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Palestine Vivra !

Publié le 09 janvier 2010 par Robocup555
300 Français montrent la voie lors de la Marche pour la liberté de Gaza
Les héros français de la Marche pour la Liberté à Gaza

(Dissident Voice)

arton9769-8c3ef.jpgNote de la traductrice : Arrêtons de nous lamenter, de nous fustiger, d’avoir "honte d’être Français", et de rester à genoux. Rassemblons-nous. Lors du rassemblement pour la liberté de Gaza, au Caire, la délégation française a brillé par son esprit d’initiative, son courage et sa détermination.

Si, si. Ce n’est pas ironique et ce n’est pas moi qui le dis : c’est Emily Ratner, dans un billet paru dans Dissident Voice , le 6 janvier 2010, "Palestine Vivra ! The French Heroes of the Gaza Freedom March"

Un grand nombre de héros sont nés lors des manifestations de la Marche pour la liberté de Gaza au Caire, où plus de 1400 manifestants internationaux venus de 43 pays différents se sont retrouvés pour exiger la fin du siège de Gaza par Israël. La délégation sud-africaine nous a tous inspirés en facilitant la rédaction de la Déclaration du Caire pour demander que soit mis un terme à l’apartheid israélien, un document qui réaffirme notre "engagement dans la lutte pour la libération de la Palestine et l’auto-détermination" et propose un plan concret. Des petits groupes de militants ont accroché le drapeau palestinien depuis le sommet de la Tour du Caire et sur une des pyramides.

De nombreux délégués ont refusé les 200 places qui avaient été proposées sur deux cars à destination de Gaza qui réduisait notre rassemblement historique ici à un nouveau voyage humanitaire symbolique. Nous allons quitter le Caire avec bien plus d’espoir, de sagesse, et de force que nous n’en avions en arrivant.

Parmi tous les épisodes dont j’ai été témoin au cours des journées que nous avons passées en Egypte, l’action de la délégation française restera un phare dans le ciel assombri au-dessus du Sinaï qui nous sépare de Gaza. Nous revenons sans cesse sur ces actions, pour les graver dans nos mémoires comme étant le signe de tout ce qu’on peut accomplir quand on est ensemble et solidaires. Cordonnée par Euro-Palestine, la délégation française compte plus de 300 membres.

Venus des quatre coins de la France, ils se préparent à la Marche depuis des mois. Euro Palestine et les autres organisations ont tenu des meetings locaux toutes les semaines pour s’assurer que les délégués auraient tout le temps nécessaire pour discuter des projets pour le voyage pour Gaza, de comment acheminer leur aide humanitaire jusqu’au Caire et parler de ce que ferait le groupe si on leur refusait de passer la frontière à Rafah. Certains de ses membres m’ont raconté que, parmi toutes les stratégies qu’ils avaient élaborées, aucune n’envisageait la possibilité qu’on les empêcherait de quitter le Caire.

Tandis que nous autres avions tous prévu de nous retrouver devant les bus à destination de la frontière le 28 janvier, les Français, eux, étaient arrivés la veille, leur car étant attendu aux environs de 19h. Ils s’étaient rassemblés sur le trottoir de la rue très fréquentée de Giza (Gizeh)/Charles de Gaulle Street, trainant derrière eux leurs sacs et leurs tentes, mais les cars ne sont jamais arrivés. Soudain, un des organisateurs a lancé : "On y va !". Et, prenant par la main une femme près de lui, il s’est dirigé tout droit, au milieu du flot de circulation de Giza St. Sans même réfléchir, les centaines de délégués se sont précipités sur la chaussée, suivis par des chats et des chiens égyptiens, entraînés par cet enthousiasme.

Hamid Rabhi, un militant français marocain, un musulman de Beaune se rappelle ces instants, les yeux brillants : "Et c’est là que j’ai compris que c’était le début de l’aventure", dit-il.

La circulation dans Giza Street était purement abominable, mais les Français refusaient de partir, bloquant le trafic pendant une heure. Finalement, la police réussissait à les convaincre de retourner sur le trottoir, en promettant que leurs cars arriveraient bientôt si le groupe laissait avancer le flot de circulation. Les Français sont retournés sur le trottoir et se sont mis à sortir leurs tentes et leurs sacs de couchage, installant un campement que nous allions par la suite appeler ’la Bande de Giza".

Trois rangées de policiers égyptiens surveillaient le camp étroit des 300, et plus de 40 camions militaires étaient garés dans la rue, attendant probablement de ramener les policiers, ou peut-être pour arrêter les manifestants et les renvoyer en France. "Cette première nuit, c’était la pire", dit Hamid, "nous n’avions pas le droit de circuler à notre guise. Je pense qu’ils nous testaient pour savoir si nous étions déterminés".

Dans les jours qui ont suivi, les Français ont montré qu’ils étaient déterminés.

Alors que les négociations entre les membres de la Marche pour Gaza et le ministère des affaires étrangères égyptien se détérioraient de plus en plus, un nombre croissant d’entre nous considérions les Français comme la merveilleuse représentation de ce que pouvait être notre mouvement. La délégation française prenait toutes les décisions à la suite d’un accord général et à une vitesse remarquable, en étant assez souple pour rester à l’écoute, toutefois, d’autres points de vue venant de groupes moins importants, et pour se lancer dans des actions de moindre importance, tout en ne perdant pas de vue la vision d’ensemble : en entendant que nos militants avaient hissé promptement un énorme drapeau sur une des pyramides, un groupe d’environ 25 Français lançaient leur propre action devant cette pyramide, organisant, cette fois-ci, un spectacle de rue pour les passants :

Par une belle après-midi fraîche sur le site le plus touristique d’Egypte, une vingtaine de "touristes" français entourait la pyramide qui ne s’y attendait pas, dansant et sautillant en direction de leur cible. Et alors, catastrophe ! Une femme française d’un certain âge s’effondrait sur le sable de Giza. Alors que la police égyptienne se précipitait pour lui porter secours, la pyramide était devenue une scène de théâtre où huit militants grimpaient à toute vitesse vers les quatre têtes, convergeant sur un des côtés pour étaler un immense drapeau palestinien, qu’ils déployaient fièrement sous les applaudissements de centaines de témoins. Au bout d’un bon quart d’heure, la police avait fini par remarquer la cause de ces applaudissements et escaladait promptement la pyramide, se rendant ainsi complice d’avoir foulé illégalement une des septièmes Merveilles du Monde. Nos héros français, qui savaient qu’ils ne pouvaient pas rester sur place bien longtemps, roulaient alors le drapeau en boule et le lançaient en l’air, suivant le drapeau jusqu’à son point d’atterrissage, plongeaient sur le sable où ils se sont pris par la main pour s’asseoir en cercle sur le drapeau, déterminés à ramener le rouge, le blanc, le noir et le vert jusqu’à leur camp devant l’ambassade de France.

Quand ils sont revenus effectivement à la "Bande de Giza", pas un seul n’avait été arrêté et le drapeau était revenu avec eux également. Quelques heures plus tard, une vidéo de toute cette action était postée sur leur site, europalestine.com, qui avait été constamment attaqué par des hackers pro-israéliens (autre signe de l’importance du travail de la délégation française !).

Le lendemain, les membres de la délégation distribuaient des posters et des cartes postales représentant la photo de leurs camarades sur la pyramide, avec le drapeau palestinien entre eux, avec la légende : “Gaza Freedom March in Cairo” à la fois en anglais et en arabe. Cette même image a depuis été publiée à la une des journaux en Egypte, au Koweït, au Yémen, et dans tout le monde arabe.

Les Français ont apporté une touche de légèreté et d’humour bien nécessaire à la situation difficile que nous vivions au Caire. Leur créativité était infinie : quand les campeurs non français s’étaient vu refuser les toilettes de l’ambassade, les Français se sont mis à scander : "des toilettes pour tout le monde !".

Nos amis français se sont avérés être également parmi les plus courageux : alors que des dizaines de militants volaient au secours de manifestants qui se faisaient matraquer et traîner par la police égyptienne pendant notre manifestation du 31, les Français, et plus particulièrement les Français musulmans, étaient parmi ceux qui étaient en première ligne pour contrer les violences policières. Ces mêmes musulmans nous rappelaient à tous l’honneur et la beauté de cette lutte quand, à midi, ils s’étaient agenouillés pour prier face à des rangées de CRS au cours de cette même manifestation.

Le lendemain, des centaines de militants suivaient les traces des Français quand leur délégation appelait à une manifestation devant l’ambassade d’Israël, demandant que nous n’oubliions pas le gouvernement qui détient réellement le pouvoir sur le peuple de Palestine.

Nous étions tous tristes quand les Français ont défait leur camp, le 1 janvier. Leur campement était devenu un lieu de réconfort extraordinaire pour tous les autres participants à la marche malgré le fait que des centaines de CRS n’aient jamais quitté les abords de la Bande de Giza. Beaucoup d’entre nous allions les retrouver la nuit pour ressentir ce sentiment de solidarité remarquable qui se propageait sur le trottoir le plus célèbre du monde.

Et alors que plus de 200 délégués français repartaient pour Paris le 2 janvier, ils quittaient le Caire avec une dernière mission à accomplir avant de retourner chez eux. En arrivant à Roissy, où il était accueilli sous les acclamations de dizaines de supporters, le groupe s’est aussitôt rendu à l’ambassade d’Israël, avec tous les bagages, pour y organiser une nouvelle manifestation. Ambassades d’Israël, prenez garde : tôt ou tard, nous retourneront tous dans nos villes et nous n’avons pas oublié notre mission d’y poursuivre la lutte !

Alors que nous nous organisions pour nous rendre à Rafah par petits groupes, les Français restaient notre inspiration, même si leur groupe en Egypte était maintenant réduit.

Le 2 janvier, un groupe d’environ 15 Français montait dans un bus à destination de Rafah, mais on nous faisait descendre du bus dès le premier checkpoint. Ils se sont assis en cercle devant le bus jusqu’à ce qu’un garde du checkpoint monte dans le bus pour expliquer aux passagers qu’ils avaient fait descendre ces internationaux parce qu’ils voulaient se rendre à Gaza. La population égyptienne se souviendra encore longtemps de cette Marche pour Gaza, et je suis sûre qu’elle n’oubliera pas les Français plus particulièrement.

Le 4 janvier nous avons dit au revoir au dernier contingent de Français, qui retournaient à Paris le lendemain. Parmi eux se trouvait un couple qui avait passé son voyage de noces sur la bande de Gaza, et plusieurs frères musulmans qui ont noué des liens forts avec des militants palestiniens et égyptiens du Caire. Ils ont tous promis de revenir au Caire le 31 décembre 2010 pour la seconde marche pour la liberté de Gaza.

Leur solidarité et leurs efforts sans relâche ont inspiré beaucoup de monde au Caire, à Gaza et dans le monde entier, et l’année prochaine, ils reviendront encore plus forts que quand ils ont commencé. Et, avant cela, les rues du Caire, de Gaza, de Paris et de toutes les villes du monde entier seront portées quotidiennement par le slogan qui sonne toujours à nos oreilles : Palestine Vivra !

Emily Ratner

ARTICLE ORIGINAL
http://dissidentvoice.org/2010/01/p...


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