J'avoue que le mot décryptage m'insupporte particulièrement. Il est apparu en 95 lorsque l'émission Arrêt sur images a été diffusée. Il s'est diffusé ensuite dans le reste de la presse, et on le trouve comme titre de rubrique du Monde, de Libé ou de Rue 89. C'est profondément crispant ! Même l'Oignon qui n'est pas suspect de boboïsme parisien se fend d'une cinquantaine de rubriques décryptage. Donc tout le monde journalistique décrypte, comme si on n'avait pas pu comprendre par soi-même ce qui était dit ou écrit. Il y aurait une volonté caché des autres journalistes et les vrais journalistes nous la diraient. On accumule alors les Vrai-Faux, Intox-Désintox auxquels il faut croire. Et on est priés de croire la vérité décryptée puisque l'on a levé le mystère.
Que l'on pense par soi-même et que l'on cherche les réponses sans les demander toutes faites, c'est une chose qui n'effleure pas l'esprit des responsables de cette titraille idiote. Décrypter est devenu le mot d'ordre même si les réponses sont fausses en définitive. On fait croire qu'il y aurait une vérité secrète que seul le journal pourrait révéler et que le lecteur n'aurait jamais pu comprendre sans lui. On décrypte et on encrypte aussi pour faire valoir le statut du média.