PUBLICS
Travailler plus pour gagner plus ! Cela fait maintenant un bout de temps que ce slogan a fait long feu surtout quand cela s’accompagne d’une remise en cause de leurs droits. Ainsi la loi autorisant le travail du dimanche permet dans toutes les zones qui sont ou seront demain déclarées touristiques aux patrons d’ouvrir le dimanche et de faire travailler ses salariés sans doublement du salaire ni repos compensateur. Si la loi prévoit une négociation, elle ne donne aucune obligation de résultat. Le dimanche devenant un jour comme un autre, d’autres secteurs que le commerce pourraient demain être touchés. Nicolas Sarkozy a beau les louer dans ses discours officiels en ces temps de crise, la réalité de sa politique, c’est de les remettre en cause. Chacun a en mémoire son objectif de supprimer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. La loi relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique n’est aux yeux de l’ensemble des syndicats unanimes sur ce point qu’un « alibi » pour favoriser et les licenciements et la précarisation de l’emploi dans la fonction publique.
REDESSINER LE VISAGE DE LA FRANCE
Le vote en fin d’année de la loi ouvrant le capital de La Poste va conduire à sa privatisation. C’est la conviction des 2,3 millions de Français qui, le 3 octobre, votaient, exigeant un référendum. La majorité est restée sourde, arguant du fait que la loi conduisait à « l’imprivatisabilité » de La Poste. Et pourtant, les exemples de France Télécom, de Gaz de France prouvent le contraire. L’ouverture du capital conduit toujours à la remise en cause des missions de services publics – pour le cas de La Poste, sa présence sur tout le territoire, l’égalité de traitement du courrier, la mobilisation des fonds de la Banque postale pour le logement… ainsi que des statuts des personnels. Quatre exemples qui témoignent de l’objectif du pouvoir de redessiner le visage de la France pour l’adapter à la mondialisation libérale.
Journal l’Humanité : MAX STAAT