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L'Economie Sociale et Solidaire peut-elle changer notre futur ? (2)

Publié le 02 janvier 2010 par Alsagora @alsagora
L'Economie Sociale et Solidaire peut-elle changer notre futur ? (2)
Ce deuxième volet d’une série d’articles sur l’Economie Sociale et Solidaire s’appuyant sur les travaux du labo de l’ESS sera consacré aux questionnements «En quoi l’ESS constitue-telle une force économique et sociale » ? et « quels sont les défis internes et externes que l’ESS doit surmonter » ?
CE QUE L'ON PEUT RETENIR :
En raison de son périmètre et de son identité en mouvement, il n’est pas toujours possible d’obtenir des chiffres définitifs et exhaustifs sur l’ESS.
Cela n’enlève en rien son indéniable poids économique et social, que l’on peut appréhender par de multiples indicateurs pertinents :
  • On peut évaluer  le poids de l’ESS à  plus ou moins 200 000 entreprises, et environ 2 millions de salariés, soit près de 10 % de l’emploi en France (et 12 % de l’emploi privé). (Sources : Insee, Observatoire CN CRES, Recherches & Solidarités).
  • le nombre de salariés a progressé de 17 % entre 2000 et 2008, soit un gain considérable de 328.000 emplois,
  • la masse salariale distribuée a cru de 15 % sur la même période, pour atteindre 47 milliards d’euros en 2008,
  • l’ESS représente environ 6 à 7 % du PIB,
  • les institutions sans but lucratif (dont beaucoup évoluent dans l’ESS), dégagent une valeur ajoutée égale à 3 % du PIB français (Insee).
  • plus de 14 millions de français sont bénévoles actifs dans une ou plusieurs associations,
  • l’insertion par l’activité économique, secteur important de l’ESS, représente plusieurs milliers d’initiatives et d’entreprises et plusieurs centaines de milliers de salariés,
  • les organisations de l’ESS sont productrices de valeur ajoutée. Elles redistribuent la quasi-totalité de leur valeur ajoutée en direction des salariés et elles ne rémunèrent pas le capital,
  • une très large partie des organisations de l'ESS se contente d'être économiquement soutenable, sans chercher une rentabilité maximale,
  • le poids économique et social de l’ESS prend véritablement son sens, rapporté à son activité sur certaines filières et à son impact dans les territoires,
  • l’ ESS occupe une position très significative sur certains secteurs d’activité : 90 % des établissements pour personnes handicapées, 45 % des maisons de retraite, plus de 60 % des services à la personne,
  • l’ESS, dont une des vocations est de répondre à des besoins sociaux et sociétaux, mal satisfaits ou émergents, est très présente sur le champ des services. (Source : Le Labo de l’ESS)
L’ESS A DES DEFIS INTERNES ET EXTERNES  A SURMONTER :
DES DEFIS INTERNES A SURMONTER :

L’ESS comme toute force économique est confrontée à des faiblesses internes, des tensions liées à ses finalités spécifiques, à son fonctionnement, à son manque d’homogénéité et de capacité à s’affirmer  actuellement comme un modèle global :
  • il est plus difficile pour l’ESS d’attirer des capitaux lorsqu’on limite leur rentabilité ou de recruter sur des niveaux de qualification très pointus, si on limite les salaires,
  • l’ouverture des marchés est également moins aisée face à des groupes puissamment dotés financièrement,
  • la gouvernance démocratique, la participation effective des salariés, la prise en compte des préférences des usagers rendent la gestion de l’entreprise beaucoup plus exigeante,
  • l’ESS englobe une pluralité de notions (économie solidaire économie sociale, entreprise sociale, tiers secteur…) dans ses dimensions entrepreneuriale, organisationnelle, institutionnelle, politique et citoyenne, bénévole et volontaire… qui constituent sa richesse. Cette absence de concept unificateur peut être perçue comme un handicap pour changer le modèle mental et de représentation de l’économie et pour être visible notamment au niveau des institutions,
  • le sentiment d’appartenance à l’ESS est très différencié au sein des structures, les points de vues des dirigeants, des salariés, des consommateurs, des bénévoles encore mal connus nuisent à la constitution d’un mouvement social permettant de vraiment de changer d’échelle,
  • dans un contexte de crise et de mutation des politiques publiques, le renforcement de partenariats entre entreprises d l’ESS constitue un enjeu majeur pour l’avenir. Il permettra notamment de rompre l’isolement, favoriser la construction d’un sens partagé et d’une appartenance à un même modèle,
  • L’ESS doit également se montrer capable de nouer de nouvelles alliances avec les acteurs partageant sa volonté de changement social et économique (collectivités territoriales, syndicats, Pme socialement responsables, ONG, mouvements de consommateurs, mouvements altermondialistes…),
  • A l’échelle de l’Europe, l’absence d’un concept fédérateur et une inégale reconnaissance de l’ESS au sein des Etats membres constituent un réel handicap pour que l’ESS puisse exister politiquement sur la scène européenne.
DES DEFIS EXTERNES A SURMONTER :
  • L’ESS d’une façon générale est à contre courant d’une idéologie néo-libérale et consumériste fortement ancrée dans les médias,  portée par les élites et qui imprègne la société toute entière,
  • ceux qui détiennent les leviers politiques et financiers sont  généralement ceux qui favorisent également la promotion d’un modèle de consommation outrancier, dévastateur pour la planète… mais imité par les couches moyennes,
  • comment exiger un changement de comportement dans les modes de consommation de la part de la grande majorité quand les plus aisés consomment de façon ostentatoire et que l’Etat lui-même n’échappe pas à l’idéologie de la performance, au mépris des coûts sociaux et environnementaux,
  • les  productions  liées à l’explosion des  nouvelles technologies porteuses de mode consommation  de renouvellement outrancière, sic le marché du mobile par exemple),  affirment une forte volonté à se développer en utilisant une main œuvre externalisée et à très bas salaire,
  • ces difficultés liées à l’idéologie dominante freinent fortement l’essor de l’ESS?
  • L’ESS de part sa finalité sociale et environnementale fait appel à des sources de financement très différenciées (le marché pour les biens et services qui correspondent à une demande solvable, les soutiens publics pour les activités d’intérêt général qui n’ont pas de prix sur le marché, des concours bénévoles, de l’épargne solidaire …),
  • ce financement mixte n’est pas toujours bien appréhendé par les pouvoirs publics et privés. 
  • de plus l’ESS n’est pas à l’abri du marché où une concurrence exacerbée émerge toujours en période de crise,
  • la généralisation des appels d’offres comme mode de production du bien commun à moindre coût, étendu à nombre croissant de services d’intérêt général, risque de freiner fortement le concept de «valorisation de l’utilité sociale» porté par l’ESS,
  • au niveau Européen, la crise financière a entrainé une réorientation du modèle macro-économique de l’Europe, la tendance étant plutôt à une uniformisation du modèle économique qu’à une ouverture sur une économie plurielle (ESS, économie publique, entreprises sociétalement responsables),
  • sur le plan politique, les élections européennes de juin 2009 ont vu un renforcement de la droite européenne plutôt conservatrice.
Les défis internes et les défis externes sont l’expression de tensions au sein de l’Economie Sociale et Solidaire. La crise rend ces tensions plus douloureuses, mais elle constitue cependant un formidable levier d’incitation à les surmonter. C’est une chance à saisir pour l’Economie Sociale et Solidaire.
SOURCE : LE LABO DE L’ESS – 50 propositions pour changer de cap

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