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L’UMP et les Créatures Du Passé

Publié le 08 janvier 2010 par H16

Ca y est ! L’UMP lance son réseau socialiste. Il était temps : la France en avait vraiment besoin. Dès aujourd’hui, vous aussi allez enfin pouvoir vous ruer sur le site des Créatures du Passé, qui, comme son nom l’indique, recueille les propositions les plus amusantes pour les prochains films nultes (cultes dans le nul). Enfin, je crois que c’est ça…

Mouais, non, à la réflexion, il ne s’agit pas d’un site comme l’excellentissime Nanarland.com et quelque part, je le regrette.

En effet, entre passer deux, puis trois, puis douze, puis cinquante minutes sur Nanarland (on y prend vite goût) et passer vingt, puis dix, puis quatre secondes sur le site de l’UMP, on fait vite son choix. Le frisson n’est décidément pas le même.

Sur le site nultophile, chaque article est une pépite qui se laisse déguster (celle-ci, par exemple, nous entretient de la Lambada, le film – oui, ça existe).

Sur le site narcogène, chaque article est un looooong moment de bâillements répétés, ou de petites contractions rectales réflexives à la perspective que la proposition évoquée soit effectivement mise en place. Et des propositions pourries, on en trouve un paquet, alors que pourtant, le site est tout neuf ! Or, quand il n’y a qu’une proposition pourrie, ça va. C’est quand il y en a beaucoup que ça crée des problèmes.

L’UMP et les Créatures Du Passé

Épluchons par exemple quelques projets en page de garde. On trouve ainsi :

  • faire venir le TGV en Auvergne
  • installer des panneaux solaires sur tous les nouveaux bâtiments publics
  • taxons carboniquement dans la joie

Rien qu’avec ces trois-là, il y aurait des tartines à écrire. Notons que pour en savoir plus, il faut absolument s’inscrire.

Je l’ai fait. C’est assez sale, je sais, mais je voulais en savoir plus.

A ce point du billet, je tiens tout de même à préciser que la réalisation du site, au contraire d’un certain Avenir qui laissait carrément à Désirer, est très soignée.

Les captchas (petits codes permettant de discriminer les actions d’un humain de celles d’un robot informatique) sont bien fichus, c’est propret, et l’ensemble des styles est lisible. C’est joliment web-deux-zéro, bien que probablement pas totalement W3C compliant (je n’ai pas vérifié, mais à vue de nez, …) et … je m’éloigne. La performance technique est tout à fait correcte, mais avec autant d’argent (du contribuable), c’eut été dommage de gâcher, hein, et en plus, c’est le contenu qui nous intéresse ici.

Fébrile, j’ai donc relevé mon petit mail d’activation, et hop, me voilà en ligne. On me demande, histoire de compléter mon profil, mes activités préférées (ceux qui me connaissent savent la passion que je voue à l’épépinage de groseilles) ce que j’aime (facile : le libéralisme et les galettes-saucisse), ce que je n’aime pas (les endives, les socialistes de gauche et les socialistes de droite), et me voilà en piste.

Je bondis ensuite sur la proposition « Faire venir le TGV en Auvergne », afin d’en mieux connaître tous les tenants et les aboutissants. Ils sont lapidairement résumés ainsi :

« Contribuer à désenclaver l’Auvergne en améliorant ses moyens de transports. Pour celà dotons là d’une ou plusieurs lignes TGV!« 

Les fautes diverses et le point d’exclamation frétillant sont d’origine. Notez, je ne critique pas ce point d’exclamation final qui jouxte (un peu trop) langoureusement l’acronyme TGV. Il en faut bien un, ici : il s’agit, tout de même, d’inciter les gens à relayer la proposition de faire plusieurs lignes TGV! Youpi !

Oui oui, plusieurs.

Car il en faudrait au moins … disons… douze (une par membre de ce groupe, par exemple) pour désenclaver Clermont et surtout y acheminer proprement la masse grouillante de millions de touristes qui s’y bouscule actuellement en voiture, en hélico et en avion.

Bon, je reconnais : c’est facile de se moquer d’une telle proposition. Plus subtile sera sans doute celle sur la Taxe Carbone. Je clickouille mollement (on n’est pas sur Nanarland, et ça se sent).

Les détails, pour cette proposition, sont donc les suivants :

La création d’une fiscalité écologique est un choix historique, conforme aux engagements pris dans la campagne présidentielle et dans le Grenelle de l’Environnement. Le principe de la taxe carbone est celui du pollueur-payeur qui doit inciter entreprises et ménages à adopter des pratiques de consommation et d’achat plus respectueuses de l’environnement, plus sobres en carbone et en énergie.

Ah là, j’avoue, j’ai pouffé comme à la lecture d’un notule de Nanarland.

Voilà donc un groupe de (27 à cette heure) personnes qui se réjouit de la mise en place d’une nouvelle taxe. Je pensais avoir visité un site politique, mais en réalité, il s’agit d’un lieu de rencontre pour sodomites et masochistes inavoués : ils aiment le désanussage fiscal et le font bruyamment savoir.

Ce qui est amusant, c’est le petit « tract » livré avec la proposition : il tente de démystifier la fameuse taxe par un ensemble de réponses en Vrai ou Faux. Moyennant quoi, le moutontribuable est rassuré : il ne se fera pas trop laminer les soupapes. Oui mais voilà, d’un côté, on fait comprendre que cette taxe, c’est du pain béni pour les ménages, que ça va littéralement glisser comme le petit Jésus en culotte de velours, et de l’autre, on dit clairement vouloir … « inciter (les) ménages à adopter des pratiques de consommations plus respectueuses de l’environnement« . Ce qui veut dire que – eh bien oui – à un moment où l’autre, le dit ménage va bien devoir se l’enfiler, la poignée de gravier.

Je n’évoquerai pas trop la troisième proposition, qui parle de mettre du photovoltaïque partout sur les édifices publics. Elle est parfaitement logique puisqu’il s’agit de cramer de la subvention de tous les côtés et que les panneaux solaires sont un des meilleurs moyens pour à la fois faire quelque chose qui se voit, qui est parfaitement inutile, contre-productif, avec une facture carbone rocambolesque et qui en plus rapporte des thunes à celui qui les poses sur le dos des autres contribuables.

Un vrai bon gros gâteau comme on les aime à l’UMP…

Bref.

L’UMP a créé un joli site, techniquement bien réalisé, qui va enfin permettre à tous les petits encartés UMP de se parler entre eux, sans être totalement à la merci de Facebook où, exposés à la vue de tous, on pouvait se fendre la pipe de leurs gesticulations ridicules dont la plupart consistent à justifier les pénibles vexations que Sarkozy, leur chef, nous et leur impose.

Pour le reste, c’est comme d’habitude. Rage taxatoire et idées déjà lues, déjà vues, déjà entendues, sous d’autres libellés, sur les autres sites socialistes, on ne trouve guère que des idées d’antan, du passé, remuées à la sauce « paillettes ».

J’ai vainement tenté de me désinscrire. Sur Facebook, au moins, c’est possible. Mais là, non. Finalement, c’est, encore une fois, comme entrer dans un gang mafieux : on peut hésiter avant, mais après être entré, impossible d’en ressortir.

Je crains pour ma vie, à présent…


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