Magazine Santé

Savoir - Savoir faire - Savoir être

Publié le 29 décembre 2009 par Melanieinfirmiere
(Voilà mon article paru dans la revue Echanges de l'AFIDTN N°88 - novembre 2009)   Pour comprendre le savoir, il faut en étudier son origine…Du latin sapere, le terme était utilisé pour dire de quelque chose qu'il possédait de la saveur. Au Moyen Age, la définition a muté pour prendre le sens qu'elle a aujourd'hui de savoir au sens cognitif, au sens d'être informé. Le savoir, ou plutôt les savoirs, pourraient être définis comme des théories, des connaissances que l'on inclus dans des ouvrages de références comme des dictionnaires, des protocoles ou des manuels. Il suppose une véritable volonté d'intégration cognitive et qualitative et une organisation de données théoriques par l'apprenant. Ceci étant, il est à préciser que chaque personne, de par son cursus et ses expériences, a une organisation et une élaboration de sont savoir très différente. C'est avec son savoir que l'individu va pouvoir. Et c'est par des mises en situations que l'on va être amené à évaluer ce savoir. C'est alors qu'intervient la mise en pratique des théories assimilées, sous le terme de savoir-faire.   Le savoir-faire est donc un ensemble de moyens pratiques qui permettent l'accomplissement de tâches. Il est beaucoup moins général que le savoir car dépendant d'un travail à accomplir. Par exemple, un soignant qui travaille depuis de nombreuses années dans un service de long séjour gériatrique aura certainement du mal à intégrer un service de chirurgie par manque de savoir faire. Il aura pourtant eu la connaissance théorique mais aura besoin d'un laps de temps pour intégrer les actes propres à la spécialité et mettre en pratique le savoir acquis. Ainsi, plus la personne réalise des actes en fonction des connaissances qu'elle a acquise et de l'expérience pratique, plus elle développe son savoir-faire en la matière. On pourrait penser que le savoir-faire puisse se passer de savoir. Certes, tout individu est capable d'apprendre une technique sans en avoir eu la théorie auparavant. Mais dans nos fonctions de soignants, il semble impossible de dissocier le savoir-faire du savoir tant ils sont complémentaires. Comment réaliser un acte sans en comprendre la portée, sans en évaluer les conséquences ? Une préparation théorique est, à mon avis, une base essentielle à l'expérimentation pratique et une ressource non négligeable à l'évaluation de cette dernière. La réflexion reste alors à l'origine de toute action entreprise et fait ainsi intervenir un certain degré de savoir-être.               Le savoir-être – ou savoir comportemental - pourrait se définir comme une capacité à produire des actions adaptées à des situations données. Dans ce concept, la nouvelle réforme des études infirmières tient toute son importance. En effet, la profession infirmière déclinée en compétences va permettre une réactualisation des apports théoriques, en corrélation avec la réalité du terrain en terme d'attentes professionnelles.   Selon KATZ, il existe trois « types de compétences : -         les compétences conceptuelles (analyser, comprendre, agir de manière systémique) -         les compétences techniques (méthodes, processus, procédures, techniques d'une spécialité) -         les compétences humaines (dans les relations intra et interpersonnelles) » Cette trilogie « s'avère pratique car elle recoupe un découpage plus classique qui décompose les compétences en savoir, savoir-faire et savoir-être. »   Cependant, malgré cette notion de compétence,  beaucoup tendent encore à penser que le savoir-être – ou savoir se comporter - est un savoir inné. Certes, il est un ressenti, une capacité de chacun à adapter son comportement à la situation. D'ailleurs, qui ne s'est pas entendu dire : « fais comme tu le sens ». Mais le Savoir-être découle aussi de l'application du savoir proprement dit et du savoir-faire lui incombant ainsi une nécessité d'apprentissage.   Il est important pour un soignant de comprendre que, pour pouvoir prendre soin des autres, il faut d'abord prendre soin de soi. Savoir-être est une compétence à travers laquelle il semble indispensable de savoir organiser sa pensée, canaliser ses émotions, respecter l'autre, faire preuve d'un esprit de coopération ou encore faire preuve d'auto critique et ce, afin de proposer des réponses et des actes adaptés à la personne soignée.   Mais, Jean-François Blin précise aussi que « chaque individu a des aspirations, des capacités de jugement qui lui sont propres […], qu'il doit s'impliquer dans son travail et en assumer les responsabilités […] » C'est ainsi qu'apparaît au milieu de nos savoirs la notion responsabilité. A ce sujet, ZARAFIAN dit en mots justes qu' « Assumer une responsabilité, c'est répondre de. C'est aller jusqu'au bout de sa prise d'initiative, c'est inscrire ce qu'on appelle dans les métiers, la conscience professionnelle. C'est une question pratique et non morale. C'est assumer la plénitude de son action face aux autres, mais aussi (et d'abord) face à soi-même. »   Au vu de ces différentes approches des savoirs, il apparaît que le soignant (ou futur soignant), pour être professionnel et reconnu en temps que tel, doit apprendre à se construire et à faire reconnaître sa capacité d'acteur à travers son savoir, son savoir-faire et son savoir-être. Tout au long de sa carrière, le professionnel de santé a tout intérêt à se remettre en question, à glaner les nouvelles informations et connaissances nécessaires à la remise à jour de ses savoirs.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Melanieinfirmiere 627 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine