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Le « passage à l’autonomie » canada dry

Publié le 03 janvier 2010 par Monthubert

Depuis plusieurs jours, les medias ont fortement relayé la communication de Pécresse sur le passage à l’autonomie de 33 universités, que la ministre présente comme la preuve que la loi LRU est appréciée quoi qu’en disent ses opposants. C’est oublier que ce fameux passage à l’autonomie est en fait un passage aux « compétences élargies », à savoir notamment la gestion complète du personnel.

Il faut démystifier cette opération. D’abord en rappelant que toutes les universités doivent passer aux compétences élargies d’ici deux ans. Cela relativise fortement le discours, car le seul choix qui est laissé aux universités est celui du moment où elles font la démarche.

Ensuite, en dévoilant les méthodes gouvernementales. Dès le début, le ministère a fait comprendre aux présidents d’universités que les derniers à passer aux compétences élargies auraient moins de moyens que les premiers pour le faire. Le chantage à la dotation financière est permanent. En effet, nous sommes passés ces dernières années à un changement majeur des modalités de financement universitaire. Auparavant, l’essentiel du financement était assuré par des dotations dépendant de facteurs structurels, comme le nombre d’étudiants, le type de filières, etc. Cela se passait à travers le fameux systèmes des normes San Remo, qui posaient de nombreux problèmes d’ailleurs. Aujourd’hui, de plus en plus de financements sont le fait d’appels d’offres, à coups de plan licence, de plan campus, etc. Et ces appels d’offres donnent au pouvoir central des moyens d’intervention beaucoup plus forts. L’omniprésence de la référence à l’autonomie est dans la droite ligne de l’art sarkozien de l’antiphrase : on parle d’autonomie pour mieux masquer la recentralisation qui s’opère dans les faits, c’est une autonomie dans l’apparence, pas dans les faits : une autonomie canada dry.
Dans ce contexte, les présidents d’universités ont peu de choix. Quand on leur promet des budgets en hausse s’ils passent aux compétences élargies, il leur est difficile de refuser, sachant qu’ils devront forcément le faire un ou deux ans plus tard.

Finalement, la vraie surprise c’est que 40% des universités aient choisi de retarder le passage aux compétences élargies. La seconde surprise, c’est celle qui attend les universités qui vont accepter des charges plus importantes, sans en avoir tous les moyens financiers. La gueule de bois du 1er de l’an ?

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