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Quelques souvenirs de Philippe Séguin

Publié le 08 janvier 2010 par Soseki

Comme JP et comme Mesina, j’ai une certaine admiration pour Philippe Séguin étayée par quelques souvenirs personnels . Tous trois UDF et centristes européens, rien ne nous prédisposait à admirer ce gaulliste anti-maastrichtien et jacobin. Et pourtant …
Ma première rencontre avec ce grand serviteur de l’Etat relève du comique à la Audiard…
J’étais alors membre des jeunes radicaux et le Président du Parti radical , André Rossinot, avait invité en 1987, à l’Université de Printemps de ce parti, Séguin le ministre des Affaires Sociales , son collègue au Gouvernement sous la première cohabitation. Entre deux sessions, Philippe Séguin quitte l’estrade pour se rendre aux… toilettes de ce grand hôtel de Chamonix. J’y étais moi-même depuis quelques instants ! Philippe Séguin s’avance vers un objet en émail blanc que Marcel Duchamp a élevé au statut d’œuvre d’art et d’icône dadaïste…J’assiste à la scène. Il est manifestement suivi par un militant qui veut profiter de ce moment hors programme officiel où  le ministre est sans garde du corps ,pour l’entretenir d’une intervention personnelle…
Le militant tente de lui parler alors que Séguin a autre chose à faire … Il commence à évoquer la requête qu’il a adressée au ministère, un courrier ou un appel téléphonique restés sans réponse et l’apostrophe : « il faut dire qu’il est très difficile d’entrer en contact avec vous » et Séguin de répondre avec son plus large sourire « oui c’est exact , surtout ici et en ce moment ! » . Je me suis demandé après comment ce serait passée la même scène avec le Ministre de l’Economie et des Finances de ce même gouvernement…

La deuxième rencontre sera beaucoup plus politique et sérieuse. Elle se déroule pendant la campagne municipale parisienne de mars 2001. Pour ceux qui s’en souviennent , après un premier tour de piste, Philippe Douste Blazy , numéro 2 de l’UDF renonce, un an avant le scrutin, à monter des listes car il n’a pas reçu la certitude d’un soutien conjoint de Chirac, Balladur et Tibéri… pour une liste d’union RPR / UDF qu’il mènerait. Il se murmure depuis que Jean-Louis Borloo, alors proche de François Bayrou, pourrait si il est soutenu par l’UDF se présenter au nom de celle-ci face à la liste RPR qui pourrait être menée par Philippe Séguin…
Entre temps la plupart des responsables de l’UDF Paris ont déjà noué des contacts avec Séguin qui est donné gagnant par les sondages .  En particulier Jean-Dominique Guliani, figure influente du centrisme parisien ancien Directeur du cabinet de René Monory au Sénat, qui a publié dans le Figaro une tribune sans équivoque sur le soutien nécessaire au candidat Séguin. La candidature Borloo devient donc vite caduque … On peut rétroactivement se demander si une candidature UDF Borloo aurait pu faire la différence avec Séguin , marcher sur les plate bandes de la gauche et des écolos et triompher de Bertrand Delanoë . C’est possible mais pas certain car Jean  Tibéri aurait de toute façon fait des listes…
Et c’est ainsi que je me retrouve avec les amis cités plus haut dans la campagne parisienne de Philippe Séguin qui a associé l’UDF en qui au demeurant il a alors une confiance peut être plus grande que certains responsables parisiens du RPR ou du RPF . Le RPF est le Parti récemment  créé par Charles Pasqua qui a fait un malheur aux européennes de 1999 battant la liste RPR-DL …
Nous n’avons pu qu’admirer alors le courage de Philippe Séguin, sa volonté de mettre fin au système en place à bout de souffle et de rénover les institutions parisiennes . Son écoute face à nos demandes, sa popularité dans les quartiers populaires métissés mais ou trop peu de visage souriants se traduiraient en vote… Sa meutrissure face aux coups bas de son parti et aux refus de soutien des hautes personnalités qui aujourd’hui lui rendent un hommage trop appuyé …
Longtemps il a attendu le signal d’en haut que cesse la dissidence suicidaire menée par le Maire de Paris sortant avec le soutien de quelques affidés venus d’ailleurs pour certains de l’ex UDF ou qu’une discipline républicaine prévale pour le deuxième tour. Majoritaire en voix l’ensemble des listes  Séguin et « Tibéri-Dominati-Pasqua »  furent laminées en siège. En se maintenant côute que coûte au deuxième tour les listes Tibéri ont qui plus est  fait perdre de précieux sièges à l’alliance RPR-UDF ainsi dans  le 11ème ou il n’obtinrent qu’un modeste siège de conseiller d’arrondissement et donnèrent à la liste Delanoe 10 sièges de conseillers de paris sur 11 !  . On a dit que Philippe Séguin avait fait une mauvaise campagne , il fit plutôt une campagne trop ambitieuse et orgueilleuse , comme sa volonté de ferrailler dans le XVIII ère arrondissement, celui de Delanoë, en place secondaire avant de se raviser puis d’être tête de liste . Battu Philippe Séguin resta au Conseil de Paris une année avant de démissionner car désavouant la création de l’UMP…

Je garde le souvenir attachant de ce personnage et de notre campagne de Don Quichotte, d’un dîner avec notre liste à Belleville, d’ un échange de correspondance chaleureux après une première visite de terrain, d’un whisky qu’il m’avait offert à son QG mais que j’avais décliné vu l’heure encore matinale, et la dédicace de son livre récit sur cette campagne passée qu’il me fit, à ma demande, pour mon ami Mario Stasi, l’un de ses mousquetaires dans le centre de Paris pour cette campagne mémorable.


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