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ton père il est pas vitrier

Publié le 07 janvier 2010 par Pjjp44
ton père il est pas vitrier
Lorsque  j'avais l'âge du bureau d'écolier à deux places et encriers incorporés, que le maitre remplissait précautionneusement avec sa grande bouteille en verre, si quelqu'un nous faisait de l'ombre- un grand ou un malapris- qui nous bouchait la vue- on lui disait alors, plus ou moins fort selon les circonstances: "Ben ton père il est pas vitrier". Pour ce qui me concernait, cette remarque me faisait toujours rigoler parce que justement, SI! mon père il était vitrier, Ah! Ah! Ah!.
Au cours d'une promenade, à la fin de l'année dernière- et oui, on peut déjà causer ainsi- arrivé au bout du bout du front de mer, comme on dit en nazairien dans le texte, j'ai sorti l'appareil photo qui m'accompagne souvent dans mes flâneries et au moment d'immortaliser ou presque et pour la 2024em fois -la plage, sa capitainerie du port, la cheminée de l'usine élévatoire et un tronçon de l'entrée ouest, j'ai aperçu un grand machin dégingandé  et dégarni qui occupait le premier plan et à ce moment là, pour qui, pourquoi...? j'ai pensé à la phrase en question de ma période blouse ( blues aussi  )  -ton père il est pas vitrier! et puis, alors que j'allais sortir ma tronçonneuse de poche et  à piles rechargeables (que j'emporte toujours également avec  moi ainsi que mon couteau et  ma b.*) pour faire voir à l'opportun de quel bois je me chauffe, y'a un vieux  goéland tout racorni qui m'est tombé dessus par derrière, mais en douceur quand même, et il  m'a pris sous son aile en me disant de sa voix si caractéristique de  vieux volatile baroudeur de l'estuaire: "dis donc, tu pourrais pas te pousser un peu, parce que tu gênes là" et à ce moment là, légèrement surpris quand-même, je me suis retourné et effectivement j'ai vu une quarantaine de touristes nippons affublés de gros zooms tout aussi japonais, qui tout sourire me faisaient un signe de la main en attendant tranquillement que je me pousse pour pouvoir eux aussi prendre en photo la grand plage et tous ses accessoires. Et là, je dois bien vous l'avouer, puisque l'on est entre-nous, le rouge m'est monté aux joues.Attention, je ne parle pas du  Saint-Emilon  bio en bag-in-box que mon copain Philippe amateur de grands crus bons pour la santé  me fournit régulièrement et qui  avec modération (et sa soeur)  agrémente mes repas quotidiens;  non, non, c'était mon soudain mal à l'aise et à l'ouest aussi qui me rendait tout chose. Et à ce moment-là, j'ai compris ce que voulait me dire l'oiseau philosophe, qui lui, entre temps et sans que je m'en rende compte, s'était déjà volatilisé, "Quand tu regardes devant toi et qu'il y a un truc qui te dérange , ben jette un oeil aussi  par derrière parce que ptêt que toi aussi tu occupes l'espace des autres..." et  à ce moment là  le grand tout maigre de devant, il s'est retourné , il m'a fait un clin d'oeil  et, me montrant la cheminée qui posait devant lui, il m'a dit ceci:  "tu vois l'autre là devant, ça fait des années que je le supporte, enfin au début parce que maintenant c'est comme une vieille branche de mes connaissances, et pourtant, tu sais,  il m'empêche de bien voir la Loire suivre son cours des marées, seulement si maintenant il disparaissait ben franchement il me manquerait, et puis, -et là il a eu un léger  rire de gorge- lui aussi, il fait un peu la tronche, parce que  depuis peu ils ont construit des immeubles juste devant et du coup son champ de vision n'est plus franchement le même, mais... c'est pas grave, il va s'y faire."
Quand à moi, ici et maintenant,  de toutes façons je sais bien que j'ai jamais été doué en photo, mais bon, personnellement maintenant sur celle-ci, je regarde à travers... Ben oui, mon père il était vitrier...
*bouteille d'eau

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