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La polémique autour de la double casquette d’Eric Woerth n’est pas close

Publié le 04 janvier 2010 par Hmoreigne

Jeux de ping pong hier sur Europe 1. Claude Bartolone a réitéré  les demandes d’éclaircissement du PS sur la supposée confusion des genres entre les doubles fonctions de trésorier de l’UMP et de ministre du Budget. “Il n’y a pas de confusion possible.” “Avoir ce type d’insinuations profondément injurieuses à mon égard, c’est au fond considérer que la France est une République bananière” a réagi Eric Woerth sur la même radio. Derrière Eric Woerth les socialistes visent clairement la politique fiscale de Nicolas Sarkozy.

L’homme par qui la polémique est arrivée est en l’espèce Christian Eckert. Début décembre lors d’une séance de question au gouvernement, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle interpelle (cf vidéo) le ministre du budget : “Monsieur le ministre des comptes publics, vous êtes censé combattre l’évasion et la fraude fiscale. Est-ce compatible avec votre fonction d’animateur du club des financeurs de l’UMP ? N’y a t-il pas là, sinon conflit d’intérêts, pour le moins confusion des genres ?” La réponse du ministre loin de calmer le jeu, l’avait enflammé : ” Vous confondez tout ! Il n’y a pas de problème entre ça, pas de confusion des genres. Je ne sais pas ce que vous essayez de démontrer avec votre question stupide.”

Stupide ? L’adjectif est un peu fort. On ne fera pas grief à Eric Woerth d’être complaisant avec les fraudeurs ou les évadés fiscaux, le ministre fait ce qu’il peut pour tenter de faire rentrer quelques piécettes dans les caisses de l’Etat. La vraie question est de savoir pourquoi celles-ci sont désespérément vides. A cet égard, il est difficile de nier que la politique fiscale de Nicolas Sarkozy est clairement marquée en faveur des classes possédantes.

Claude Bartolone porte donc le fer sur la plaie lorsqu’il décrit le ministre du budget comme le  “chargé du bouclier fiscal et d’un certain nombre d’aménagements de niches fiscales.” Les principaux bénéficiaires de ces dispositifs constituent naturellement en grande partie les principaux soutiens financiers de l’UMP. Leurs intérêts sont étroitement liés. Le 6 décembre dernier Nicolas Sarkozy et Eric Woerth les recevaient pour un cocktail de remerciement au Bristol . Des petites sauteries réitérées tous les six mois pour conserver et entretenir le lien avec des généreux donateurs qui versent entre 3.000 et 7.500 euros (le maximum légal) par an au parti présidentiel. Un lobbying à double sens où l’on s’assure de la défense de ses intérêts respectifs avec en tête, la perspective de 2012.

A la mi-décembre, sur le constat que la France “est le seul pays d’Europe où le ministre du Budget est en même temps officiellement collecteur de fonds pour le parti qui détient la majorité“, le groupe PS à l’Assemblée avait déjà annoncé le dépôt d’une proposition de loi sur ce cumul de fonctions.

Du côté de la majorité on rétorque en parlant de mauvais procès, affichant une attitude décomplexée sous prétexte de mettre fin à une hypocrisie passée. “Je ne confonds rien, je ne fais aucun chevauchement” se défend Eric Woerth qui estime que, “avoir ce type d’insinuations profondément injurieuses à mon égard, c’est au fond considérer que la France est une République bananière.”

Conséquence insoupçonnée du réchauffement climatique, de plus en plus nombreux sont ceux qui partagent le sentiment que nous assistons à une tropicalisation de la république. Un sentiment résumé par le député PS Eric Fréron dans les colonnes du site Le Post.fr : “Il est totalement anormal, anti-républicain et profondément injuste qu’Eric Woerth occupe ces deux fonctions. C’est très grave. Mais le pire, c’est que j’ai l’impression qu’au gouvernement, ils finissent par ne plus être outrés par cette confusion des rôles. D’une manière générale, c’est une façon de gouverner la République qui dérape de plus en plus…


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